Jeanne vandalise des pubs. Olivier rêve qu’on brûle sa génération comme une guimauve. L’état du monde pèse lourd sur eux. Mais voilà qu’une élection scolaire est organisée dans le cadre de la honteusement sous-financée « Semaine du futur ». Catalysés par l’espoir qu’ils pourront changer les choses, Jeanne et Olivier s’affrontent dans une campagne électorale pétrie de discours enflammés, de collusion, d’expéditions ninjas et d’ost*e de licornes.
Entre la résistance et la fatalité, et malgré les abus de pouvoir, l’optimisme et l’engagement citoyen peuvent-ils encore fleurir ?
Après Les Haut-Parleurs et Antioche, le Théâtre Bluff offre le troisième opus de sa résidence au Théâtre Denise-Pelletier et poursuit le dialogue intergénérationnel en plaçant David Paquet et Philippe Cyr, le duo de choc derrière Le brasier, aux commandes de cette farce politique hallucinée, radiographie de nos angoisses collectives.
Texte David Paquet
Mise en scène Philippe Cyr
Avec Nathalie Claude, Gaétan Nadeau, Élisabeth Smith et Gabriel Szabo
Crédits supplémentaires et autres informations
Direction de production Emanuelle Kirouac-Sanche
Direction technique Mélissa Perron
Assistance Vanessa Beaupré
Scénographie Odile Gamache
Costumes Étienne-René Contant
Éclairages Cédric Delorme-Bouchard
Conception sonore Christophe Lamarche
Codirection artistique Mario Borges et Joachim Tanguay
Durée à venir
Régulier *60 ans et + *30 ans et - **MHM |
44,00 $ 32,00 $ 30,00 $ 29,00 $ |
36,00 $ 32,00 $ 30,00 $ 26,00 $ |
* Pièce d'identité requise
** Pour les résidents de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Preuve de résidence requise.
Forfait Premier Regard
Ce forfait 2 pour 1, au tarif exceptionnel de 36 $ pour
deux billets d’un même spectacle présenté en soirée
à la Salle Fred-Barry, est disponible du mercredi au
samedi de la première semaine de représentations.
Une économie de 50 % sur le prix régulier à la carte.
Billets ni transférables ni remboursables. Le Scriptarium 2019 exclu.
NOUVEAU -
SORTIE ADULTE-ADO À LA SALLE FRED-BARRY
Pour une sortie en famille, certaines soirées sont réservées au même tarif que le forfait Premier Regard, soit 36 $ pour 2 billets.
Le poids des fourmis 29 et 30 novembre, 6 et 7 décembre.
Guide d’éducation sexuelle pour le nouveau millénaire 28 et 29 février, 6 et 7 mars.
Le Scriptarium 2020 30 avril, 1er mai, 7 et 8 mai.
Une production Théâtre Bluff
Mettant en scène des jeunes plus concernés que jamais par l'avenir de la planète, Le poids des fourmis, nouvelle création du Théâtre Bluff, ne pourrait être davantage dans l'air du temps.
À l'occasion de la « Semaine du futur » (les guillemets ont leur importance), la plus mal classée des écoles secondaires du Québec organise des élections scolaires auxquelles personne ne croit vraiment. Jeanne et Olivier, qui n'ont en commun qu'une même anxiété face à l'avenir du monde, se retrouvent engagés dans ces élections, plutôt malgré eux.
Dans l'univers déjanté imaginé par David Paquet, les personnages sont d'abord des caricatures d'eux-mêmes : le directeur détestable qui méprise son école autant que ses élèves, la Jeanne-d'Arc en rébellion qui a choisi la révolte pour faire bouger les choses (quitte à y mettre le feu), les professeures déconnectées, le nerd émerveillé par la beauté du monde pour ne pas voir qu'elle disparaît, la vendeuse alcoolique... Mais se dessinent rapidement des nuances et des motivations plus profondes qui, tout en peignant un tableau sombre de l'avenir, offrent un peu de lumière.
David Paquet offre plusieurs niveaux de lecture et la mise en scène de Philippe Cyr insuffle au texte juste ce qu'il faut de folie et de décalage pour mettre en lumière la critique sociale.
Au-delà du cynisme de Jeanne et de l'aveuglement volontaire d'Olivier, Le poids des fourmis trace le portrait d'une société qui, malgré ses défauts et les apparences, n'a pas totalement baissé les bras. La génération Z, la désabusée à qui on offre une Terre morte en héritage, nous force ici à regarder nos propres défaites avant de nous intimer de réagir. La fine écriture de David Paquet offre plusieurs niveaux de lecture et la mise en scène de Philippe Cyr insuffle au texte juste ce qu'il faut de folie et de décalage pour mettre en lumière la critique sociale. Le ton n'est par ailleurs pas sans rappeler le Cabaret Neiges Noires de la génération perdue, celle qui pour bien d'autres raisons ne se voyait aucun avenir, justement...
Sur scène, une piscine de balles noires engloutit les personnages à tour de rôle telle une marée noire épaisse, alors que se dresse au centre un îlot étroit de fausse normalité ensoleillée et insouciante où les adultes semblent se complaire dans leur confort béat. Nathalie Claude et Gaétan Nadeau interprètent tous les rôles d'adultes, Nadeau se révélant particulièrement drôle puis touchant en directeur cynique, qui, mine de rien, pousse ses élèves à faire entendre leur voix.
La jeune Jeanne, poing levé, refuse le compromis, la résignation, l'indifférence. La révolte gronde chez elle, et Élisabeth Smith parvient à lui donner corps avec une intransigeance qui sied parfaitement à l'adolescente. Gabriel Szabo, dans la peau d'Olivier, vole la vedette à quelques reprises, déclenchant les rires à tous coups avec sa bonhomie et son optimisme forcé. Bonne pâte, il se laisse entraîner dans toutes sortes d'histoires. Les deux comédiens incarnent les espoirs et accès de désespoir de la jeune génération, oscillant entre fatalisme et indignation.
La production du Théâtre Bluff, qui ne s'adresse certainement pas qu'aux adolescents, recèle un humour tranchant et distribue des claques bienvenues. C'est aussi, et malgré tous les signes d'une Terre en train de flamber, un appel à se rassembler, à préserver ce qui fait de ce monde un bien précieux, car comme le dira, de mémoire, un des personnages : « Il ne faut pas oublier de trouver la maison belle, sinon on ne voudra pas la sauver ».
Salle Fred-Barry, Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974