Du 5 au 23 mai 2009
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Mycologie

Texte et mise en scène : Stéphane Crête
Avec Guillaume Chouinard, Stéphane Demers, Dominique Leduc, Gabriel Lessard, Marianne Marceau, Gilles Renaud

Mycologie est un conte mythologique qui questionne notre soif d’absolu et observe les moyens que l’on prend pour l’étancher, que ce soit par l’usage de stupéfiants, par la foi ou par la science. Récit initiatique, fable magique et drame comique, Mycologie parle de modification de conscience, du sacré et du profane, du rêve, du fantasme et de l’irréel.

S’inspirant du monde fascinant du champignon, Stéphane Crête vous convie à un rendez-vous théâtral où le monde mystérieux de la mycologie sera dévoilé sous toutes ses facettes : vertus culinaires, règne fongique, moisissures, champignons hallucinogènes… un véritable régal.

Depuis 1990, Momentum propose aux spectateurs des expériences théâtrales hors normes. La compagnie s’est donné la mission d’user au maximum de toutes les libertés, cherchant à solliciter chez le spectateur une implication sensorielle et imaginaire, nouvelle et inattendue.

Musique : Stéfan Boucher
Accessoires, costumes et effets spéciaux : Louis Hudon
Éclairage : Caroline Ross
Décor : Sharon Scott
Assistance à la mise en scène : Marie-Hélène Dufort
Régie : Maude Labonté
Régie de plateau : Audrey Gaudet
Direction technique : David Poulin
Direction de production : Lucie Mineau

Une production Momentum

Espace GO
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

par Mélanie Viau

“L’avenir agit en coups de théâtre.”
- Fernando Arrabal, in L’homme Panique, 1963.

Anti-mouvement de l’irrévérencieux, de la provocation constante, le Panique, créé en l’honneur du dieu Pan, dieu de l’amour, de l’humour et de la confusion, se pose comme la quête expressive de l’homme dans un univers qui le porte où bon lui semble, à la limite de la raison et de l’intuition. Pour Stéphane Crête, chercheur assoiffé de mystères oeuvrant dans la démesure et la liberté créatrice, cette subversion du réel et de l’improbable a donné naissance à un nouvel objet théâtral tout à fait fascinant au sein du collectif Momentum. Avec Mycologie, l’année du Tout se joue festive, cérémoniale, spectaculaire, où l’on part à la grande quête du sens par les chemins du hasard et du miracle. Une œuvre stupéfiante à la forme inclassable, dans laquelle le théâtre se porte lui-même en scène.

Récit initiatique, drame comique, conte érotique et sanglant raconté par Pan (Gilles Renaud), Mycologie réunit une constellation d’êtres humains autour du mystique et bien méconnu Champignon. C’est dans l’humidité chaude de l’entrejambe d’un magicien en burn out (Stéphane Demers) que l’histoire mythique prend forme, nous faisant voyager sur trois continents en compagnie d’une femme de science sadique aspirant au pouvoir suprême (Dominic Leduc), d’un jeune couple utopiste, candide et chevalier (Gabriel Lessard et Marianne Marceau) et d’une star de la télévision culinaire, le trop épicurien MOI (Guillaume Chouinard). Le texte de Crête témoigne d’une recherche sérieuse et délirante, capte l’intérêt par la vivacité et l’intelligence de son écriture (variation très riche sur les tons), par sa structure solide et joyeusement éclatée, mais s’étire en longueur et mériterait, peut-être, quelques douloureuses coupures. Soit, la force de plusieurs passages, tels que les scènes chantées (on touche là au sublime) et la cérémonie hallucinatoire, heurte notre esprit avec un effet dynamite et donne au Tout son caractère unique qui nous happe dans le tourbillon théâtral.

Mycologie
Crédit photo : Caroline Hayeur, Agence Stock Photo

Provocation ludique mais non trop choquante, la mise en scène joue de la matérialité des grands symboles (le phallus, le cercle, l’épée, pour ne nommer que ceux-là) pour créer une aire de jeu circonscrite dans laquelle le fatras de meubles et d’accessoires aux couleurs et textures les plus diverses viennent construire ce récit improbable en osmose avec les personnages. La lumière spirituelle et les dynamiques pulsionnelles d’Éros et Thanatos motivent l’action dramatique, une action portée aussi bien par le corps de l’acteur que par sa parole. Une utilisation judicieuse des mécanismes scéniques, tels que quelques tours bien joués de machinerie et d’éclairage, ajoute à la comédie quelques éclats inattendus qui font de l’événement un moment tout spécialement magique.

Cette grande fête du théâtre nous ramène à notre propre relation avec le destin, le hasard, et nous rappelle que pour plonger tête première dans l’inconnu, l’esprit à la fois libre et confus, rien ne vaut l’ouverture à l’ailleurs, aux mystères de la vie. Réaménager une place à l’imaginaire, au sacré. Et vivre, ici, maintenant. Bonne année du Tout !

11-05-2009