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Du 29 avril au 24 mai 2008 du mardi au samedi à 20h
Soirées lève-tôt : jeudi 1er mai, représentation à 19h suivie d'une discussion et samedi 3 mai, représentation à 17h

Burlesque

Maîtrise d'oeuvre : Jean Asselin
Accessoires et scénographie : Jasmine Catudal
Lumières : Mathieu Marcil
Avec Francine Alepin, Catherine Asselin-Boulanger, Jean Asselin, Réal Bossé, Guillermina Kerwin, Denys Lefebvre, Sylvie Moreau et François Papineau

Burlesque ne se contente pas de produire des effets comiques; il en décortique les causes, la mécanique, le « timing » et les raisons, lesquelles sont toutes bonnes. La manière, elle, n’a rien d’intello; c’est du drolatique visuel, des gags ultra corporels, un rire à l’Omnibus. Burlesque est un collectif de huit individus, artistes du corps, qui portent mutuellement et indéfectiblement la responsabilité de leurs drôleries au triple titre de l’imagination, de la réalisation et de l’interprétation.

Si on tolère d’avoir l’air aussi concombres qu’on l’est, on va s’amuser…

PROPOSITION THÉÂTRALE
Burlesque prend la forme de fragments cousus les uns aux autres par des liens qui débordent la simple succession ou le hasard pour suggérer un déterminisme divin. S’il n’y avait pas le repos au bout du travail, la nuit pour consoler du jour, on en pleurerait plutôt que d’en rire. Le mot est lancé. Burlesque ne se contente pas de produire des effets comiques; il en décortique les causes, la mécanique, le « timing » et les raisons, lesquelles sont toutes bonnes. La manière, elle, n’a rien d’intello; c’est du drolatique visuel, des gags ultra corporels, un rire à l’Omnibus.

Une création Omnibus le corps du théâtre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

 

par Mélanie Viau

1er juillet, Montréal est sens dessus dessous. Les boîtes de carton, habitacles de ce jour pour tous nos trésors, nos bébelles, nos petits «chez nous», virevoltent comme des ballerines. On s’enfarge, on s’essouffle (on est moins fort que l’on pense), on est pris dans le tourbillon de nos valeureux objets qui, dans ces moments, semblent se bidonner de notre tentative complètement dérisoire de vouloir garder la maîtrise dans l’échange de nos espaces de vie avec des étrangers chargés à bloc. Un jeu d’espace, celui que l’on quitte et celui qu’on braconne de force (horaire de la journée oblige), celui du grenier veillant sur les souvenirs et celui de la cave aux ombres qu’on ne voudrait pas emmener. C’est à moi ou à toi ? Allez vite, vite du balai ! Pout ! Pout ! Je garde ton manteau …

Burlesque, c’est tous ces numéros bidons auxquels on se prête sans trop le voir quand vient le temps d’immigrer, la famille et le décor avec, dans un autre lieu où l’on pourra continuer d’amasser les tonnes de petits riens qui nous définissent comme individu. Ici, deux Fatries se donnent au jeu : les Patates, rustiques, rudes (pour la classe… on va repasser), bien solides, bien ancrés, pas trop fute-fute et traînant de la patte pour vider les lieux, et les Branchés avec leurs gadgets, leur gros pick-up rouge, des vrais «voisins gonflables», casse-cous, pas délicats pour un sou, envahisseurs, stridents et libidineux juste au bon moment. C’est la folie de la délocalisation et la joyeuse bande d’Omnibus, performante, volontaire dans ses belles grimaces et débordante d’espiègleries, nous entraîne dans cette fresque complètement dingo en exploitant au maximum toute la gamme du comique que peut créer l’alliage tordu d’une mécanique entre le corps et l’objet. Ici, la dramaturgie fait un pied de nez au textuel, laissant le corps produire la trame ; tout est images en mouvement, et par toute la dynamique des conjonctions et disjonctions qu’entretiennent les personnages entre eux, on arrive à bien suivre le fil de leur aventure. Avec le pouvoir du mime, l’ensemble prend l’allure d’un vrai beau bordel chorégraphié avec soin, chaque geste contenant sa propre teneur poétique, le tout ouvert à l’imaginaire, à l’interprétation. Le son participe également à cette frénésie esthétique : sans musique (les distorsions d’une radio donnent l’ambiance au garden party), la sonorité ambiante est celle de matériaux (de la styromousse qui claque, du papier, des coups de pied, un corps assommé sur un mur…tient il y avait un mur) et par-ci par-là des rumeurs basses, des commentaires, des injures. Augmentée des rires croulant avec plaisir dans la salle, l’ambiance est d’humeur festive.

Le public se fait face, s’épie. Le spectacle est un jeu de regards, où chacun tente avec énergie, assis sur le bout de son siège, de voir tous les détails, les ruses, les confusions et microconflits qui se déroulent dans l’aire de jeu. Il est d’ailleurs très rigolo de voir ses compères taper sur l’épaule de leur voisin pour lui pointer du doigt une séquence que celui-ci a loupée pour en regarder une autre. Créateurs, improvisateurs, gamins sur les bords, les huit comédiens (le maître d’œuvre Jean Asselin en fait d’ailleurs partie), dont l’âge et les divers parcours ne peuvent que les unir davantage, font preuve d’un immense amour du jeu et le font partager dans ce lieu ouvert à toutes les expérimentations. Acrobates dans les hauteurs, clowns parce qu’ils le sont indéniablement, danseurs par expertise, imitateurs de vous et de moi, le travail du corps est davantage un travail d’anthropologue qu’une démonstration de virtuosités. Un travail partant de l’objet présent, du banal, du futile. Des objets d’usage, ceux qui, étrangement, ont ce je-ne-sais-quoi qui fait qu’on se les dispute, les brise, les berce, les embrasse, les engueule....

Rassurez-vous, si vous avez la forte impression dès le début du spectacle que cette performance ne sera qu’une longue suite de gags et de «recherches» sur la manipulation ludique de ce qui décore notre home sweet home, sachez que jamais ces gags ne tombent à plat dans la complaisance. Chaque moment atteint l’effet escompté, il ne faut que se laisser aller à la plaisanterie. Après tout, il faut savoir rire de soi.

03-05-2008