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Strindberg
Du 23 avril au 12 mai 2019
mardi et mercredi 19h, jeudi et vendredi 20h,
samedis et dimanches 16h

Antiféministe militant, August Strindberg s’opposait avec violence à la cause des femmes. Sa correspondance permet de suivre pas à pas l’évolution du rapport trouble que ce grand auteur de théâtre entretenait avec « la femme » qu’il qualifiait de « rien d’autre qu’un nid d’oiseau pour les œufs de l’homme. » Ses trois mariages avec la femme de lettres Frida Uhl et les comédiennes Siri von Essen et Harriet Bosse constituent la toile de fond de son existence errante et paranoïaque, marquée par un équilibre nerveux sans cesse compromis. Aujourd’hui, ses ex-épouses lui répondent.

Afin de clore le Cycle Scandinave du Théâtre de l’Opsis, Luce Pelletier donne, à travers les plumes d’auteures québécoises, la parole à trois femmes qui ont marqué le quotidien de Strindberg, dans un spectacle où le dramaturge de renom est confronté par les femmes de sa vie.

August Strindberg n’a pas passé une journée de sa vie adulte sans écrire une lettre à un de ses proches. L’importante correspondance de ce libre-penseur trace une image proprement fascinante de l’homme, de ses amours, de ses peurs, de ses délires et de la société dans laquelle il vivait. Contemporain de Freud et de Nietzsche, l’auteur de MADEMOISELLE JULIE incarne tous les doutes, toutes les angoisses, toutes les peurs de l’homme du 19e siècle qui assiste à la mort des certitudes.


Texte Anaïs Barbeau-Lavalette, Rachel Graton, Véronique Grenier, Emmanuelle Jimenez, Suzanne Lebeau, Catherine Léger, Marie Louise B. Mumbu, Anne-Marie Olivier, August Strindberg, Jennifer Tremblay
Mise en scène Luce Pelletier
Avec Christophe Baril, Isabelle Blais, Jean-François Casabonne, Marie-Pier Labrecque, Lauriane S. Thibodeau


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène : Claire L’Heureux
Décors : Francis Farlay Lemieux
Costumes : Sarah Balleux
Musique : Catherine Gadouas
Éclairages : Jocelyn Proulx
Mouvement : Frédérick Gravel
Graphisme: Olivier Hardy
Photo : Maxime Côté

Rencontre avec le public
à déterminer

Tarif
Régulier : 37$
65 ans et + : 30$
30 ans et - : 28$
Les tarifs comprennent les taxes ; les tarifs ne s'appliquent pas aux représentations supplémentaires. Ajouter des frais d'envoi de 2,50$ si vous voulez recevoir vos billets par la poste.

Production Théâtre de l’Opsis, avec la collaboration d’ESPACE GO


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Critique disponible
            
Critique

Pour clore son cycle scandinave, le Théâtre de l’Opsis a sollicité neuf dramaturges féminines contemporaines (Rachel Graton, Catherine Léger, Jennifer Tremblay, Marie-Louise Bibish-Mumbu, Suzanne Lebeau, Anaïs Barbeau-Lavalette, Anne-Marie Olivier, Véronique Grenier et Emmanuelle Jimenez). Chacune d’elle insère sa parole individuelle dans Strindberg, sur et autour du célèbre dramaturge suédois, August de son prénom (1849-1912). Conçue et dirigée par Luce Pelletier, la production ambitieuse au parti pris affiché sur la misogynie de son sujet cherche à faire entendre et remettre en lumière sa personnalité et celles de ses trois épouses. Or, l’exécution scénique oscille entre des moments de grâce et des choix artistiques confus. 






Crédit photos : Olivier Hardy

Jugé antiféministe, l’auteur de textes encore montés à notre époque, comme Mademoiselle Julie et La Danse de mort ? Pour certaines, la réponse demeure ambivalente, dont l’écrivaine suédoise Ylva Lindberg qui écrit dans son analyse « Strinberg face aux femmes » (parue en ligne et dans la revue Études germaniques) qu’il « n’existe pas une analyse finale de la question de la femme chez Strinberg ». Récemment, la Française Régine Detambel a donné elle aussi une voix à ses trois ex-épouses dans la biographie romancée au vitriol Trois ex. Pour la pièce de l’Opsis, la metteure en scène désirait, dans un premier temps, faire connaître à la fois « le visionnaire qui a rompu avec le naturalisme ». Elle scrute également la psyché des trois épouses, soit l’actrice Siri von Essen (Isabelle Blais), la journaliste Frida Uhl (Marie-Pier Labrecque) et la comédienne Harriet Bosse (Lauriane S. Thibodeau). Pendant une heure et quarante minutes, le spectacle alterne entre la vie conjugale de Strindberg (incarné par deux acteurs à des périodes distinctes de sa vie, Christophe Baril en jeune écrivain et Jean-François Casabonne) et des extraits de certaines de ses œuvres théâtrales. En plus des deux citées précédemment, mentionnons Le Songe, Le Pélican, Le Chemin de Damas et La Sonate des spectres.

Conçue et dirigée par Luce Pelletier, la production ambitieuse au parti pris affiché sur la misogynie de son sujet cherche à faire entendre et remettre en lumière sa personnalité et celles de ses trois épouses. Or, l’exécution scénique oscille entre des moments de grâce et des choix artistiques confus. 

Strindberg s’amorce avec l’annonce de la dernière volonté du dramaturge de répartir ses biens, après son décès, entre ses enfants. Au crépuscule de son existence, ses trois anciennes compagnes apparaissent. Tour à tour, elles souhaitent régler leurs comptes avec cet être à la fois romantique et dominateur.

Pour les gens qui ont vu avec plaisir les réalisations antérieures (et contemporaines) de Luce Pelletier dans le cycle scandinave, comme l’absurde Bientôt viendra le temps de Line Knutzon et Les Enfants d’Adam d’Audur Ava Ólafsdóttir, le traitement de la présente proposition étonne. Ici, la mise en scène se distingue par son raffinement, près du répertoire classique avec des déplacements orchestrés par le chorégraphe Frédérick Gravel. Le résultat s’avère un plaisir pour les yeux, notamment grâce aux magnifiques éclairages de Jocelyn Proulx, à la scénographie sobre de Francis Farley Lemieux et aux élégants costumes de Sarah Balleux.             

Or, pour un projet qui cherchait à redéfinir notre rapport à l’œuvre et à la personnalité ambiguë de l’homme de lettres, une forme aussi sage ne s’harmonise pas tout à fait avec son propos. Les brèves scènes de son répertoire cherchent-elles à apporter un éclairage actuel, alors qu’elles s’apparentent presque à un hommage à l’un des réformateurs scéniques de son époque ? Doit-on juger du travail d’un artiste en raison de ses penchants personnels moins « reluisant » ou séparer l’œuvre de la vie intime, comme le réclament par exemple les défenseurs du talent littéraire de Louis-Ferdinand Céline ? Contrairement à ses trois flammes qui paraissent plutôt unidimensionnelles, la figure de Strindberg révèle davantage un être complexe, bouillonnant et torturé. Ses doutes et angoisses nous le rendent curieusement plus attachant et plus humain. Par ailleurs, l’insertion des segments par les autrices québécoises n’apporte pas toujours une matière propice à l’émergence de la révolte des trois créatrices laissées dans l’ombre. Or, quelques-unes d’elles se démarquent, surtout celles de Marie-Louise Bibish-Mumbu (« Je suis devenue rimes et métaphores, la demi-sœur, la veuve, la louve dans sa tanière… »), Suzanne Lebeau (vibrant monologue où elle ose un « si tu retrouves le courage et les couilles, va-t’en, August ») et Emmanuelle Jimenez (superbe dialogue d’une poésie rugueuse, où par exemple Harriet réplique à son compagnon : « pour toi, être vivant dans un corps est une déchéance »). Ces trois plumes féroces donnent ici à ces héroïnes un élan combatif.

La distribution constitue l’une des réussites de la pièce, chacun des interprètes joue avec justesse, particulièrement une fervente Isabelle Blais, Christophe Baril (une découverte) et surtout un Jean-François Casabonne d’une foudroyante intensité dans la peau de l’écrivain déclinant à la fois vulnérable et démesuré.    

Pour Ylva Lindberg, « il semble que les écrits de Strindberg sur la femme, tantôt virulents et méprisants, tantôt doux et tendres, demeurent une source pour alimenter les débats sur les rôles et les identités possibles d’un homme et d’une femme ». Ce Strindberg reste toutefois trop timide pour véritablement ébranler nos perceptions. Et quant à l’influence du protagoniste sur nos scènes montréalaises, rappelons qu’au printemps 2020, Serge Denoncourt s’attaquera à une nouvelle Mademoiselle Julie.

30-04-2019
 
Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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