La démesure d'une 32ADramaturgie et mise en scène : Brigitte Poupart
Avec : Pascale Montpetit, accompagnée des interprètes-musiciens Étienne Dupuis-Cloutier, Martin Lizotte et Pierre-Alexandre Maranda
Clémence, dont le prénom est devenu un nom de code pour le rire, l'impertinence et la tendresse, a laissé un chemin de mots tout au long duquel, en se racontant, elle parle de nous. Ce soir, la salle de théâtre prend des airs de cabaret... À travers la voix d'une autre interprète, vous entendrez ses mots et reconnaîtrez la musique qui habille ses chansons. Vous comprendrez alors que Clémence avait un don pour écrire les rires, les sourires et les pleurs… Et une manière unique de raconter le monde!
Clémence, qui fut longtemps à l'écoute de ses contemporains, et particulièrement des femmes, nous a laissé des monologues, chansons et poèmes qui demeurent universels et qui trouvent encore aujourd'hui leur résonnance.
Il y a deux ans, la comédienne Pascale Montpetit nous faisait part de son envie de participer à la création d'un spectacle dans lequel elle pourrait jouer, danser, chanter, s'éclater, rire et faire rire. C'est ainsi que cette artiste passionnée, un brin espiègle, dynamique, sensible et fort attachante s'appropriera les mots de la « Démence des clochers ».
Accompagnée de musiciens, Pascale conjuguera au présent l'œuvre de notre Clémence nationale lors d'un cabaret-théâtre baroque, imprévisible, riche en émotions, composé de morceaux de choix. L'occasion d'aborder la grandeur de cette œuvre comme un matériau dramaturgique - découvrir des textes méconnus, fouiller les carnets de voyages, bousculer l'ordre existant - pour en faire ressortir toute la démesure.
Pour donner forme à ce projet, elle souhaitait retrouver l'amie Brigitte Poupart (Misteur Valaire, Over my dead body, Les Zapartistes), assembleuse de rêves passionnée dont le parcours laisse présager une audace et une irrévérence qui ne devraient pas déplaire à Clémence.
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Assistance à la mise en scène : Ève Marchand
Conception visuelle : Brigitte Poupart, assistée de Carolyne de Bellefeuille
Musique originale : Ariane Moffatt
Lumières : Mathieu Roy
Costumes : Denis Lavoie
Maquillages et coiffures : Angelo Barsetti
Photo © Carl Lessard
Formule cabaret - Admission générale
Ouverture des portes 1 h avant le début des représentations
Vente de consommation sur place, argent comptant seulement
Une production Espace Go
Avec la participation de Transthéâtre
par Pascale St-Onge
Il serait juste de dire que pour La démesure d’une 32 A, la plus récente création de l’Espace GO, les attentes étaient immenses, Clémence Desrochers étant une grande dame de chez nous. Dans ce spectacle sous forme de cabaret, Brigitte Poupart revisite l'ensemble d'une oeuvre d’une vie sous toutes ses formes : lettres, chansons, numéros de stand-up, la metteure en scène donne une nouvelle voix à ces textes qui, pour plusieurs d’entre eux, ont marqué le Québec à leur façon, et ce, au profit d’une nouvelle génération.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : une nouvelle voix. Ce n’est pas une réincarnation de Clémence que nous voyons sur scène, puisque l'objectif est tout autre. À l'aide de ce spectacle, l'équipe prouve que le répertoire de Madame Desrochers a une existence bien à lui, malgré la retraite de sa créatrice. Ce spectacle est la preuve ultime que ces textes sont et resteront marquants dans notre culture et qu'ils peuvent vivre sans son interprète.
Il faut se le dire, La démesure d’une 32 A est un grand spectacle de femmes. Tous les monologues aux tons divers donnent vie à autant de femmes, voire même à toutes les femmes du Québec. Défilent ainsi des personnages de ménagère, de citadine qui s'adapte mal à sa nouvelle vie à la campagne, d'éternelle célibataire ; des femmes de tous les âges, de tous les vécus. Pour les incarner, dans de petites valises, des accessoires à la symbolique purement féminine : perruques et manteau ou robe uniquement. Certains choix scéniques nous font découvrir autrement de grands classiques, telle la chanson La vie d'factrie, simplement récitée sans mélodie.
Brigitte Poupart signe une mise en scène qui rappelle son talent pour la direction de spectacles musicaux (Misteur Valaire, Alexandre Désilets, galas de l’ADISQ et autres) et réussit à joindre harmonieusement la présence scénique des musiciens et la musique originale magnifique d'Ariane Moffatt (dont la présence nous manque parfois, même si sa voix est diffusée) à la performance de Pascale Montpetit. Cette dernière nous offre ici un tour de force et prouve à tous qu'elle a tous les talents : elle chante, danse, transite d'un personnage à l'autre, d'une ambiance à l'autre sans décalage. Visiblement en pleine forme, le plaisir et la passion sont au rendez-vous pour la comédienne.
Même si le fil conducteur semble flou et moins solide que le reste de la proposition, le travail des quatre femmes est ici en totale symbiose et Pascale Montpetit en est le flambeau. Dans La démesure d'une 32 A, le stand-up devient théâtre et on redonne un souffle nouveau à toute une oeuvre, maintenant accessible à tous, même ceux trop jeunes pour avoir connu les années de gloire de cette chère Clémence. Clémence Desrochers s'est réjouie de ne s'être point reconnue dans ce spectacle, car ici elle est devenue plus grande qu'elle-même. La démesure, elle est là.