Dans un monde où la technologie s’assure que tout soit parfait, Bernard est convaincu qu’il ne l’est pas. Il se croit différent des autres, ce qui le fait énormément souffrir. Quand chez lui, au beau milieu de la nuit, surgissent Linda et son fils John, deux réfugiés venus d’en dehors des murs, sa vie se transforme. Ces nouveaux amis le rendent célèbre et, au contact de cette gloire, son mal s’éteint. Tous seraient-ils enfin heureux ? John, ce jeune homme qui a fait sa propre éducation en lisant l’œuvre complète de Shakespeare et le seul à ne pas avoir été créé en laboratoire, serait-il l’exception ? Est-il dangereux ? Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume du Bonheur ?
Aldous Huxley fait paraître en 1932 Le Meilleur des mondes, un des récits de science-fiction les plus célèbres, inventant une humanité qui érige le bonheur en droit universel. Ce bonheur est-il une coquille vide ? S’impose-t-il au détriment de l’art, de la pensée critique et de la famille ? L’être humain peut-il n’être que travail ? Si Huxley, il y a presque un siècle, s’attaque aux dictatures, on peut maintenant voir dans cette dystopie un monde anticipé qui, aussi fantaisiste puisse-t-il paraître, nous rappelle le nôtre.
L’auteur Guillaume Corbeil (Cinq visages pour Camille Brunelle, Tu iras la chercher, Unité modèle) et le metteur en scène Frédéric Blanchette (Tribus, Trahison, Consentement) rencontrent ici un classique de la littérature du XXe siècle pour le faire dialoguer avec notre époque et son horizon de promesses piégées.
De Guillaume Corbeil, d'après l'oeuvre d'Aldous Huxley
Mise en scène Frédéric Blanchette
Avec Ariane Castellanos, Benoît Drouin-Germain, Mohsen El Gharbi, Kathleen Fortin, Simon Lacroix et Macha Limonchik
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène et régie Andrée-Anne Garneau
Scénographie Pierre-Étienne Locas
Costumes Linda Brunelle
Éclairages André Rioux
Musique Ilyaa Ghafouri
Durée à venir
Rencontre avec les artistes après la représentation - 5 octobre
Régulier *60 ans et + *30 ans et - **MHM |
44,00 $ 32,00 $ 30,00 $ 29,00 $ |
36,00 $ 32,00 $ 30,00 $ 26,00 $ |
* Pièce d'identité requise
** Pour les résidents de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Preuve de résidence requise.
Forfait Premier Regard
Ce forfait 2 pour 1, au tarif exceptionnel de 36 $ pour
deux billets d’un même spectacle présenté en soirée
à la Salle Fred-Barry, est disponible du mercredi au
samedi de la première semaine de représentations.
Une économie de 50 % sur le prix régulier à la carte.
Billets ni transférables ni remboursables. Le Scriptarium 2019 exclu.
NOUVEAU -
SORTIE ADULTE-ADO À LA SALLE FRED-BARRY
Pour une sortie en famille, certaines soirées sont réservées au même tarif que le forfait Premier Regard, soit 36 $ pour 2 billets.
Le poids des fourmis 29 et 30 novembre, 6 et 7 décembre.
Guide d’éducation sexuelle pour le nouveau millénaire 28 et 29 février, 6 et 7 mars.
Le Scriptarium 2020 30 avril, 1er mai, 7 et 8 mai.
Une production Théâtre Denise-Pelletier
Poursuivant sur sa lancée, après avoir brillamment adapté pour la scène le toujours très actuel 1984, d’Orwell, c’est au chef-d’œuvre d’Aldous Huxley, Le meilleur des mondes, que l’auteur Guillaume Corbeil s’attaque ces jours-ci au Théâtre Denise-Pelletier.
Dans un monde où tout, depuis la création in vitro jusqu’à la mort, est réglé au quart de tour pour assurer l’apport de chaque individu, de chaque caste humaine, à la machine bien huilée du capitalisme de production, l’existence d’un rouage de cette belle machine, le très anxieux Bernard, est chamboulée par l’irruption dans son appartement d’une mère et de son fils, Linda et John, venus d’au-delà des murs…
Écrit en 1931, ce monument de la littérature d’anticipation fait plus que jamais écho à notre époque obnubilée par la performance et le divertissement. Certes, la technologie qui régit la dystopie imaginée par Huxley paraît aujourd’hui complètement décalée, mais elle est aussi férocement ancrée dans notre ère de surconsommation, de recherche de perfection et de productivité à tout va.
La mise en scène de Frédéric Blanchette, si elle frôle parfois la saturation, fait la lumière sur une dictature du bonheur effrayante et pourtant familière.
L’adaptation que signe Guillaume Corbeil s’éloigne de la simple transposition scénique – une tâche qui aurait été de toute façon monumentale et pas la meilleure façon de servir l’oeuvre – pour s’attacher aux enjeux importants soulevés par l’auteur. Corbeil en retient la critique d’une société tournée vers le produit (l’individu lui-même en est un), ainsi que la notion de conditionnement collectif et individuel, l’importance de l’image, la consommation de substances pour baigner dans une béatitude chimique exempte de tout doute et, bien sûr, le capitalisme poussé jusqu’à l’absurde. Entre matraquage publicitaire (véritables vers d’oreille), technologie clinquante, culte de la célébrité et isolement, Le meilleur des mondes aborde aussi une foule de thèmes bien d’aujourd’hui et qui toucheront directement les jeunes qui iront voir cette pièce, d’autant plus que la langue employée par Corbeil coule avec beaucoup de naturel.
La mise en scène de Frédéric Blanchette, si elle frôle parfois la saturation, fait la lumière sur une dictature du bonheur effrayante et pourtant familière. L’espace scénique, aux allures de magasin Apple, éclatant de vide et de blancheur, s’éclaire au fil de projections vitaminées qui suggèrent aussi bien les changements de lieu que l’omniprésence publicitaire. Costumes et gadgets aux allures futuristes (tels que pouvaient sans doute se les imaginer nos grands-parents) complètent le tableau. L’équipe de la production du TDP s’est visiblement beaucoup amusée à créer le monde parfait décrit par Huxley. Avec les nombreux apports sonores, avant même le début du spectacle, et une direction d’acteurs tirant parfois trop vers la comédie, la critique acerbe de l’auteur en perd par moments de sa virulence. Heureusement, les qualités de la production, de même que le talent de la distribution, menée tambour battant par un Simon Lacroix en grande forme, portent le spectacle au-delà de la surenchère humoristique.
En dernière partie, l’adaptation devient particulièrement percutante, et un brin déprimante, lorsque la tentative de révolution par le romantique John est rapidement récupérée puis absorbée par l’écrasante machine du bonheur. Est-il encore permis de croire à la liberté de pensée, d’être soi, avec tout ce que ça implique d’émotions positives ou négatives et d’imperfections?
Parmi les auteurs ayant marqué le parcours littéraire de Guillaume Corbeil, on retrouve aussi les Asimov, K. Dick et Atwood. Espérons que sa riche exploration théâtrale du monde de la science-fiction se poursuive!
Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974