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Du 5 au 8 septembre 2012, de 19h à 21h30, 9 septembre 2012, de 15h à 17h30, départ à chaque demi-heure
Je ne m'appartiens plus
Parcours pour un spectateur à la fois
Déambulation dans l’enceinte d’ESPACE GO

Activité dans le cadre de la résidence d'artiste de Sophie Cadieux
Idéation : Sophie Cadieux et Alexia Bürger
Mise en espace : Alexia Bürger
Avec Sophie Cadieux, Nancy Tobin (jeu-performance) et Sophie Corriveau (danse)

Nos objets, nos vêtements, notre placard, notre chambre, notre appartement sont des extensions de notre intimité profonde. Ils révèlent, comme les indices d'une étrange énigme, la quantité de masques que nous revêtons chaque jour pour nous livrer au monde extérieur et au regard des autres.

JE NE M'APPARTIENS PLUS vous propose une déambulation en solo dans les pièces d’un grand appartement où trainent les morceaux intimes d’une vie qui pourrait bien être la vôtre...


NOMBRE DE PLACES
30 spectateurs seulement par représentation
à raison de 5 spectateurs par parcours!

DURÉE 
1 h

Une production d'ESPACE GO


Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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 Critique
Critique

par David Lefebvre

La talentueuse comédienne Sophie Cadieux ouvre, pour une deuxième année consécutive, la saison théâtrale de l'Espace GO, où elle effectue, rappelons-le, une résidence artistique. Si la pièce de 2011-2012 nous avait fait découvrir la parole d'Elfriede Jelinek, cette fois-ci, la création Je ne m'appartiens plus se veut une oeuvre originale de la comédienne et de la metteure en scène Alexia Bürger.

Je ne m'appartiens plus est un déambulatoire théâtral et une expérience interactive, qui fait circuler le spectateur - un à la fois - au travers différentes pièces d'appartement : vestibule, bureau, salle de bain, cuisine, chambre à coucher, walk-in, etc. Chacune de ces pièces, montées dans les coulisses de la grande salle, nous propulse dans un quotidien singulier, qui pourrait très bien, comme le mentionne le synopsis, « être le nôtre ».

Les deux premiers tableaux, ou arrêts, soit le vestibule (un aveu d'amour derrière la porte d'entrée) et le bureau (mystérieux message jouant sur un écran d'ordinateur), donnent au spectateur les clés du parcours, soit les thèmes de la mémoire, du souvenir et de l'identité, unique ou multiple. C'est autour de ces concepts que les créatrices du déambulatoire construisent les différents univers que l'on visite avec appréhension pour certains, curiosité pour d'autres. Il y a cette remémoration d'un moment précis lors d'un échange dans la toilette - dans mon cas, un souvenir amusant d'un couple qui semble légèrement à la dérive, noyé par son quotidien. Puis, cette discussion à propos d'une décision importante à prendre pour l'avenir immédiat d'une personne qui souffre de la perte de son identité causée par la disparition de plus en plus flagrante de sa mémoire. Mais qui est réellement cette personne? Une mère? Une tante? Ou encore celle qui nous fait face? Ensuite, il y a ces bouts d'instants qui jouent en boucle sur un répondeur d'une chambre à coucher, alors que son occupant dort à poings fermés, suivi par une réflexion sur la perception de la personnalité ou de l'identité d'une personne par le regard que l'on porte sur son habillement.

La force de ce parcours, qui, avouons-le, est plutôt étonnant, réside dans l'effet miroir des thèmes abordés. Par des moments d'improvisation avec les acteurs - ne soyez pas timides, parlez-leur - nous devenons par le fait même « quelqu'un d'autre » tout en restant soi-même : nous sommes acteur et spectateur, nos différentes identités arrivent à cohabiter dans le même espace ; nous échangeons sur des souvenirs qui n'existent pas, mais qui, pourtant, nous paraissent possibles, voire réels. La finale, sobre, mais qui peut être saisissante, voire devenir un moment de confrontation, vient corroborer cette idée.

Sophie Cadieux, Nancy Tobin et Sophie Corriveau nous plongent dans de courts moments immersifs d'un quotidien morne ou difficile, éclairé parfois par une lumière blafarde de quelques souvenirs, et poussent le spectateur à se dire, peut-être, est-ce que je m’appartiens?

06-09-2012