Texte Olivier Choinière
Mise en scène Sylvain Bélanger
Avec Maxime Denommée, Muriel Dutil, Roger La Rue, Isabelle Roy
Modeste caissière dans un magasin à grande surface, Caro voue une admiration sans bornes à Céline, une grande vedette internationale… Solitaire, mais douée d’un imaginaire puissant, Caro invente une lettre : une jeune fan raconte sa tragique histoire à l’idole qu’elle espère voir un jour en spectacle. La réalité devient fiction et Caro tentera de provoquer cette rencontre. Elle transformera le tout en mission unique et bien particulière qu’elle partagera avec des collègues de travail plus ou moins coopératifs…
Ironique et mordante, FÉLICITÉ nous emmène au cœur de cette fascination que nous entretenons pour la célébrité et ses revers, pour ces vies privées exposées aux yeux de tous, pour ces soifs de bonheur qui s’étanchent par procuration!
Créée à l’automne 2007 à La Licorne, FÉLICITÉ invite à la rencontre d’un auteur intrigant et atypique, doué de la capacité d’inventer des univers toujours surprenants. La mise en scène de ce texte d’une étonnante construction et à l’humour corrosif est signée Sylvain Bélanger, qui a dirigé, entre autres, CETTE FILLE-LÀ et MOI, CHIEN CRÉOLE. Il est également directeur artistique du Théâtre du Grand Jour.
Traduite en allemand et en anglais, FÉLICITÉ a, entre autres, été produite au National Theatre à Londres ainsi qu’au Tron Theatre à Glasgow.
Assistance à la mise en scène Jean Gaudreau
Décor et accessoires Pierre-Étienne Locas
Costumes Sarah Balleux
Lumières Martin Labrecque
Musique originale Larsen Lupin
Maquillages Suzanne Trépanier
Coiffures Martin Lapointe
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Une coproduction du Théâtre de La Manufacture
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Dates antérieures
Du 16 octobre au 24 novembre 2007 - La Licorne
par David Lefebvre
Deux extrêmes : la vie exaltante d’une vedette internationale et l’enfer quotidien d’une jeune fille née sous la mauvaise étoile, violentée, oubliée. Au milieu, des gens comme Oracle, ou Caro de son vrai nom, qui travaille dans un grand magasin, qui se sert de ses collègues (grâce à son imagination) pour laisser libre cours à son monde. Ainsi, elle rencontre enfin son idole et se fait messagère de la jeune et pauvre victime.
Quel est notre véritable rapport avec la célébrité ? Et avec le sordide fait divers ? Comment transférons-nous ce besoin d’avoir la foi en quelque chose qui nous dépasse quand la religion disparaît de nos vies ? Pourquoi entretenons-nous cette fascination de l’horreur ? Est-ce que nous vivons par procuration, rivés à nos écrans et nos tabloïds, pour s’échapper de notre vie sans excitation ? Est-ce qu’on peut devenir dépendant à ces univers, jusqu’à en perdre la boule ? Est-ce la seule façon de s’échapper, de vivre ? Et par-dessus tout, quel est notre véritable rapport au bonheur ? Comment arrivons-nous à le vivre, le créer, le garder ?
Le texte d’Olivier Choinière exploite ces questionnements avec une plume effilée, singulière et surprenante, qui passe du meilleur (drôle et pathétique) au pire (dur, presque cruel) avec une étrange simplicité-complexité. Utilisant la narration active, on plonge dans un récit tordu, mêlant réalité, rêve et fantasme, où une jeune femme (Caro, interprétée avec rigueur par Isabelle Roy) décide du cours de l’histoire, au grand dam des autres personnages. Les comédiens Muriel Dutil, Roger La Rue et Maxime Denommée offrent une performance quasi parfaite, qui colle aux personnages et aux différentes gammes d’émotions : ils sont émerveillés, attentifs, émus, puis agressifs, choqués, stupéfaits. La mise en scène de Sylvain Bélanger, statique dans son ensemble, mais rythmée en profondeur, est tout aussi tordue que confondante, mais tourne à vide quelques fois, à cause essentiellement des tournures qu’impose le texte et de cette sensation omniprésente de nos vies dénuées de sens, où il semble que nous avons besoin de l’autre pour atteindre le bonheur, ou la félicité.
Le décor de Pierre-Étienne Locas (plafond suspendu partout), est caractéristique et plutôt déprimant en soi. Comment ne pas se réfugier dans le rêve ? C’est alors que les éclairages, savamment orchestrés par le génial Martin Labrecque entrent en jeu – des luminosités froides, chaudes, séparatrices... et jouent un véritable rôle esthétique et narratif.
La félicité, selon le Petit Robert, est un bonheur causé par une circonstance particulière. Atteindre la félicité, c’est la plénitude, c’est l’envie de tous. Croire que le bonheur est toujours possible, penser qu’on peut l’atteindre par le rêve et de se projeter dans celui-ci et se l’approprier, jusqu’à une certaine limite…