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Du 3 au 28 mai 2011, mardi 19h, mercredi au samedi 20h, samedi 16h
Attends-moi
Texte de Kristen Thomson
Traduction Olivier Choinière
Mise en scène de Marie Charlebois
Avec Valérie Blais, Normand Daneau, Rachel Graton, Marie-France Lambert

Vous êtes Blanche Walker. Vous êtes à l’hôpital, dans un coma profond, et vous approchez doucement de la mort. Autour de vous, trois personnes veillent : vos enfants Charles et Laura, et votre infifi rmière. Et il y a cette jeune patiente inconnue qui se retrouve parfois dans votre chambre. Dans ce qu’on pourrait imaginer être le brouillard de vos derniers moments, dans cet entre-deux dont l’inévitable issue est connue, dans ce chemin vers l’abandon où les souvenirs s’entremêlent au présent, qu’en est-il vraiment ? Êtes-vous dans le rêve, la divagation ou la réalité ?

Dans ATTENDS-MOI, l’auteure Kristen Thomson abat le quatrième mur et c’est à travers les yeux de Blanche Walker que le public vivra ces derniers instants passés avec un proche, ces instants qui marquent souvent l’heure des bilans, des confessions et des réconciliations. Même si la mort guette, la vie continue et les heures de veille peuvent être ponctuées de révélations, de conflits, de retrouvailles et parfois même, de rencontres plutôt charmantes...

Assistance à la mise en scène Marie-Hélène Dufort
Décor Danièle Lévesque
Costiumes Mylène Chabrol
Lumières Claude Cournoyer
Musique originale Ludovic Bonnier
Maquillages Angelo Barsetti
Accessoires: Francis Farley-Lemieux
Photos de promotion: Rolline Laporte

Une production du Théâtre de La Manufacture

Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890
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 Critique
Critique
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par David Lefebvre


Crédit photo : Joêl St-Pierre

Inspirée par un triste événement, soit la mort de sa grand-mère atteinte d’Alzheimer, l’auteure et comédienne canadienne Kristen Thomson signe, après quatre ans d’effort, Attends-moi (titre original : The Patient Hour, traduit ici par Olivier Choinière), un texte personnel sur la solitude, les relations familiales, l’amour et l’importance capitale de l’autre dans notre vie. Kristen Thomson avait surpris tout le pays il y a quelques années avec sa première pièce I, Claudia ; malheureusement, Attends-moi, qui était fort attendue, ne touche pas autant qu’on aurait aimé l’être.

Une chambre d’hôpital, vue sur un long corridor vitré. Une femme y vit ses derniers instants, après un malaise. Son fils, Charles, garagiste et célibataire, sa fille Laura, fraudeuse fraîchement sortie de prison, son infirmière Jeanne et une étrange patiente qui loge au bout du corridor sont ses seules visites. L’état comateux de la dame provoque monologues, souvenirs, confidences et prises de conscience de tous les visiteurs.


Crédit photo : Joêl St-Pierre

Pour accentuer l’implication émotionnelle du public, le texte, la mise en scène et la scénographie placent les spectateurs nulle part ailleurs que dans le lit de la mère. Les comédiens nous font toujours face, s’adressant à nous. Si l’effet est d’abord presque viscéral, complice, intimiste, la connexion entre les protagonistes et l’audience perd peu à peu de son impact, de sa puissance, passant de l’état participatif à passif. La plupart des scènes, pourtant d’un naturel et d’un réalisme incontestables, ne font pas ou peu évoluer les personnages, tandis que d’autres, fantasmés, comme cette longue danse entre l’infirmière et Charles sous des éclairages de ballroom, apportent peu au dénouement de l’intrigue. La structure narrative de l’auteure, qui avoue rédiger sans avoir en tête la finale de l’histoire, souffre d’un manque de direction. Les personnages se répètent sans cesse et ne font jamais la paix avec la peine, la souffrance, la future disparition de la mère ou avec la mort elle-même ; ils se retrouvent ainsi, à la fin, sensiblement au même point qu’au départ. Toute l’intrigue reste en suspend : sommes-nous dans une certaine réalité ou est-ce que ces tableaux sont produits par l’imagination de cette dame alitée et mourante, qui désire fortement une femme dans la vie de son fils, et revoir sa fille disparue?

La mise en scène de Marie Charlebois semble vouloir miser davantage sur le côté plus onirique de l’histoire, alors que la direction d’acteurs accentue dramatiquement –sans jamais tomber dans le mélo– les moments plus réels, voire plus banals du récit. La perspective du décor, presque panoramique grâce essentiellement à des rideaux en quart de cercle, les éclairages souvent sombres, ajustés, bleutés, et l’environnement sonore, incluant bruits de pas, respirateur et électrocardiographe, viennent concrétiser l’ambiance mi-réaliste mi-surréelle de la pièce.  La simplicité des échanges se reflète dans le jeu heureusement solide des acteurs. Le personnage de Charles (Normand Daneau), fragile, trouve un appui salvateur chez Jeanne (Valérie Blais), l’infirmière compréhensive et empathique. Alors que Laura (Marie-France Lambert) est l’élément le plus relâché ou plus humoristique du récit, la jeune patiente qui hante les corridors (Rachel Graton) se veut l’image la plus poétique et symbolique de l’histoire.


Crédit photos : Suzane O'neil

Si Attends-moi présente quelques idées intéressantes, comme ce quatrième mur qui explose dès l’entrée de Charles, ou alors des revirements de type fantastique - quoique prévisibles, le texte peine à offrir une histoire assez poignante pour que nous partagions la peine des personnages, malgré les efforts louables des comédiens.

06-05-2011
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