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Lilies; Or, The Revival of a Romantic Drama
Du 11 au 15 août 2020, 20h
Le spectacle est présenté en anglais sans surtitres français. Des passages de la pièce sont en pied-noir et en anishinaabemowin, langues autochtones.

Centrée sur l'autochtonie mais offrant aussi des perspectives sur d’autres visions du monde, la prolifique compagnie torontoise lemonTree creations fait revivre ce classique de Michel Marc Bouchard, Les Feluettes, créé il y a 33 ans à la Salle Fred-Barry. Avec une distribution majoritairement autochtone et noire, ce drame romantique entre dans le 21e siècle, dénouant l'amour et dénonçant le colonialisme et les taux élevés d'incarcération de ces communautés.

En 1912, Vallier et Simon, jeunes étudiants, tombent amoureux l’un de l’autre en jouant une pièce inspirée du martyre de saint Sébastien. Leur passion est interrompue par le timoré Jean Bilodeau, puis dénoncée, jusqu’à ce que l’un d’eux soit emprisonné. Des décennies plus tard, plusieurs détenus acceptent de mettre en scène l’histoire révolue des deux amants et de la jouer devant Bilodeau lui-même, devenu évêque. Un chef-d’œuvre queer vu autrement.

En tête d’affiche de la distribution, le vétéran du cinéma et de la scène Alexander Chapman, qui a incarné Lydie-Anne dans l'adaptation cinématographique de Lilies de John Greyson. Il est accompagné sur scène d'un groupe de détenus « jouant » l'histoire de 1912, incluant Mark Cassius (Ragtime, Jesus Christ Superstar), John Walmsley (A Midsummer Night's Dream, The Wars), Tsholo Khalema (Box 4901, Cake), Troy Emery Twigg (They Shoot Buffalo, Don’t They? ; Dancing the Universe in Flux), Joseph Zita (Picture This), et les artistes de lemonTree Ryan G. Hinds (#KanderAndEbb, MacArthur Park Suite) et Indrit Kasapi (Les Moutons, The Boys in the Band).

Créée en 2007, lemonTree creations est une compagnie de théâtre qui cherche à valoriser une grande diversité culturelle et de genres. Elle met en scène des histoires rarement racontées à travers un objectif de performance queer et elle soutient les artistes alors qu'ils développent de nouvelles œuvres grâce à un programme de résidence.

Lutter contre le colonialisme, engager la conversation et trouver des terrains d’entente sur la façon d’être de bons invités sur les territoires appartenant aux Premières Nations sont quelques engagements qui font partie de leur pratique artistique.    

Texte de Michel Marc Bouchard
Traduction en anglais de Linda Gaboriau
Mise en scène Cole Alvis
Avec Mark Cassius, Alexander Chapman, Ryan G. Hinds, Indrit Kasapi, Tsholo Khalema, Troy Emery Twigg (Blackfoot), John Walmsley, Joseph Zita. Distribution complète à confirmer


Crédits supplémentaires et autres informations

Régie : Neha Ross
Assistance à la régie : Emie Sabandal
Scénographie : Jay Havens
Costumes : Joanna Yu
Conception d’éclairage : Michelle Ramsay
Conception sonore : Deanna Choi
Poète : Yolanda Bonnell
Composition additionnelle : Aqua
Direction de production : Suzie Balogh

Le spectacle est présenté dans la catégorie Hors Série de la saison 2020-2021 du Théâtre Denise-Pelletier, qui sera dévoilée le 1er avril 2020

Durée à venir

12 août - causerie après la création

Tarifs 44$

Une production lemonTree creations
Une présentation de Théâtre Denise-Pelletier, en association avec Fierté Montréal, Festival international Présence autochtone et Black Theatre Workshop


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Critique disponible
            
Critique

critique publiée sur l'Espace MonTheatre en mai 2019, lors de la création de la pièce à Toronto

La compagnie Lemontree Creations, en collaboration avec Why Not Theatre, clôture la 40e saison du Buddies in Bad Time Theatre à Toronto avec une relecture des Feluettes, ou la répétition d’un drame romantique. La célèbre pièce, que Michel-Marc Bouchard nous a livrée en 1987, que Linda Gaboriau a traduite l’année suivante et qui fut montée pour la première fois en anglais au Théâtre Passe Muraille en 1991 puis adaptée au grand écran en 1996 par John Greyson, se déploie sur la scène principale du plus ancien théâtre LGBTQ2S au monde, jusqu’au 26 mai prochain.




Crédit photos : Lemontree Creations

La proposition du metteur en scène Cole Alvis repose sur un rapport du Bureau de l’enquêteur correctionnel qui affirme que les membres des minorités visibles et des Premières Nations sont surreprésentés dans le milieu carcéral. C’est sous l’angle de la conscience identitaire que le choix d’une distribution dite «color-blind casting»1 s’est imposée. Membres des Premières Nations et descendants de la diaspora africaine se rencontrent sur scène et éveillent un spectre émotionnel nouveau, aux couleurs du XXIe siècle, dans une fable toute québécoise.

Le spectacle s’ouvre sur un texte en langue autochtone qui annonce le ton que prendra la représentation. La scène est meublée de bancs d’église, d’un piano ; l’espace est plutôt vide.

Malgré (certains bémols), le spectacle touche à des cordes sensibles et la mélodie qui s’en dégage indique un chemin qui mène à la réconciliation.

Walter Borden, qui interprète le Simon Doucet de 1952, le prisonnier qui invite l’évêque à assister à la pièce de théâtre qu’il a montée, est un acteur et un poète ouvertement gai considéré comme un des premiers dans l’histoire de la littérature afro-canadienne à traiter du thème de l’homosexualité masculine, avec sa pièce Tightrope Time : Ain’t Nuthin’ More Than Some Itty Bitty Madness Between Twilight and Dawn, un one man show qu’il a publié en 1987 et qui lui a valu plusieurs prix.

Le duo qu’il forme avec Alexander Chapman, qui défend le rôle de Monseigneur Jean Bilodeau, est explosif. Les deux acteurs aguerris nous présentent une interprétation juste, profonde et déchirante de vérité, dans laquelle l’expression « Sainte-Colère » prend toute sa signification. Ce n’est pas la première fois que Chapman se penche sur le texte de Bouchard. Lui qui interprétait Lydie-Anne de Rozier dans le film de John Greyson nous offre, 20 ans plus tard, un personnage dont la chute est grandiose.

L’autre duo qui se démarque dans cette production est celui que forment Waawaate Fobister et Troy Emery Twigg dans les rôles de Vallier et de sa mère, l’exubérante Comtesse de Tilly. Acteur, danseur et auteur dramatique, Fobister s’est fait connaître avec sa création Agokwe en 2009. Avec la complicité de Twigg, il nous offre un Vallier sensible et lucide dont la présence rend hommage à la bispiritualité, ce concept autochtone si difficile à comprendre pour les hommes caucasiens, cisgenres, hétérosexuels et patriarcaux qui forment la culture dominante nord-américaine. La résonnance du sous-texte de ces dialogues est particulièrement poignante. On sent bien la conscience de la mise en abime des acteurs qui exécutent un double salto arrière renversé diamétralement opposé à la société homogène du Québec rural dans laquelle vivent leurs personnages.

Bien que le spectacle soit inégal, la proposition des créateurs de Lilies fonctionne. Le langage théâtral complexe de la dramaturgie de Michel Marc Bouchard, sous le couvert d’une esthétique « vintage » et « fait maison », recèle des mécanismes puissants et universels qui semblent avoir été maladroitement exploités à certains moments. Malgré ce bémol, le spectacle touche à des cordes sensibles et la mélodie qui s’en dégage indique un chemin qui mène à la réconciliation.

1 Le color-blind casting est un terme en anglais pour désigner une distribution qui ne tient pas compte de la couleur, de l’ethnicité, du genre ou de la forme du corps pour un rôle. On pourrait aussi traduire par distribution non-traditionnelle ou distribution daltonienne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Colorblind_casting

16-05-2019

Salle Fred-Barry, Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974

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