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Du 6 septembre au 1er octobre 2016, les mardis à 19 h, du mercredi au vendredi à 20 h et les samedis à 16 h
Clara
D’après le roman d’Anne Hébert, Aurélien, Clara Mademoiselle et le Lieutenant anglais, paru aux Éditions du Seuil
Création pour la scène Pierre Yves Lemieux
Mise en scène Luce Pelletier
Avec Émilie Bibeau, François-Xavier Dufour, Alice Moreault et Étienne Pilon

Après le décès de sa femme, morte en couches, un homme s’isole au creux de la campagne québécoise en compagnie de sa fille. La vie s’écoule, monotone et silencieuse, au bord de la rivière. À dix ans, Clara ne sait toujours ni lire ni écrire. L’arrivée de Mademoiselle, nouvelle et lumineuse institutrice du village, donne un nouvel équilibre au quotidien familial. Atteinte d’un mal incurable, Mademoiselle se presse de transmettre son savoir à Clara.

De nouveau seule avec son père, Clara se met à surveiller par la fenêtre la montée de la rivière qui coule, gorgée des pluies torrentielles. À la veille de ses quinze ans, au plein cœur de l’été, Clara surprend, endormi dans les bois, un lieutenant anglais exilé au Québec. Débute alors l’histoire d’un amour qui signe la fin de son enfance.

En 1995, Anne Hébert écrit Aurélien, Clara, Mademoiselle et le Lieutenant anglais comme la promesse d’une prose sauvage et musicale qu’on aimerait garder en secret pour soi. Ce court roman, parmi ses plus beaux, est pourtant méconnu du grand public. Avec la pièce CLARA, l’auteur Pierre Yves Lemieux en crée une version pour la scène en explorant une mise en parole à quatre voix où personnages et narrateurs se confondent. La directrice artistique du Théâtre de l’Opsis, Luce Pelletier, met en scène cette adaptation théâtrale qui se veut résolument contemporaine, tout en conservant le contexte historique et culturel québécois d’origine. À eux deux, ils sauront partager toute la beauté, la fragilité et la singularité de l’œuvre d’Anne Hébert avec le public d’aujourd’hui.


Assistance à la mise en scène : Claire L’Heureux
Décor : Olivier Landreville
Éclairages : Jocelyn Proulx
Costumes : Julie Breton
Musique : Catherine Gadouas
Chorégraphie : Mélanie Demers

Rencontre avec le public
Jeudi 15 septembre 2016, après la représentation

Tarif
Général 37$
65 ans et + 30$
30 ans et - 28$
Forfaits disponibles pour plus d'un spectacle

Production Théâtre de l'Opsis


Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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Critique

Crédit photo : Marie-Andrée Lemire

Anne Hébert aurait eu 100 ans cette année. C’est pour souligner cette année anniversaire que le Théâtre de l’Opsis ouvre l’An 2 de son Cycle scandinave avec une plume bien québécoise. Le choix de Pierre Yves Lemieux s’est porté sur un texte méconnu de l’écrivaine et poétesse, auquel la metteure en scène Luce Pelletier n’a pu résister.

Aurélien, Mademoiselle, Clara et le Lieutenant anglais (réduit au seul prénom de Clara dans sa version scénique) transporte le lecteur dans la campagne québécoise des années 1930, auprès d’Aurélien Laroche, jeune père contraint d’élever seul sa fille après le décès de sa femme, morte en couche. Le père décide de s’isoler à la campagne. Sa fille y grandit comme une enfant sauvage, sachant imiter parfaitement le chant des oiseaux, mais ignorant lettres et mathématiques.

L’adaptation de ce texte poétique représentait tout un défi pour Lemieux. Celui-ci s’en tire bien en transposant les descriptions de la nature et les pensées dans la bouche des personnages. Le passage de la page à la scène se fait sans heurt majeur. Toutefois, malgré les qualités de l’adaptation, la production de l’Opsis ne parvient pas à faire jaillir le souffle poétique de la langue d’Hébert. Pendant toute la représentation,  le spectateur demeure à l’extérieur du monde merveilleux qui s’épanouit dans l’œil de Clara. Le sublime miroite en périphérie, mais ne surgit jamais.


Crédit photo : Marie-Andrée Lemire

La faute revient en partie à la mise en scène, très (trop?) sage de Luce Pelletier et à une direction d’acteurs inégale. Il faut dire que les quatre comédiens jonglent avec une partition poétique difficile à faire paraître naturelle. Par moments, leurs élans s’apparentent à la déclamation ; les passages émouvants (la mort de Mademoiselle, notamment) semblent détachés du reste. L’amateur de l’écriture d’Anne Hébert y trouvera son compte, les autres auront sans doute plus de mal à demeurer parfaitement concentrés. Émilie Bibeau, en dépit de sa verve passionnée, ne transcende pas le cliché de l’institutrice de rang, Étienne Pilon peine à nous faire ressentir la détresse du père veuf, et les multiples changements de ton du lieutenant anglais incarné par François-Xavier Dufour laissent perplexe. Seule la jeune Alice Moreault, fraîchement promue de l’École nationale, tire vraiment son épingle du jeu avec une interprétation vive de l’ingénue Clara, de l’enfance à l’adolescence.

La très belle scénographie signée Olivier Landreville évoque les magnifiques paysages dans lesquels évoluent les personnages tout en suggérant habilement les structures qui charpentent leur vie. Elle multiplie également les points d’entrée, qui demeurent peu exploités. Riche idée aussi d’ouvrir une large fenêtre sur les éléments, à l’arrière-scène, où tombent tantôt des flocons tout doux, tantôt le torrent d’un orage.

En fin de compte, l’équipe de production paraît avoir manqué de temps pour faire mûrir leur adaptation et fleurir la poésie d’Anne Hébert.

09-09-2016