Du 25 mars au 19 avril 2008 - du mardi au samedi à 20h30, 3 avril 19h
Soirée lève-tôt : jeudi 3 avril, représentation à 19h suivie d'une discussion.
Sacré Coeur
Texte de Alexis Martin et Alain Vadeboncoeur
Mise en scène d'Alexis Martin
Avec Muriel Dutil, Hélène Florent, Jacques L’Heureux,
Alexis Martin, Luc Picard
La pièce Sacré Cœur : une incursion dans le domaine de la médecine d’urgence. Une salle d’urgence moderne, dans une ville comme Montréal : un seuil, entre la vie et la mort, un habitat hautement métaphysique, où le médecin urgentologue reçoit et traite des êtres en proie à l’ultime angoisse, celle qui fonde toute notre vie : la mort anticipée depuis toujours, qui se présente en habit du dimanche ou encore en bleu de travail…
Décor et accessoires : Francis Farley-Lemieux
Costumes : Catherine Gauthier
Éclairages : André Rioux
Vidéo : Yves Labelle
Environnement sonore : Nancy Tobin
Direction technique : Jean-François Landry
Régie : Jean Duchesneau
Assistance à la mise en scène : Isabelle Gingras
Une production du Nouveau théâtre expérimental
Entrée 23$
Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191
par Aurélie Olivier
C’est dans un service d’urgences que le Nouveau Théâtre Expérimental (NTE) nous transporte cette fois, sous l’impulsion d’Alexis Martin et de son ami d’enfance, le Dr Alain Vadeboncoeur, auteurs du texte. Sur scène, plusieurs rideaux délimitent différents espaces dans lesquels les patients s’entassent, leur donnant un semblant d’intimité, comme à ceux qui patientent dans les corridors des hôpitaux québécois. Quand il n’est pas demandé en salle de choc, pièce centrale de l’urgence, où sont réanimés les patients, Le Dr Papineau (Luc Picard) va de l’un à l’autre, sans un instant de répit.
Inspirées par un praticien des urgences, les situations dépeintes sont bien entendu crédibles, ainsi que l’est l’univers créé sur scène. Conformément à l’habitude du NTE, les éléments loufoques sont aussi présents dans le spectacle, par l’intermédiaire de vidéos projetées sur des télévisions disposées dans la salle. Le directeur des communications du Centre hospitalier Sainte-Croix, sourire vissé sur les lèvres, nous fait ainsi faire une visite guidée de son établissement et le Dr Denis Zoubris (Pierre Lebeau), psychiatre, nous offre des cours de psychologie dans le cadre d’une « université populaire », avec un accent grec et un regard pénétré. Hilarant.
Malheureusement, ces moments cocasses ne suffisent pas à nous faire oublier les longueurs du spectacle. Outre le grand nombre de situations présentées, qui fait s’étendre l’ensemble sur plus de deux heures, les dialogues sont assez peu percutants. Le poète délirant nous assomme de ses vers tandis que la descente aux enfers du Dr Papineau (Luc Picard), étouffé par la culpabilité après un mauvais diagnostic, patine. De plus, il manque un fil conducteur qui donnerait une unité au spectacle. La romance en toile de fond entre le médecin et l’infirmière (Hélène Florent) n’y parvient pas et on a le sentiment d’assister à une succession de sketches plutôt qu’à une pièce de théâtre.
Avec seulement cinq comédiens, ce spectacle parvient toutefois à nous faire ressentir la congestion qui règne dans les services d’urgence, la surcharge de travail des médecins et du personnel médical, la tension à laquelle ils sont soumis. S’ils ont quelques difficultés à manier les instruments de réanimation, les comédiens n’en sont pas moins épatants de justesse. Un grand bravo à Muriel Dutil, qui se métamorphose avec brio de scène en scène et incarne quelques personnages assez savoureux, notamment une sociologue hypocondriaque et une femme âgée déboussolée qui vient aux urgences pour avoir de la compagnie.
Dédié aux infirmières et aux infirmiers d’urgence du Québec, de jour, de soir et de nuit, ce spectacle a le mérite, sinon de présenter un réel intérêt dramaturgique, du moins de nous faire découvrir une profession difficile à laquelle nous devons beaucoup. Espérons qu’il suscitera des vocations!
28-03-2008