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Du 26 février au 23 mars 2013 , supplémentaire samedi 23 mars 13h30.
Cinq visages pour Camille Brunelle
Création nord-américaine
Texte Guillaume Corbeil
Mise en scène Claude Poissant
Avec Julie Carrier-Prévost, Laurence Dauphinais, Francis Ducharme, Mickaël Gouin, Ève Pressault

Inconditionnels du langage formaté des réseaux sociaux, cinq jeunes adultes définissent et construisent leurs avenirs publiquement, et ce, en toute impudeur. Par l'énumération d'amis virtuels et d'une orgie de références culturelles, ces jeunes se dévoilent dans une langue vive, un discours laconique et des quêtes éperdues; il faut à tout prix, et pour toujours, être de son temps. Mais que révélera cette urgence de dire, d'être? Et est-elle délibérée?

Portrait après portrait, ils et elles se montrent, s'exposent et se surexposent. Ils et elles érigent parallèlement leurs existences à partir de films vus, de soirées vécues et de rencontres espérées. Ils et elles sont cinq adultes à mettre en scène, devant nous, le spectacle de leurs vies.

Cinq jeunes adultes mettent en scène toutes les étapes de leurs vies. Ils réfléchissent entre eux, et avec nous spectateurs, sur la nécessité qu'a l'humain du nouveau millénaire de traverser et de collectionner toutes les épreuves de son passage sur terre, sur l'envie qu'il a de vivre avec excès chaque seconde pour la figer en même temps en mode souvenir, sur le pouvoir qu'il a d'échanger les données d'émotions devenues classables.

Cinq visages aussi différents que tant d'autres, conscients de leur inconscience et partisans d'une certaine insouciance, plongent au cœur des joies du narcissisme, condensent tous les sentiments et compilent avec un certain masochisme les avantages et les dangers de la vie haute vitesse. Pour se voir eux et nous voir nous.


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Assistance à la mise en scène : Andrée-Anne Garneau
Scénographie : Max-Otto Fauteux
Conception vidéo : Geodezik|Gabriel Coutu-Dumont
Éclairages : Martin Labrecque
Conception sonore : Nicolas Basque
Mouvement : Caroline Laurin-Beaucage
Direction technique : Alexis Rivest
Photo : Maxime Leduc

Mercredi 6 mars 21h15, rencontre après-spectacle - discussion spéciale abordant le thème de la pièce, les réseaux sociaux, dans la salle du spectacle.
Invités spéciaux : Olivier Roy, professeur et Catherune Mathys, journaliste
À l'animation, Patrice Dubois et Claude Poissant
Discussion ouverte à tous, que vous ayez déjà assisté à la pièce ou non.

Une production du Théâtre PÀP


Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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 Critique
Critique

par Véronique Voyer

Cinq visages de Camille Brunelle : y a-t-il quelqu’un sous la surface?


Crédit photo : Jérémie Battaglia

Sur scène, cinq comédiens se définissent à travers ce qu’ils consomment. Musique, films, marques de vêtements, sorties branchées et voyages ; tout y passe dans un combat où chaque phrase débute par « j’aime », comme sur Facebook. Cette pièce dissèque le narcissisme 2.0 et identifie la surexposition du moi comme remède au drame de notre banalité.

Commençant le spectacle par des remerciements sincères destinés au public, les acteurs semblent satisfaits d’être sous les projecteurs. Ils en profitent pour décliner leur identité à la manière d’une fiche de présentation sur un site de rencontre. Après les classiques du type sexe, prénom, ville, et occupation, ça devient vite une compétition où les préférences culturelles de chacun entrent en scène. Sous couvert d’une amitié de longue date, ils se comparent, jugent et critiquent le choix des autres.

Il n’est plus question d’apprécier une œuvre ou de la critiquer ; c’est un concours où la manière de dire le nom de Gabriel García Márquez importe plus que ce l’auteur dit dans 100 ans de solitude. Devenant des armes, les référents culturels perdent leur profondeur, car l’œuvre d’art, l’artiste ou le lieu culte est réduit à un nom que l’on noie dans une énumération. En somme, c’est la quantité qui prévaut sur la qualité, et le concept de « culture générale » est floué. Qu’est-ce que ça veut dire être cultivé? Suffit-il d’être perçu comme celui qui pourra dire j’ai tout lu, tout vu, tout su avec les gens les plus en vus?

Chaque personnage est cantonné à une personnalité basée sur sa consommation. Tu bois du champagne et rigoles à des expos d’art? Tu es un dandy prétentieux. La culture est pervertie par l’idéologie capitaliste : il faut consommer le plus possible pour mieux briller en société. Puis, la culture remplace l’identité comme en témoigne la réplique d’une comédienne à l’évocation d’un chanteur populaire : « C’est tellement toi, ça! Dès que j’entends ça, je pense à toi, c’est automatique! »

Sur scène, des vêtements tapissent le sol. Dessous, un miroir se cache. Dessus, les comédiens se déplacent ; ils se changent, dansent, s’affrontent sans qu’une action précise ou un but ultime ne motive vraiment leurs mouvements. En fait, une soirée au bar polarise l’histoire. On la découvre à travers des photos floues, typiques d’un photographe éméché qui utilise son téléphone intelligent pour immortaliser l’instant. Ces photos laissent en bouche un goût amer, car l’overdose de faits et gestes est excessivement réaliste ; on y reconnait trop bien le genre de publireportages qui polluent les réseaux sociaux.

Dans ce contexte, ce texte hyper actuel de Guillaume Corbeil emplit d’air nos référents culturels et l’éclate d’une phrase où le mot banal rencontre le fameux moi. Il évacue le sens, la profondeur et l’émotion que l’art peut véhiculer. À l’inverse de l’intimité, l’extimité est au cœur de cette pièce où des individus se sauvent à toutes jambes de l’anonymat et de la solitude.

01-03-2013