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Du 21 janvier au 8 février 2020, mardi au jeudi 19h30, vendredi 20h30, samedi 16h30

Deux choses. D’abord, il y a l’onde de choc des attentats, la marque laissée en nous par la terreur. Puis il y a le PANIC-CON, une foire populaire où cet état d’alerte constant fait naître des produits dérivés, des fan-clubs et des parades de jeux costumés
(dites cosplay).

Autour de six comédiens, Le sixième sens réunit des personnes souffrant d’un état de stress post-traumatique (ESPT) et propose un face-à-face entre ces humains fragilisés et l’univers parallèle des super-héros, ces personnages sans cesse sous l’emprise d’un danger imminent, créateurs d’une mythologie sensationnaliste. Qu’auront-ils donc en commun ?

Avec ses oeuvres multidisciplinaires et impressionnistes (La Maison, Album de finissants), Pirata Théâtre provoque des rencontres rares en conviant, dans son processus comme sur les planches, comédiens professionnels et interprètes « en périphérie de la majorité ordinaire ».

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Écriture de plateau, mise en scène et montage des textes Michelle Parent
Avec des personnes ayant un lien intime avec le stress post traumatique
De même que : Nathalie Claude, Mathieu Leroux, Xavier Malo, Joseph Martin, Véronique Pascal et Annie Valin

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Ils ont pour noms Catman, Bulletproof, Alarma, Le Disparu, L’Épargnée, Visions, Phénix ou autres pseudonymes colorés, et ils sont des superhéros au quotidien, des surhumains aux pouvoirs particuliers, mais qui se fondent dans la foule. Têtes d’affiche du premier Paniccon de Montréal, ils se confient à nous, spectateurs VIP, dévoilant peu à peu que la source de leurs capacités est l’hyper vigilance induite par un stress post-traumatique. On ne peut pas dire que Pirata Théâtre ait lésiné sur l’originalité du concept!

Rassemblant comédiens et non-acteurs ayant un lien intime avec le stress post-traumatique, le spectacle éclate sa forme pour mieux étudier la peur tapie en nous… au risque de se disperser en chemin. Entre les conférences, les démonstrations de talent, les quiz, les cosplays et les sessions photo, sans compter les (trop) nombreuses interruptions en voix hors champ (lorsque les superhéros quittent les coulisses, où nous nous trouvons, pour aller performer sur scène), le spectacle n’atteint jamais sa vitesse de croisière.

Rassemblant comédiens et non-acteurs ayant un lien intime avec le stress post-traumatique, le spectacle éclate sa forme pour mieux étudier la peur tapie en nous… au risque de se disperser en chemin.

Bâtie à partir des témoignages et expériences de 14 personnes ayant vécu des événements traumatiques, la nouvelle création de la compagnie qui nous a offert l’inspiré Album de finissants a en main un matériau de base puissant, capable d’ébranler notre insouciance apparente (car qui n’a pas désormais cette petite flamme d’inquiétude au milieu d’une foule?). On y touche presque lorsque l’un des superhéros nous énumère, hors scène, les lieux et bâtiments de la maquette de Paniccopolis : une plage un 1er janvier, une soirée électorale, des bars et des terrasses, un cinéma, des écoles, une salle de concert, une discothèque gaie, des tours… des endroits communs, familiers, où la terreur a pourtant frappé. Le pouvoir d’évocation de cette liste rend bien plus concrets les principes de survie du sixième sens – se battre, se sauver, se cacher – que le long quiz auquel se prêtent les invités vedettes du Paniccon.

Intéressante aussi cette séquence où les héros tentent de se rappeler le moment précis de l’éveil de ce sixième sens qui les a rendus extrêmement vigilants. La production peine toutefois à nous faire embarquer dans son concept très niché de convention de la peur : la multiplication des tableaux finit par lasser. Au fil des activités du Paniccon, les superhéros en viennent à se présenter deux ou trois fois de manières différentes alors que ce qui nous interpelle le plus dans leur présence sur scène est la façon dont la peur constante modifie leur rapport aux autres, leur perception de l’environnement, mais aussi, subrepticement, toute notre société. Après tout, il faut désormais envisager de possibles attaques terroristes au moment de concevoir de nouveaux espaces publics!

Le sixième sens semble un bon exemple de concept attrayant qui dessert le propos. Et c’est d’autant plus dommage quand la production peut compter sur une distribution au sein de laquelle même les non-acteurs trouvent tout naturellement leur place, et qui ne craint pas de faire voir une vulnérabilité à laquelle la nôtre fait écho.

24-01-2020

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