Lénaïque la Magnifique pleure tous les jours afin d’abreuver ses fruits-dragons. Un dimanche, au marché, elle tombe sous le charme de Brévalaire Spectaculaire. Rien ne sera plus comme avant au pays des je-me- souviens. Avant l’archipel bâtit et déconstruit avec minutie une précieuse mythologie, celle des premiers émois amoureux.
Le Théâtre la Catapulte (Ottawa) et le Théâtre français de Toronto s’allient à la jeune compagnie L’Irréductible petit peuple (Québec) pour nous offrir un conte entre comédie, chanson et improvisation. Ce spectacle est entre autres récipiendaire du prix Coup de foudre Réseau Ontario.
D'Emily Pearlman
Traduction Danielle Le Saux-Farmer
Mise en scène Joël Beddows
Avec Danielle Le Saux-Farmer et André Robillard
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance Guillaume Saindon
Régie Lindsay Tremblay
Conception Benoît Brunet-Poirier, Nick Di Gaetano, André Robillard, Katia Talbot
Durée à venir
horaire variable
Mercredi causerie après la représentation 12 décembre
Régulier *60 ans et + *30 ans et - **MHM |
44,00 $ 32,00 $ 30,00 $ 29,00 $ |
36,00 $ 32,00 $ 30,00 $ 26,00 $ |
* Pièce d'identité requise
** Pour les résidents de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Preuve de résidence requise.
Forfait Premier Regard
2 billets pour 1 même spectacle 36,00$
Disponible du mercredi au samedi de la première semaine de représentations.
Billets ni transférables ni remboursables. Le Scriptarium 2019 exclu.
Une production L’irréductible Petit Peuple en coproduction avec Le Théâtre La Catapulte et Le Théâtre français de Toronto
critique publiée en 2016 lors de la présentation de la pièce au Théâtre jeunesse Les Gros Becs, à Québec
Lénaïque la Magnifique, jeune femme solitaire, inspecte les flocons de neige et indique le sud aux oiseaux. Elle cultive aussi des fruits dragons : pour nourrir ses arbres fruitiers, elle pleure. Plus les larmes sont salées, plus les fruits sont gorgés de sucre. Et le dimanche, elle va les vendre au marché du continent. Mais attention, si vous êtes acheteurs, ne faites pas de pléonasmes, ils en sont allergiques et la crise peut être terrible. Un jour, elle y fait la rencontre de Brévalaire Spectaculaire, homme-enfant-troubadour qui la rend folle d’amour. C’est le bonheur ; durant la semaine, elle ne fait que compter les heures qui la séparent de lui, au détriment de ses arbres qui s’assèchent. Quand elle s’en rend compte, il est trop tard ; elle pleure tellement que sa péninsule devient une île, et Brévalaire, qui l’attend inlassablement au marché, finit par restituer tout l’amour qu’il avait pour elle pour cesser de souffrir et l’oublier.
Première production de la compagnie L’irréductible petit peuple, en collaboration avec la compagnie ottavienne L’Atelier, Avant l’archipel est une œuvre éclatée, plus près de la performance que du théâtre conventionnel. Les styles s’y mélangent allègrement : improvisations avec le public, conte, jeu théâtral, chansons… c’est un joli capharnaüm contrôlé. Le public tombe rapidement sous le charme de cette Lénaïque, joyeuse et allumée, et de Brévalaire, tricoteur de tuques truffées d’allégories, mystérieux et musicien, maniant bien le ukulélé. « Bienvenue chez moi! » clame d’emblée André Robillard, le comédien à l’énergie contagieuse et vivifiante qui dévoile peu à peu le récit de ces deux amoureux, amis des oiseaux et des constellations (avec un clin d'oeil à Bowie au passage) ; c’est bien à cet endroit que nous sommes, dans un chez-soi confortable, où le désir de se faire raconter une histoire est plus fort que tout.
Danielle Le Saux-Farmer, qui interprète Lénaïque, signe la traduction et l’adaptation du texte de la Canadienne Emily Pearlman, intitulé Countries Shaped Like Stars, qui a charmé tout le Canada depuis la création du spectacle au festival Fringe d’Ottawa en 2009. Elle a su s’approprier la poésie de Pearlman pour ainsi proposer un texte tout aussi profond et émouvant, que juvénile et ludique. Car, si la finale est tragique, Avant l’archipel est d’abord une ode à la rencontre, à l’amour et au bonheur partagé. Qu’il est amusant de voir toute la maladresse amoureuse entre les deux personnages, et d’entendre le public s’exprimer devant ces baisers qui ne viennent pas !
La mise en scène de Joël Beddows, étudiée, minutieuse, donne beaucoup de place aux comédiens, leur permettant de transformer la pièce en un vrai terrain de jeu. Judicieuse aussi l’idée de séparer le public en deux, qui se fait face de chaque côté de la minuscule scène centrale, l’un étant le miroir ou la complémentarité de l’autre. L’interaction avec le public brise le quatrième mur, et ce, avant même le début de la pièce. Durant la représentation, on demande des blagues, on joue au téléphone arabe, on passe même des plateaux de collation entre les rangées : l’attention des jeunes est toujours interpelée.
La musique, de Nicolas Di Gaetano et adaptée par André Robillard, occupe une place prépondérante dans le récit et dans le spectacle. Elle est le ciment entre les scènes, le lien indéfectible entre les deux personnages. Les airs sont empruntés autant à la musique traditionnelle que country, en passant par quelques airs populaires (l’une des chansons évoque même quelques accords d’une mélodie très connue de Noir Désir).
Avant l’archipel est un objet terriblement sympathique, qui rappelle vaguement dans sa forme le Midsummer de l’Écossais David Greig. Le seul bémol que l’on pourrait émettre au sujet du spectacle concernerait le public cible : alors que la poésie et l’histoire d’amour au centre du récit peuvent davantage parler aux adolescents, toutes les scènes en périphérie, qu’elles soient fantastiques ou ludiques, voire improvisées, semblent plutôt vouloir s’adresser à un public plus jeune.
Salle Fred-Barry, Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974
Dates antérieures (entre autres)
30-31 mars, 1er avril 2016 - Les Gros Becs (Québec)