Un rêve, un éveil, une fête des sens, un hymne à l’amour naissant, la plus connue des comédies de Shakespeare fait se côtoyer le mystérieux, le merveilleux, l’attendrissant et le surnaturel. Jouée pour la première fois le 1er janvier 1604, Le Songe d’une nuit d’été raconte les mésaventures amoureuses de deux couples dont la vie devient illusion et théâtre, et ce par les tours que leur jouent des êtres féériques sous les ordres de Titania et Obéron.
La cité est en fête alors que Thésée, duc d’Athènes, va épouser Hippolyte, la reine des Amazones. Pourtant, le vieil Égée ne partage pas cette euphorie car sa fille Hermia, qui doit selon lui épouser Démétrius, se laisse courtiser par Lysandre. Héléna soupire, elle, pour Démétrius. Égée demande au duc de trancher en sa faveur, et celui-ci rappelle à Hermia que la loi exige qu’elle se soumette à la volonté de son père, sous peine d’être condamnée. Quand ils sont enfin seuls, Lysandre propose à Hermia un plan audacieux : s’échapper d’Athènes.
Le Songe d’une nuit d’été est un joyeux et inespéré terrain de jeu pour acteurs, metteurs en scène et spectateurs. De la nuit d’ampoules éternelles jusqu’à la forêt d’échelles où les dieux tombent du ciel, tous les refuges d’ombres et les interdits sont permis pour assouvir les passions de nos jeunes amoureux. Steve Gagnon et Frédéric Bélanger, dans leur adaptation charnelle, explorent la jeunesse rêveuse et l’exigence de ses aspirations.
Le Théâtre Advienne que pourra s’associe au Théâtre Denise-Pelletier pour présenter ce filmique, musical et allègre voyage du grand Will.
Texte Shakespeare
Adaptation Frédéric Bélanger et Steve Gagnon
Mise en scène Frédéric Bélanger
Avec Adrien Bletton, Dany Boudreault, Steve Gagnon, Karine Gonthier-Hyndman, Maude Guérin, Hubert Lemire, Jean-Philippe Perras, Étienne Pilon, Olivia Palacci et une autre comédienne
Crédits supplémentaires et autres informations
Conception vidéo Eliot Laprise
Scénographie Francis Farley-Lemieux
Costumes Sarah Balleux
Lumières Caroline Ross
Conception sonore Sébastien Watty Langlois
Durée 1h45 (sujet à changement)
Une coproduction Théâtre Denise-Pelletier et du Théâtre Advienne que pourra
Depuis sa création en 2005, le Théâtre Advienne que pourra (TAQP) a adapté une dizaine de grands classiques de la littérature et du théâtre, du chat botté à Sherlock Holmes en passant par Anne aux Pignons verts et D’Artagnan, en y apportant chaque fois sa couleur et sa patte heureuse. Son Songe d’une nuit d’été revisité ne fait pas exception et procure au public près de deux heures d’un songe espiègle, tantôt adorable ou sensuel, tantôt cruel et surtout débordant de l’énergie propre à la jeunesse.
Emportement amoureux, orgueil, passion éteinte qu’on souhaiterait ravivée, trahison, adoration, rejet et jalousie… la vaste thématique de l’amour, tel qu’abordé par la pièce quatre fois centenaire de Shakespeare n’ont rien de poussiéreux et la réécriture de Steve Gagnon et de Frédéric Bélanger la libère joyeusement de son écrin élisabéthain tout en conservant un rythme et une musicalité bien classique.
L’adaptation, qui transpose la forêt shakespearienne et les rondes de fées en jungle urbaine aux boîtes de nuit éclairées aux néons, n’en demeure pas moins fidèle à l’originale. La belle Hermia fuit toujours Démétrius, qui n’a d’yeux que pour elle alors que la pauvre Helena le poursuit vainement de ses ardeurs. Hermia n’a, elle, que Lysandre en tête. Autour de ce « carré amoureux », gravitent la reine Titania, ici vedette du show-business, sa cour de fées, devenues coiffeuses, habilleuses, maquilleuses, et, bien sûr, Obéron, en complet veston et nœud papillon, et son secrétaire admirateur Puck. Quant à Bottom et à sa troupe d’ouvriers, Gagnon et Bélanger les nomment ouvreurs et ouvreuses du théâtre et les convient à prendre part au grand spectacle, aux côtés de la vedette Maude Guérin. Le songe du TAQP s’amuse à brouiller la frontière entre réalité et fiction, dans un esprit malicieux qui fait beaucoup rire (l’ouvreuse et fée Olivia Palacci est particulièrement drôle). D’ailleurs, si on n’a qu’une chose à reprocher à la production, c’est que le cabotinage en arrière-scène déconcentre par moments du propos. Les confidences de Titania à ses fées s’en trouvent singulièrement amoindries.
La scénographie urbaine de Francis Farley-Lemieux offre un beau terrain de jeu aux acteurs qui, tantôt s’égarent dans la forêt de poutres métalliques, tantôt se perchent en hauteur, sur un grand panneau publicitaire (par ailleurs bien intégré au spectacle). Toute la distribution offre une solide performance, à commencer par le couple royal formé par Maude Guérin, qui donne beaucoup de sensibilité à sa vedette en déclin, et Étienne Pilon, dont l’Obéron est magnétique à souhait.
Dans le night life mis en scène par Bélanger, les drogues de Puck brassent les cartes des amours adolescentes, par nature inconstantes, mais ce sont les joutes verbales qui réjouissent le public. En Démétrius, Steve Gagnon sert parmi les traits les mieux aiguisés, et sans doute les plus méchants. Sa cible de prédilection, Helena (irrésistiblement attachante Karine Gonthier-Hyndman) se sert elle-même quelques piques à la fois drôles et douloureusement cruelles. La façon dont la jeune fille se rabaisse continuellement trouvera écho auprès du jeune public de Denise-Pelletier. De fait, le texte foisonne de sous-entendus et de jeux de mots, mais n’en néglige pas pour autant d’approfondir les personnages, d’exposer leurs motivations, leurs peurs et leurs désirs. Titania et Obéron deviennent ainsi plus humains que jamais, guidés par leur passion et leur jalousie.
Le songe d’une nuit d’été du Théâtre Advienne que pourra tisse adroitement le rêve et le réel, les entrelace pour mieux parler d’amour, du désir puissant d’aimer et d’être aimé en retour.
Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974