Du 5 au 20 octobre 2007 (reprise)
Le Traitement
Texte de Martin Crimp
Mise en scène et traduction : Claude Poissant
Avec Peter Batakliev, Félix Beaulieu-Duchesneau, Violette Chauveau, Amélie Chérubin-Soulières, Francis Ducharme, Catherine Larochelle, Widemir Normil, Gilles Renaud et Catherine Trudeau
Une jeune fille, Anne, raconte sa relation cruelle et possessive avec Simon, un jeune électricien, à deux producteurs de films, Andrew et Jennifer, un couple marié à la recherche d’un bon sujet. Dans l’univers mercenaire de Crimp, où l’art se vend et s’achète au cœur des trottoirs fatigués de New York, se rencontrent une quinzaine de personnages, faune urbaine aussi plausible qu’étrange. Le destin d’Anne, héroïne malgré elle, deviendra alors le reflet de notre société du spectacle qui carbure de plus en plus au réel.
Le traitement est une comédie syncopée à l’action hasardeuse et disloquée, une transparence qui n’exclut ni la fantaisie ni le fantasme.
Décor : Jean Bard
Maquillages : Angelo Barsetti
Musique originale et conception sonore : Nicolas Basque
Costumes : Linda Brunelle
Éclairages : Éric Champoux
Accessoires : Mathieu Giguère
Assistance à la mise en scène : Karine Lapierre
Mouvement : Dave St-Pierre
Direction de production : Catherine La Frenière
Direction technique : Alexandre Brunet
Une création du Théâtre PàP
Espace GO
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890
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Crédit photo : Yanick Macdonald
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Dates précédentes :
Du 4 novembre au 3 décembre 2005
par David Lefebvre (2005)
Né
dans les années 50, Martin Crimp est un des seuls auteurs anglais contemporains,
avec Sarah Kane, à franchir avec succès les frontières
de l'Angleterre. Son écriture cisaillée aborde avec dérision
et cruauté la violence des temps modernes. Chez lui, les rapports du
théâtre et de la réalité sont constants, il est
plaisant de voir à quel point il s'en inspire et s'en distancie à
la fois. Ces textes ont aussi certaines particularités, dont les enchevêtrements
de dialogues que Crimp signale par un signe "/" à l'intérieur
d'une réplique.
Le Traitement ne fait pas exception. Montée au dernier FTA
(en mai 2005) par l'inspiré metteur en scène Claude Poissant,
la pièce a connu un vif succès et est «reprise»
jusqu'au 3 décembre à l'Espace GO.
New York. Anne fuit l'oppression de son électricien de mari, qui l'attache
à une chaise et se cagoule pour lui parler. Elle tente alors de vendre
son histoire à deux agents artistiques avides d'histoires vraies. Pas
si loin, un vieil auteur de comédie tente de sortir enfin de l'ombre
; un acteur humilié tient enfin sa chance de vengeance ; une secrétaire
ambitieuse sent son heure venue et parmi eux, un chauffeur de taxi, aveugle.
Tous ces personnages ambigus, et d'autres encore, se retrouvent dans Le
Traitement. Texte ironique, teinté par le boogie de la Big Apple,
on y perçoit plusieurs niveaux de sens qui se complètent. Perversion,
corruption, superficialité, solitude, individualisme, appropriation
du bonheur, tous ces thèmes traversent la scène. Le décor
est composé que de meubles, que l'on pousse dans les coulisses sans
ménagement lorsqu'on a terminé de les utiliser. Les comédiens
restent, pour leur part, presque toujours sur scène. Plusieurs répliques
se chevauchent : on ne communique pas, on s'exprime. On tente de dépouiller
l'autre de sa parole, de son identité. Les rapports entre les personnages
sont irréels, ou superficiels : même les scènes de sexe,
très explicites, sont sans passion, sans saveur, sans amour. On prend
sans donner, comme si on allait perdre une partie de soi en étant altruiste.
Les comédiens s'amusent beaucoup et nous proposent des personnages
tout aussi typés qu'imprévisibles. Les différents comédiens
(Catherine Trudeau, Peter Batakliev, Violette Chauveau, Amélie Chérubin-Soulières,
Francis Ducharme, Catherine Larochelle, Widemir Normil et Gilles Renaud) tirent
admirablement bien leur épingle du jeu. L'un d'entre eux, Félix
Beaulieu-Duchesneau, interprète avec folie un rôle qui ne semble
pas si facile au premier regard : le narrateur. Il joue aussi ce chauffeur
de taxi aveugle, belle métaphore de ces conducteurs qui sont parfois
considérés comme des dangers publics, mais celui-ci est si sympathique
qu'on lui pardonne (presque) sa cécité...
New York, c'est la ville, on a droit alors à une scéno de Jean
Bard dépouillée, au fond représentant des buildings stylisés
où la lumière est omniprésente. Les éclairages
d'Éric Champoux s'ajoutent naturellement au décor pour ne former
qu'un. Mais cette jungle urbaine est aussi sonore, avec une force comme je
l'ai rarement entendu au théâtre. La musique originale est une
conception de Nicolas Basque.
Architecture irréaliste qui tend vers l'hyperréalisme pour
capter le vécu de personnages tout près d'une certaine réalité,
cette excellente pièce pose un oeil critique sur la culture-vérité
qui pullule de plus en plus à la télé. Plus on veut montrer
la réalité, plus on la déforme, souvent à son
profit.
10/11/2005
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Crédit photos : Yanick MacDonald