Texte et interprétation : Catherine Dajczman
Mise en scène et scénographie : Marcel Pomerlo
Que cherchons-nous?
Et à quoi rêve-t-on ?
PASSAGES raconte l’histoire d'une jeune femme qui, menée par sa soif de sens, revisite l’histoire de sa famille et l’univers des camps nazis qu’a vécu son grand-père juif polonais, Zaidi.
PASSAGES, c’est la grande Histoire qui rejoint la petite.
Une traversée de la Pologne à L’Annonciation, pour arriver enfin chez soi.
… besoin de faire entendre l’écho de ceux qui étaient là avant, pour ouvrir une porte sur demain… un demain porteur d’un nouveau souffle.
Seule sur scène, dans une langue contrastée où l’humour côtoie le tragique, Catherine Dajczman rend hommage à l’existence dans ce qu’elle porte de plus sublime et de plus grotesque. Un voyage à la fois ludique et profond.
« As-tu une bonne histoire? C’est quoi ton histoire? »
Catherine Dajczman est diplômée de l’Option Théâtre du Collège Lionel-Groulx en 2001. Dès sa sortie de l’école, cette fougueuse comédienne obtient le rôle de Mélanie dans le téléroman jeunesse WATATATOW. Par la suite, elle a travaillé autant au théâtre (ÉLEKTRA/Théâtre de l’Opsis, LES FOURBERIES DE SCAPIN /Théâtre Denise-Pelletier, L’HOMME EST UN ORIGNAL/ Théâtre Compulsif) qu’à la télévision (RAMDAM, LANCE ET COMPTE, ORIGINES).
En plus d’être directrice artistique de NU, Catherine Dajczman enseigne le djembé depuis six ans et anime différents ateliers en travail rituel. Avec PASSAGES, elle signe son premier texte. Après des lectures-laboratoires remarquées au Festival de théâtre à l’Assomption (F.A.I.T), à Vue sur la Relève et au OFF.T.A., PASSAGES s’installe enfin dans la salle intime d’ESPACE GO.
Assistance à la mise en scène et régie Judith Saint-Pierre
Éclairage Martin Gagné
Composition musicale Maxime Veilleux
Réalisation du décor Julie Measroch
Discussion prévue après la représentation du 30 octobre 2009
Une production de NU (Théâtre Nu)
par Daphné Bathalon
Jusqu’au 7 novembre, le public d’Espace Go doit, pour entendre Passages de Catherine Dajczman, se frayer un chemin à travers les coulisses du théâtre pour atteindre la petite salle où le solo est présenté. La pièce, qui met en scène un être en pleine quête de sens, nous entraîne dans les méandres des réflexions, interrogations et doutes d’une jeune femme.
« J’ai mon histoire pognée dans la gorge » déclare Dajczman à ses amis qui la pressent de trouver une histoire : « As-tu une bonne histoire? C’est quoi ton histoire? ». Passages nous laisse avant tout l’impression d’un éclatement. Dajczman, dans son propre rôle, est une femme dont le trop-plein déborde : elle saute d’un sujet à l’autre sans marquer de pause. Au début, on peine un peu à la suivre, puis on prend plaisir à observer le pétillement de la flamme qui l’habite. Yeux brillants, voix porteuse d’émotions, la comédienne livre son texte avec naturel. Il y a elle, il y a le public, et c’est à chaque spectateur qu’elle se confie. On ressent vite un certain attachement envers elle, on a envie de mieux la connaître, d’entrer dans sa tête pour la comprendre et l’aider à renouer avec elle-même. Pendant près d’une heure trente, sa bonne humeur communicative et son humour léger nous tiennent ainsi compagnie.
Il est toutefois dommage que les réflexions s’éparpillent trop souvent dans tous les sens. C’est particulièrement flagrant dans la première partie de la pièce qui aurait eu avantage à être resserrée pour éviter que l’attention du spectateur ne papillonne inégalement. Passages gagne en intensité lors du récit de Zaïdi, le grand-père juif et polonais de Catherine. L’histoire qu’il raconte par la voix de sa petite fille, on la connaît. C’est l’histoire d’horreur de millions de juifs et des camps de concentration, mais elle demeure toujours aussi fascinante, prenante et troublante. On comprend enfin ce qui a précipité Catherine dans une remise en question de son existence.
À l’instar du personnage et de sa prise de parole éclatée, la scène est également habitée. Une tour faite d’objets hétéroclites, qu’on peut croire rattachés à toutes sortes de souvenirs, occupe le côté cour de l’espace de jeu. Lors du récit de Zaïdi, ces objets deviennent dans notre esprit ceux que les juifs ont abandonnés derrière eux dans leur exode en même temps que leur ancienne vie. Pour habiller la scène, des toiles beiges et des murs de contre-plaqué illustrent sobrement le territoire navajo dans lequel s’enfonce volontairement Catherine pour son voyage intérieur.
Lui-même habile monologuiste, le metteur en scène Marcel Pomerlo a su faire ressortir la truculence des émotions tourbillonnantes contenues dans le texte de Dajczman. Avec son unique interprète, Passages est une pièce sensible et simple qui remonte aux origines d’une jeune femme fragile. La pièce ne nous apporte aucune réponse, pas plus qu’elle ne nous présente l’aboutissement de la quête. En fin de compte, il nous faudra prendre la suite, faire notre propre quête, emprunter d’autres passages. C’est bien à cela que la pièce nous invite, en laissant sur nos sièges un petit morceau de bois comme point de départ…