Section vidéo
Musique originale : Guido Del Fabbro
Conception des éclairages : Lucie Bazzo
Prise d'image, montage et conception visuelle : Robin Pineda Gould
Prise de son : Kevin Pineda Gould
Photo : Fabián López
Ce projet a été conçu et coproduit au Mexique par les compagnies montréalaise et mexicaine Les sœurs Schmutt et ZONABIERTA Escena Laboratorio, en collaboration avec El Centro de las Artes de San Luis Potosí. Il est produit à Montréal par Danse-Cité. Avec le soutien financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des Arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal, du ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec et de Danse-Cité.
par Gabrielle Brassard
Les murs intérieurs
Après Petites Pièces de Poche : Grandeur nature, présentée en 2012 à l’Usine C, les sœurs Schmutt (les jumelles Séverine et Élodie Lombardo), reviennent cette fois à l’Espace Go pour présenter Àtravers la pared (À travers le mur), le résultat d’un long projet fait en collaboration avec le Mexique.
Fidèles à leurs habitudes, les sœurs Schmutt, dont l’une chorégraphie le spectacle (Élodie) et l’autre y danse (Séverine), intègrent complètement le spectateur à l’expérience, invité à prendre place sur la scène. Toute la première partie de cette création québéco-mexicaine se déroule en symbiose avec le public. Ce dernier, d’abord attitré à des cases de couleurs sur la scène grâce à celle indiquée sur le programme remis à l’entrée, est ensuite appelé à se promener dans la salle en suivant les danseurs qui s’échangent les places dans les carrés de lumières.
Chacun des six danseurs exerce d’abord un solo qui lui est propre, pour son petit public. Il le reprend à travers ses déambulations sur la scène. Le public peut se sentir décontenancé, mais cela est peut-être voulu. Il hésite à rester dans son carré ou à se promener. Après un certain temps, plusieurs vont s’asseoir dans la salle, qui ne sert pour le moment qu’à déposer bottes et manteaux. De n'importe quel lieu, la perspective est différente, individuelle et collective, à la fois du côté des spectateurs et des danseurs. Ces derniers nous invitent finalement à prendre place dans la salle.
Les sœurs Schmutt travaillent souvent avec différents types de médiums, et Àtravers la pared n’y fait pas exception. Les séquences de danse dans la salle sont entrecoupées de projections vidéo de danse extérieure, dans un décor qui semble être abandonné. On apprend en lisant le programme qu’il s’agit d’une ancienne prison, celle de San Luis Potosi, au Mexique, qui a donné naissance à la première partie du projet d’Àtravers la pared.
Passant ainsi d’un endroit extérieur abandonné, sous le soleil du Mexique, antre de création de la petite troupe (Cristobal Barreto Heredia, Sarah Dell’Ava, Pamela Grimaldo, Séverine Lombardo, Irma Monterrubio Olalde et Eduardo Rocha) à des studios intérieurs dans le froid de Montréal, les six comparses ont dû se réapproprier le spectacle dans un espace bien différent. Les murs, thématique au centre de ce spectacle hétéroclite, sont donc à la fois extérieurs et intérieurs. Pas toujours facile à distinguer et à interpréter, on sent toutefois dans le jeu des danseurs quelque chose qui relève du secret, du passé, du tabou, de la violence. Les danseurs se masquent à un moment les yeux, dansant à l’aveugle. Ils jouent à «un, deux, trois soleil», mais ce jeu d’enfants se transforme peu en peu en quelque chose de sanglant, de brutal.
Pour les néophytes de la danse, comme pour les connaisseurs, les sujets précis d’Àtravers la pared, sans informations préalables, semblent un peu insaisissables, mais comme la plupart des projets des sœurs Schmutt, c’est plutôt l’expérience, autant participative qu’émotive qui est mise de l’avant, en se laissant guider par les sentiments inculqués par le mouvement, la musique, la lumière ; trois éléments admirablement bien intégrés les uns aux autres dans ce spectacle. Il faut se laisser porter et emporter par cet objet théâtral inusité, même si on n’en comprend pas tous les rouages. La grande place à l’interprétation personnelle de chacun est la force de cette production de Danse-Cité en collaboration avec Les sœurs Schmutt, et en coproduction avec Zonabierta Escena Labotario.