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Du 24 janvier au 18 février 2017, les mardis à 19 h, du mercredi au vendredi à 20 h et les samedis à 16 h
Supplémentaire 12 février 16h
Manifeste de la Jeune-Fille
Texte et mise en scène Olivier Choinière
Avec Marc Beaupré, Stéphane Crête, Maude Guérin, Emmanuelle Lussier-Martinez, Joanie Martel, Monique Miller et Gilles Renaud

Sept Jeunes-Filles paradent en toute légèreté, en toute insouciance. On s’informe des projets de l’une, on s’excite des récents achats de l’autre, on partage des histoires d’amour. Dans ce jeu du paraître, le moindre doute, le moindre inconfort les fait mourir. Mais la mort n’est qu’une bonne occasion de changer de garde-robe.

La Jeune-Fille n’a ni sexe ni âge. Elle est le citoyen modèle de la société capitaliste. Elle trouve satisfaction dans le fait de n’être qu’une image et de s’exprimer à coups de publicité. En ce sens, la Jeune-Fille ne manifeste pas, elle est la manifestation de l’ordre. Elle chante la gloire du marché et étale avec joie son bonheur consommé. Par-dessus tout, la Jeune-Fille veut être choisie, et c’est pourquoi elle nous colonise tous. La Jeune-Fille, c’est moi. La Jeune-Fille, c’est vous. Parce que nous le valons bien!

Comment faire un spectacle quand tout est spectacle? C’est le défi que s’est donné Olivier Choinière. S’inspirant de l’essai Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille (2006), dans lequel le collectif d’écrivains Tiqqun tente de saisir les contours du citoyen modèle de la société de consommation, il propose un projet théâtral ludique et subversif qui témoigne de son inquiétude devant une société où toute forme de discours, même la plus contestataire, se retrouve inévitablement récupérée.

Les magazines féminins sont le véritable point de départ de la pièce. Ils mettent en scène un modèle féminin idéal, qui est également un modèle de consommateur idéal. MANIFESTE DE LA JEUNE-FILLE tente de cerner de quelle manière ce modèle se renouvelle et emprunte différents habits, témoignant des possibilités infinies de récupération et d’adaptation du capitalisme actuel.


Assistance à la mise en scène Stéphanie Capistran-Lalonde
Décor Max-Otto Fauteux
Lumière Alexandre Pilon
Costumes Elen Ewing
Musique Éric Forget
Vidéo Michel-Antoine Castonguay
Maquillages et coiffures Sylvie Rolland-Provost

Rencontre avec le public
Jeudi 26 janvier 2017, à 18 h 30

Tarif
Général 37$
65 ans et + 30$
30 ans et - 28$
Forfaits disponibles pour plus d'un spectacle

Coproduction Espace Go et L'Activité


Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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Critique



Crédit photos : Caroline Laberge

Dans un décor rappelant les boutiques à la mode, telles que H&M ou Forever 21 – présentoirs de vêtements tendance, mannequins, podiums et portes tournantes dont les décors se modifient au fil des actes et des thématiques abordées – les acteurs font leur entrée sur scène sur fond de musique techno. La pièce Le manifeste de la jeune-fille, écrite par Olivier Choinière et présentée jusqu’au 18 février au théâtre Espace Go, est portée par une brochette impressionnante d’acteurs - Marc Beaupré, Stéphane Crête, Maude Guérin, Emmanuelle Lussier-Martinez,  Joanie Martel, Monique Miller et Gilles Renaud - qui incarnent tous et toutes cette jeune fille type, cet exemple de consommatrice rêvée, de cible pour la publicité. C’est le point de départ de la pièce.

Les dialogues sont vifs et chargés, ça écorche. Le public rit beaucoup, mais il rit parfois jaune. Chaque acteur incarne tour à tour plusieurs entités : la bobo, le militant, la hippie, le survivaliste, la femme de carrière, etc. Bref, on confronte les idéologies et leurs contraires, dans une féroce critique du système capitaliste où tout est à vendre.

On a parfois l’impression d’assister à une conversation se déroulant sur les réseaux sociaux, où les opinions s’entrechoquent. Choinière y a d’ailleurs puisé son inspiration. Et ça fonctionne. On reconnait nos amis, notre entourage, nos familles, mais surtout, on reconnait ces discours répandus dans l’espace public. Choinière n’épargne personne et c’est jouissif.

L’auteur s’interroge aussi. Par de judicieuses répétitions dans les dialogues (notamment le fameux quiz de magazine féminin), il réussit une gradation dans les dénonciations, dans la violence, et parvient à effectuer un 360 degrés pour finalement retourner le regard contre lui-même, puis contre le spectateur venu assister à sa pièce. Tout s’emboîte parfaitement, tout est réfléchi. Il y a là une cohérence, malgré une impression qu’on tire dans tous les sens, qui force l’admiration.

La scénographie est judicieusement organisée pour appuyer les propos les plus marquants au moyen de projections vidéo qui viennent compléter l’effet. Au final, la pièce, qui dure deux heures sans entracte, laisse le spectateur complètement survolté et avec l’envie de revisiter le tout à tête reposée. Ça tombe bien, la pièce a aussi été publiée chez
Atelier 10.

30-01-2017