Septembre 1919. Herbjørg Hansen quitte la Norvège qui l’a vue naître quatorze ans plus tôt pour immigrer aux États-Unis. Avec seulement son passeport en poche, elle laisse derrière elle une vie dont elle ne reparlera plus jamais.
Septembre 2008. Son petit-fils Kevin habite désormais la ville de Québec après avoir émigré des États-Unis douze ans plus tôt. Un jour, une enveloppe contenant le passeport original de sa grand-mère lui parvient par la poste. Il décide alors d’aller à Oslo, en Norvège, dans l’espoir de lever le voile sur le mystère qui entoure ses origines.
NORGE est une autofiction de l’homme de théâtre Kevin McCoy. Ponctuée par les œuvres des artistes norvégiens Grieg, Ibsen et Munch, sa pièce porte sur l’errance, les fantômes, la lumière et l’obscurité, la recherche de ses racines et de sa place dans le monde.
Présenté au Théâtre du Trident en mars 2015, NORGE fut un coup de cœur de la saison, et Kevin McCoy a reçu le Prix des abonnés pour sa performance exceptionnelle. Originaire de Chicago, Kevin McCoy est apprécié pour son approche personnelle, sensible et singulière du théâtre. Avec les créations de sa compagnie, Théâtre Humain, il désire susciter un dialogue sur la condition humaine : nos forces et nos faiblesses, nos échecs et nos réussites, notre profonde tendance à détruire et notre capacité infinie à créer.
Section vidéo
Assistance à la mise en scène : Jenny Montgomery
Scénographie, costumes et accessoires : Yasmina Giguère
Éclairages : Laurent Routhier
Direction musicale : Esther Charron
Environnement sonore : François Leclerc
Chorégraphie et mouvement : Arielle Warnke St-Pierre
Vidéo : Lionel Arnould
Collaboration artistique : Nicolas Léger
Rencontre avec le public
Jeudi 24 novembre 2016, après la représentation
Tarif
Général 37$
65 ans et + 30$
30 ans et - 28$
Forfaits disponibles pour plus d'un spectacle
Coproduction Théâtre Humain et Théâtre du Trident
Dates antérieures (entre autres)
Du 3 au 28 mars 2015, Trident
critique publiée en 2015
D'où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? La toile de Paul Gauguin, qui porte ce titre et peinte en 1897-1898, pose sensiblement les mêmes questions qui ont poussé la création de la nouvelle pièce de Kevin McCoy, Norge, un mot scandinave qui signifie Norvège. Ici, l'auteur entrevoit plutôt ce questionnement à un niveau intime et tente de comprendre ses origines personnelles à travers l'histoire de sa grand-mère Herbjørg Hansen qui, en 1919, à l'âge de 14 ans, a quitté sa Norvège natale afin d'immigrer aux États-Unis. Seul sur scène avec l'excellente pianiste Esther Charron qui l'accompagnera tout au long de la pièce sur un piano à queue, l'auteur entame un monologue dans lequel il nous fait voyager du Québec en Norvège, jusqu'au beau milieu du cercle polaire, dans une véritable épopée identitaire.
À l'instar de sa grand-mère, McCoy est lui aussi un immigrant. Venu s'installer il y a plusieurs années au Québec pour rejoindre son célèbre compagnon de vie, Robert Lepage, il est tombé amoureux de l'endroit : un endroit qui lui rappelait énormément la Norvège avec toute sa neige à perte de vue et son architecture nordique.
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu'est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j'ai, que j'ai !
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : Où vis-je ? où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.
C'est par l'inoubliable poème Soir d'hiver d'Émile Nelligan que débute Norge. Kevin McCoy prend des airs de conteur et bien qu'il est question d'un monologue puisqu'il est l'unique comédien, on pourrait tout aussi bien parler de conte tellement on a l'agréable impression de se faire raconter une histoire par quelqu'un de proche, comme cela peut arriver dans des soirées familiales ou entre amis. Avec son naturel et son aisance sur scène, il fait littéralement oublier que l'on assiste à une pièce de théâtre et qu'il récite un texte. Le décor simple et sans artifices est principalement constitué de quelques roches et d'un tronc d'arbre qui se transformeront en d'autres objets au cours de la représentation et au gré de l'imaginaire de McCoy. Des projections vidéo soutiennent aussi le décor et viennent appuyer la narration. Cependant, celles-ci donnent quelques fois l'allure d'un exposé Powerpoint à la représentation, un aspect plus ou moins réussi de la production. Le charisme de l'acteur arrive toutefois à faire oublier ce petit détail et on ne décroche pas durant l'heure et demie du spectacle, se retrouvant tout simplement suspendu à ses lèvres.
La nouvelle proposition de Kevin McCoy est extrêmement touchante et même, par moments, amusante. À voir absolument.