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Du 6 au 24 septembre 2016, mardi au jeudi 19h30, vendredi 20h30, samedi 16h30
L'écolière de Tokyo
Texte Jean-Philippe Lehoux
Mise en scène Charles Dauphinais
Avec Daniel Gadouas, Michel Olivier Girard, Miro Lacasse et Jean-Philippe Perras

Sam est un jeune éduqué, financé par ses parents et perpétuellement en voyage. Grâce à l’application Le japonais pour les voyageurs libres et heureux, Sam voit sa visite au Japon structurée par ces leçons successives. Dans un resto miteux de Tokyo, il rencontre un autre Québécois, Claude, sexagénaire et analphabète, arrivé au Japon avec un seul objectif, s’y faire seppuku.

L’Écolière de Tokyo en dépeignant le sentiment d’exil, ce « lost in translation » qui nous assaille quand on voyage en solitaire, invente une rencontre improbable entre deux visions du monde qui ont pour vocabulaire commun la fuite, l’errance, la liberté et leurs origines. L’Écolière de Tokyo a remporté le Prix Gratien-Gélinas en 2013.

Le Théâtre Sans Domicile Fixe est une jeune compagnie de création québécoise qui s’est bien implantée grâce à des œuvres comme Tout ce qui n’est pas sec de Simon Lacroix et Sorel-Tracy d’Emmanuel Reichenbach. Jean-Philippe Lehoux, auteur de Napoléon voyage, Normal et Le chant du koï offre ici à Charles Dauphinais (Dénommé Gospodin) sa comédie la plus tragique.


Conception Julie Basse, Loïc Lacroix-Hoy, Cynthia St-Gelais et Hidetaka Yoneyama
Crédit photo TDP

Mercredis causerie après la représentation - 7-14-21 septembre

Durée : 1h30

Une production Théâtre Sans Domicile Fixe


Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974

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Critique

Après avoir fait sensation avec Comment je suis devenue touriste, Napoléon voyage et Normal, Jean-Philippe Lehoux continue son exploration du thème du voyage avec L’écolière de Tokyo. En 2013, ce texte avait d’ailleurs valu à l’auteur le prix Gratien-Gélinas pour la relève en écriture dramatique.


Crédit photo : Laurence Dauphinais

La pièce commence en force alors que le professeur de langue et narrateur, joué par Michel Olivier Girard, vante les mérites de l’application linguistico-touristique « Le japonais pour voyageurs libres et heureux – devenez fluide en 500 jours ». L’humour naïf et absurde qui marque les premières répliques rappelle tout de suite celui employé dans les spectacles précédents de Lehoux. On retrouve d’ailleurs plusieurs autres exemples de ces moments savoureux, comme l’interprétation japonaise de la chanson YMCA au karaoké par le professeur de langue, ou encore la manière particulière avec laquelle Monsieur Tanaka (magnifique Miro Lacasse) mange sa soupe.

Si Jean-Philippe Lehoux a l’habitude de mettre en place des situations dramatiques hilarantes, désinvoltes et ludiques (encore plus lorsqu’il joue ses propres personnages), il propose cette fois une trame narrative plus complexe, où le drame et l’humour coexistent parfois un peu mal. L’écolière de Tokyo raconte la rencontre improbable entre deux Québécois en voyage : Sam (Jean-Philippe Perras), un jeune homme dans la vingtaine à la recherche de relations amoureuses et de sensations fortes, et Claude (Daniel Gadouas), un sexagénaire qui, après avoir perdu son emploi dans le domaine de la technologie, vient au Japon pour mettre fin à ses jours en se faisant seppuku. Tous les deux vivent une sorte d’exil volontaire pour oublier leur vie ordinaire qui les pèse. Or, le jeu sur les incompréhensions culturelles devient vite lassant, les « leçons » qui ponctuent la pièce sont trop nombreuses et le noyau narratif se perd dans trop de considérations anecdotiques. La montée dramatique de la pièce est trop rapide et ne permet pas suffisamment aux spectateurs de s’attacher aux personnages et de comprendre ce qui les motive à vouloir poser des gestes aussi radicaux (le suicide pour Claude et un mode de vie destroy pour Samuel).


Crédit photo : Laurence Dauphinais

Toutefois, la scénographie conçue par Loïc Lacroix-Hoy est très efficace et permet aisément aux personnages de passer d’un lieu à un autre : restaurant, jardin nippon, love hotel, bar karaoké. La surabondance d’accessoires scintillants, colorés et dépareillés, rend bien compte du kitch tellement accueillant de la culture japonaise. Une immense banderole qui recouvre le haut du mur du fond de la scène présente une Japonaise à l’allure étonnée, dont les yeux sont remplacés par deux petites lumières qui s’allument à chaque fois que Samuel franchit un nouveau niveau de son application mobile. Dans une tout autre esthétique, le mur du temple auquel Claude veut aller se recueillir à la fin du spectacle arbore « La grande vague de Kanagawa », la plus célèbre estampe des 36 vues du mont Fuji de l’artiste japonais Katsushika Hokusai. Le contraste est délectable!

Même si L’écolière de Tokyo présente quelques maladresses du point de vue du texte et de la mise en scène, la soirée passe vite. Il s’agit d’un spectacle fidèle à l’univers attachant de Jean-Philippe Lehoux, toujours très drôle et divertissant.

08-09-2016