Avec Philippe Boutin, Gabriel D'Almeida Freitas, Simon Landry-Désy et Christophe Payeur
Révolte face à une épidémique désillusion, Being Philippe Gold est un spectacle / conférence / événement qui se penche sur l’importance de devenir une version premium de soi-même. Poésie positive, fantaisie de liberté émancipatrice, l’auteur et metteur en scène Philippe Boutin invite à un stand-up motivateur d’éveil psychédélique où règne l’idée d’un monde meilleur dans chaque sourire lancé dans le vide.
Couronne Nord est une compagnie de production multidisciplinaire créée en 2012 par Julie Groleau, Patrice Laliberté et Guillaume Laurin. Ils ont notamment créé les films Viaduc, Intenselefun et Le cycle des moteurs et l’événement Détruire nous allons, présenté en ouverture du OFFTA 2013.
Assistance à la mise en scène Marie-Claude D'Orazio
Régie Stéphany Béliveau
Dramaturge-conseil Étienne Lepage
Conception Laurence Baz Morais, Jérémie Boucher, Leilah Dufour Forget, Ilyaa Ghafouri, Félix Gourd, Julie Groleau, Leticia Hamaoui, Milan Panet-Gigon et Noémie Sylvestre
Crédit photo TDP
Mercredis causerie après la représentation - 25 janvier, 1er et 8 février
Durée : 1h15
Une production Couronne Nord
Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974
Crédit photos : Danny Taillon
Après avoir convié le public sur un terrain de football en 2013 puis à L’Arsenal l’an dernier pour ses spectacles-événements Détruire, nous allons et Le vin herbé (réunissant entre 30 et 60 interprètes chacun!), le jeune créateur Philippe Boutin, qui se dit lui-même attiré par les extrêmes, se tourne cette fois vers l’intime.
Dans l’intimité de la salle Fred-Barry et dans celle créée par une petite distribution de trois comédiens, l’auteur et metteur en scène nous propose Being Philippe Gold. Production hybride entre conférence de croissance personnelle, seul en scène et laboratoire de création, la pièce nous ramène vers l’humain, « le clown primate ». Ici, on se demande comment un être peut devenir une meilleure version de lui-même, comment Philippe Boutin peut devenir un Philippe Gold. Une lecture qu’il est bon d’avoir en tête pour apprécier les accents baveux et les situations ubuesques. Il faut d’ailleurs bien s’accrocher pour ne pas perdre le fil de cet « hymne au délire » particulièrement éclaté.
Dans le carré de sable qui recouvre la scène, un monolithe blanc… et un gorille en culotte. Le rapprochement avec une scène mythique de L’Odyssée de l’espace saute aux yeux, mais la production de la compagnie Couronne Nord bascule rapidement dans un tout autre genre de délire. Pendant une heure et demie, Being Philippe Gold retrace très largement et sommairement l’évolution de l’Homme, du primate découvrant qu’il peut s’exprimer et faire rire par le mime, à l’homme prenant conscience du poids des mots, mais n’ayant aucune idée comment en user pour être pertinent. Mime, stand-up, talkshow, marionnette, jeux de mots et art clownesque, des gants blancs au nez rouge, la pièce bombarde le public d’images et de références plus souvent loufoques ou vulgaires que vraiment critiques, mais dans une esthétique iconoclaste dont on ne peut que saluer la maîtrise.
Le chaos contrôlé que Philippe Boutin déchaîne sur scène est des plus réjouissants. Les trois comédiens et collaborateurs à l’écriture Gabriel D’Almeida Freitas, Christophe Payeur et Simon Landry-Désy s’y dédient totalement, livrant une performance impressionnante de précision. Le ballet hypnotisant auquel ils se livrent est par ailleurs appuyé par des projections et une bande sonore à la hauteur de cette joyeuse satire.
Reconnaissons-le, les créations de Boutin ne ressemblent à rien de ce qui se fait actuellement sur la scène au Québec. Being Philippe Gold semble être son travail le plus personnel jusqu’ici, bien qu’il ne soit pas en scène, et, si la proposition cède un peu trop de cohérence à la folie ambiante pour être parfaitement percutante, le spectacle prouve une fois de plus que Philippe Boutin est un artiste à surveiller de très près.