Matthew et sa sœur Marilla adoptent un enfant pour les aider aux travaux de la ferme. Or, au lieu du garçon attendu, une surprise les attend à la gare : une fille. Leur affection pour Anne la rouquine est telle qu’ils décident de la garder avec eux. Une fois installée aux Pignons verts, Anne se fait des amis, mais aussi quelques ennemis, dont Gilbert, avec qui elle développe une féroce compétition à l’école. Et même après qu’il l’ait sauvée, lorsque la barque des Barry a pris l’eau, Anne, qui ne craint pas les opinions, refuse l’amitié du jeune homme. La flamboyance de la jeune orpheline change les perceptions et jette une lumière sur la peur de l’inconnu et du jugement. Ode poétique à la tolérance, Anne est une célébration de la jeunesse, une rêverie sur l’urgence de toujours réenchanter le monde malgré les épreuves.
Le Théâtre Advienne que pourra, après plusieurs succès dont Sherlock Holmes et le chien des Baskerville, D’Artagnan et les trois mousquetaires et Le Tour du monde en 80 jours, poursuit avec Anne sa joyeuse et lumineuse épopée d’adaptations scéniques de textes classiques et toujours pertinents.
Conception Sarah Balleux, Francis Farley-Lemieux, Julien Laflamme, Sébastien Watty-Langlois
Crédit photo TDP
6 décembre 13h et 19h30, 7 et 14 décembre 10h
8-15 décembre 10h et 19h30, 9-16 décembre 20h30, 10-17 décembre 16h30
13 décembre 13h, 20 décembre 13h30, 21 décembre 10h30
Durée : 1h30
* Sera aussi proposé le 29 octobre 2016, 20h à la Maison de la culture Pointe-aux-Trembles
14001, rue Notre-Dame Est
514-872-2240
[site web]
Une production Advienne que pourra
Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974
Pour souligner son dixième anniversaire et après avoir donné la parole à plusieurs personnages masculins, le Théâtre Advienne que pourra a choisi de mettre en vedette une héroïne forte, déterminée et plutôt dissipée : Anne Shirley, de la maison aux Pignons verts.
Depuis sa création, sous la plume de l’auteure canadienne Lucy Maud Montgomery, la petite orpheline à la chevelure et au tempérament de feu est entrée dans le cœur de centaines de milliers d’enfants partout dans le monde. Et cette grande histoire d’amour n’est pas près de s’arrêter. Le metteur en scène Frédéric Bélanger, qui signe aussi la traduction et l’adaptation d’Anne… la maison aux pignons verts, expliquait d’ailleurs au soir de la première que le choix s’était imposé tant les aventures littéraires et télévisées d’Anne avaient marqué son enfance et celle de bien d’autres. Rien d’étonnant, donc, que les spectateurs aient le sourire fendu jusqu’aux oreilles dès l’apparition sur scène de la rouquine (exceptionnelle Paméla Dumont). C’est qu’une fois devenu l’ami d’Anne, on le reste pour toute la vie…
La production du Théâtre Advienne que pourra a bien saisi et mis en scène cet esprit de camaraderie qui baigne l’œuvre de Montgomery ainsi que toute la fougue de son personnage le plus célèbre. La pièce nous fait entrer de plain-pied dans l’univers de la fillette flamboyante, fait de drames (toujours grands et terriblement, délicieusement tragiques), d’histoires d’amour (toujours infiniment romantiques) et d’intenses moments de joie. Le grand cœur d’Anne et son caractère pétillant donnent le ton au spectacle.
Au milieu du village d’Avonlea, évoqué par la charpente en bois des maisons, Anne s’imagine (et nous avec elle) l’école, le sentier des amoureux, la forêt hantée, la maison de Diana… Tout Avonlea vit par le regard intense et passionné de la jeune orpheline, à laquelle son interprète, qui a décroché le rôle avant même la fin de ses études à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, insuffle une grande énergie, une imagination débridée et un orgueil aussi démesuré qu’irrésistible. Autour d’elle, Steve Gagnon, Katrine Duhaime, Maxime Desjardins, Shauna Bonaduce et Clara Prévost Dubé (en alternance) incarnent les camarades de classe d’Anne. Ceux-ci se glissent dans la peau des différents personnages du récit, enfilant tantôt la longue robe de l’irascible Rachel, tantôt la salopette du silencieux Matthew. Comme les enfants qu’ils sont, ils chahutent, protestent ou cabotinent, tandis qu’ils se remémorent l’arrivée d’Anne, ses premiers jours d’école et les autres événements marquants de sa vie à Avonlea. Au début, ils ne font d’ailleurs qu’un, leurs voix se mêlant en un effet choral avant que leur personnage et leur personnalité se précisent. La polyphonie, en duo, trio ou quatuor, finit néanmoins par lasser, voire nous agacer… au moment où, heureusement, chaque personnage gagne son caractère unique. Les comédiens peuvent alors davantage s’investir et développer la relation avec Anne. Le spectacle décolle pour de bon et les souvenirs affluent.
L’adaptation de Frédéric Bélanger garde intacts toute la verve et le sel des envolées lyriques ou tragiques d’Anne. On prend plaisir à revoir l’éternelle rivalité avec Gilbert, l’amitié profonde d’Anne pour Diana, et toutes les scènes mémorables de l’histoire : la fois où Gilbert l’appelle Poil de carotte, celle où Diana se soûle en buvant ce qu’elle croit être du sirop de groseille, celle où Anne se tord la cheville en tombant du toit de l’école…
Malgré son petit siècle, la rouquine héroïne des Pignons verts n’a rien perdu de sa pertinence (ou de son impertinence, selon les points de vue). La jeune fille s’interroge sur les différentes Anne qui cohabitent en elle, revendique son excentricité et son droit à l’émerveillement, ne se laisse impressionner ou marcher sur les pieds par personne. Elle incarne l’image d’une fille indépendante et sûre d’elle, un modèle qui fait bien plaisir à voir.
En ces temps de cynisme politique et de morosité sociale, il est bon de savoir qu’Anne est toujours là pour redonner au monde ses couleurs et sa fraîcheur, et la production du Théâtre Advienne que pourra, comme Anne, a tôt fait de nous aller droit au cœur.