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Du 22 octobre au 2 novembre 2013, mardis à 19 h, du mercredi au samedi à 20 h, samedis à 16 h
Une vie pour deuxUne vie pour deux (La chair et autres fragments de l'amour)
Texte Evelyne de la Chenelière, d’après le roman de Marie Cardinal
Mise en scène : Alice Ronfard
Avec Jean-François Casabonne, Violette Chauveau et Evelyne de la Chenelière

Simone et Jean entreprennent des vacances de quelques semaines en Irlande avec l’espoir de donner un second souffle à leur vie de couple. Un jour, Jean découvre une femme morte sur la plage. Qui est cette femme? Qui a-t-elle été? Depuis, l’ombre de la femme ne les quitte plus. Elle devient si présente entre eux qu’ils décident de lui inventer une existence. Ce jeu aura un impact inattendu sur leurs vies.

UNE VIE POUR DEUX ausculte la relation fusionnelle à laquelle aspire Simone avec son compagnon de vie. Après vingt ans d’une vie en couple, comment retrouver le fil perdu des années et communiquer à l'autre son monde intérieur? Fantasme autant que fantôme, la femme trouvée sur la plage alimente un dialogue nouveau entre eux, dans lequel se reflètent les obsessions du couple, l’image travestie des remords et des regrets de chacun. À deux, ils réécriront son histoire et, en filigrane, celle de Simone s'exprimera.

L’auteure Evelyne de la Chenelière souhaitait écrire à partir d’une œuvre romanesque existante, s’en approprier la trame, pour en faire une nouvelle création théâtrale. Sa grande complice Alice Ronfard, qui a créé ses dernières pièces DÉSORDRE PUBLIC, LES PIEDS DES ANGES (ESPACE GO, 2006, 2009) et L’IMPOSTURE (TNM, 2010), lui proposa Une vie pour deux, le roman de sa mère Marie Cardinal (1928-2001). Femme de lettres émérite, Marie Cardinal a su tout au long de sa vie traduire les aspirations des femmes et parler de liberté. Elle a atteint les sommets de la renommée en 1972 grâce à son roman Les mots pour le dire, dans lequel elle racontait sa relation affective avec sa mère.


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Assistance à la mise en scène et régie : Alexandra Sutto
Décor : Gabriel Tsampalieros
Lumières : Caroline Ross
Costumes : Ginette Noiseux
Musique : Simon Carpentier
Maquillages : Jacques-Lee Pelletier

Tarif :
Régulier 35$
30 ans et moins 27$
65 ans et plus 28$

Rencontre avant le spectacle
Jeudi 24 octobre
Alice Ronfard, metteure en scène
Lorraine Hébert

Une production d'ESPACE GO


Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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Dates antérieures

Du 24 avril au 19 mai 2012, Espace Go (création)

 
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 Critique
Critique

par Gabrielle Brassard

Crée en 2012, Une vie pour deux était de retour quelques semaines à Espace Go, pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos oreilles. Car, avouons-le, quel magnifique texte que celui d’Évelyne de la Chenelière, d’après un roman de Marie Cardinal.

D’une grande beauté, d’une magnifique poésie, il est difficile de rester insensible aux mots de cette histoire d’amour et de vie tragique. Livrée sur scène avec passion et intensité par l’auteure elle-même, François Casabonne et surtout, Violette Chauveau, qui éclipse ses collègues par l’émotion qui se dégage de son jeu, Une vie pour deux ne laisse personne indifférent.

La vie d’un couple en vacances, chamboulée par un corps trouvé sur la grève, est mise en scène dans un décor sobre, mais efficace, fidèle à sa créatrice, Alice Ronfard. Un grand bloc noir au milieu de la pièce, qui sert bien les mouvements des comédiens, et un écran qui fait toute la largeur de la scène sont les seuls objets de la scéno. Les images de décor et la lumière changent au gré des tensions de l’histoire et créent ainsi l’ambiance poétique parfaite, avec une certaine douceur, malgré les moments dramatiques qui s’en dégagent.

Ce qui peut sembler comme une simple histoire d’amour traversée d’épreuves joliment racontée est en fait un poignant témoignage de la détresse humaine, de l’amour, du combat de la maladie, de la vie, de la mort, et des codes sociaux. Les mots d’Une vie pour deux restent définitivement dans la tête et dans le cœur.

11-11-2013



par David Lefebvre

Quelle histoire…


Crédit photo : Caroline Laberge

Simone (époustouflante Violette Chauveau) et Jean (solide Jean-François Casabonne) forment un couple toujours amoureux, mais à la dérive. Ils accostent en Irlande pour quelques jours, question de rafistoler leur relation, question que Simone impose sa présence à Jean pour qu’il puisse la voir elle, et non toutes les autres femmes, plus jeunes, plus belles, contre qui elle ne peut plus rivaliser. Mais la découverte sur la grève du corps inerte de Mary (froide et sculpturale Évelyne de la Chenelière) vient tout chambouler. À deux, ils réécriront son histoire, et Mary, à son tour, les inventera. Car la mort n’est pas une fin en soi, tant que quelqu’un continue de nous créer, de nous faire vivants.

Après de multiples créations prisées autant du public que de la critique, dont Bashir Lazhar qui a fait la manchette il y a peu de temps, Évelyne de la Chenelière sentait le besoin de fouiller et d’explorer les mots des autres. Pour cette première adaptation, elle jette son dévolu sur un roman de1978 de Marie Cardinal, Une vie pour deux. Un choix judicieux, pour plusieurs raisons : la proximité de l’auteure, femme de Jean-Pierre Ronfard, qu’Évelyne de la Chenelière a cotoyés tous deux, et les thèmes du bouquin, qui ne sont pas si loin de ceux que privilégie l’auteure de théâtre, soit le couple, l’amour, la (re)définition et la recherche de soi, puis la maternité, la nostalgie, l’introspection, la mort. Les images que l’écriture provoque dans l’imaginaire du spectateur sont évocatrices, poétiques, intimes. Les réflexions des personnages, sur le ton de la confidence ou de l’échange, sont tout aussi lucides qu’humoristiques. Mais Une vie pour deux va au-delà de la simple adaptation théâtrale : si l’on disait des écrits de Mme Cardinal qu’ils étaient autobiographiques (un réel séjour en Irlande avec son mari aurait inspiré l’écrivaine pour le récit), Évelyne de la Chenelière s’empare des personnages fictifs du roman pour faire revivre, en quelque sorte, Jean-Pierre Ronfard, perceptible dans le jeu de Jean-François Casabonne lors de quelques moments furtifs, et déterrer Marie Cardinal pour lui redonner une voix. Alors que le roman se termine avec un tribunal qui doit juger de la nature du décès de Mary, de la Chenelière fait le choix magnifique, plutôt, de parler de la maladie dégénérative de Marie Cardinal, soit l’aphasie. Violette Chauveau offre une performance magistrale en toute fin de partie : alors que les mots peinent de plus en plus à sortir de sa bouche, de tout son corps, poing serré, elle rage, et l’on souffre avec elle, pétrifié et stupéfait par le jeu de la grande actrice.

La mise en scène d’Alice Ronfard met de l’avant les mots de l’auteure, dans un décor épuré, ouvert, quasi onirique. L’élément scénographique le plus imposant prend la forme d’un immense bloc monolithique, sorte de table sombre, à la surface lisse et solide, que seule une forme creuse d’un corps humain vient altérer, tout au centre, dans laquelle Mary prend place. Si quelques projections sur ce monument viennent dynamiser la représentation, elles sont malheureusement mal exploitées. Passant de ce qui semble être des feuilles de papier manuscrites à de l’eau scintillante, cet élément d’éclairage, qui ne contribue que très peu à la pièce, ne sera apprécié que par les spectateurs assis tout en haut des gradins. Tout comme ce mur vitré et carrelé, qui ferme complètement le fond de la scène, n’est utilisé ni par l’éclairage, ni par la mise en scène. Et excepté les quelques bruits d’océan, les courts extraits musicaux, presque spasmodiques, causent un clash inutile et viennent appuyer trop dramatiquement les transitions entre les actes.

Une vie pour deux (La chair et autres fragments de l’amour) est une pièce forte et belle, qui explore librement et de façon impudique le sentiment amoureux et le corps comme paysages poétiques et qui rend hommage à une femme de lettres de façon très personnelle et éloquente. Une grande réussite.

26-04-2012