Du 4 au 29 septembre 2007
Savannah Bay
Texte de Marguerite Duras
Mise en scène d'Éric Vignier
Avec Françoise Faucher et Marie-France Lambert
À Savannah Bay, petite ville du Siam, l’histoire d'une passion amoureuse entre un jeune homme et une jeune fille de seize ans. Ils se sont connus au milieu de la mer, sur la pierre blanche léchée par les vagues d'où s'élançait la fille.
Trente ans plus tard, une autre femme tente de remettre sur le métier de la mémoire celle qui fut autrefois une comédienne sublime. Les images du passé resurgissent alors. Des signaux, des bribes, accrochées à une chanson de Piaf, qui crie la passion des amants, suggèrent avec pudeur l’histoire du suicide probable de son enfant.
Mensonge et vérité se mêlent dans les paroles de la vieille comédienne qui se souvient que le théâtre est un « mentir-vrai ».
Assistance à la mise en scène et régie : Emanuelle Kirouac
Décor : Éric Vigner – CDDB-Théâtre de Lorient, Centre Dramatique National
Costumes : Ginette Noiseux
Lumières : Marc Parent
Bande sonore : Xavier Jacquot
Photographies : Alain Fonteray
Une production ESPACE GO
ESPACE GO
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890
par Geneviève Germain
Marguerite Duras est reconnue pour ses œuvres romanesques et pour son travail dans de nombreux champs d’activités. À la fois réalisatrice, scénariste, écrivaine pour le théâtre et romancière, c’est surtout dans ce dernier domaine qu’elle se démarquera en remportant le prix Goncourt pour son roman L’amant (1984). Ayant passé une partie de son enfance en Indochine, nombreux de ses ouvrages sont inspirés de l’univers asiatique, dont sa pièce Savannah Bay, laquelle se déroule dans une petite ville du Siam. La passion d’une jeune fille de 16 ans qui tombe amoureuse d’un inconnu sur une pierre blanche siégeant au milieu de la mer y est décrite sur fond d’une chanson d’Édith Piaf. C’est aussi l’histoire d’une actrice qui tente de se souvenir, encouragée par la visite d’une jeune femme qui veut savoir.
Pour la mise en scène, l’Espace Go a choisi un habitué de l’univers de Marguerite Duras : Éric Vigner. Souvent insatisfaite des adaptations de ses romans, c’est d’ailleurs pourquoi elle s’est lancée dans l’univers cinématographique, Duras a rapidement adopté la vision de ce metteur en scène. Suite à l’adaptation pour le théâtre de son roman La pluie d’été en 1993-94, elle lui cèdera les droits de toutes les pièces auxquelles il voudrait donner forme.
Avec Savannah Bay, Éric Vigner crée un univers où la lenteur est reine : les mots culminent tranquillement, les dialogues s’étirent et le récit tarde à prendre forme. Dans cet univers statique, comme fixé dans le temps, les silences sont nombreux et une grande part de l’action repose sur les non-dits. Déjà alourdie par sa forme, la pièce souffre également d’une interprétation un peu froide. Bien que Françoise Faucher, dans le rôle de la comédienne, parvienne à laisser poindre son désarroi face à sa mémoire qui lui fait défaut tout en étant lumineuse en parlant de ses souvenirs d’actrice, ses interactions avec la jeune femme qui l’interroge semblent détachées, lointaines. Pour sa part, Marie-France Lambert semble réciter son texte plus qu’elle ne l’interprète. Le débit de la pièce s’étire sans qu’aucune émotion ne réussisse à poindre.
Le décor est sans doute le point le plus lumineux de la pièce avec ses rideaux de billes qui étincellent sous l’éclairage. Rappelant la pierre blanche du récit, le rideau frissonne au rythme de l’évolution des personnages et apporte un élément mi-rêve, mi-réalité. Toutefois, cet élément à lui seul ne réussit pas à faire oublier le lourd processus du récit qui ne réussit malheureusement pas à captiver autant l’imaginaire.
12-09-2007