Du 16 octobre au 1er novembre 2008*
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Le pensionnatLe pensionnat

Texte de Michel Montyavec la complicité de Claude Boivin et Yvon Dubé
Mise en scène de Michel Monty
Avec Shadoe Boivin, Yvon Dubé, Adamo Duchesne, Jean-Michel Duchesne, Justin Laramée, Steven Rocheleau, Mathieu Richer et Warren Robertson.

Un matin d’octobre, Joseph Dubé, un Amérindien dans la cinquantaine, reçoit un formulaire de réclamation financière du gouvernement fédéral pour les torts subis pendant son séjour forcé dans un pensionnat pour autochtones. Il décide alors de revisiter le chemin miné de son enfance en se rendant dans le pensionnat désaffecté qu’il a fréquenté durant les années soixante. Des souvenirs troubles viennent le hanter et, peu à peu, les fantômes de son passé prennent vie sous la forme de sept adolescents amérindiens qui incarnent ses anciens camarades au Pensionnat.

Dans une série de tableaux oniriques et évocateurs, on plonge dans l’atmosphère aliénante d’un pensionnat en 1967 pour y découvrir cette méthode d’assimilation imaginée par les autorités politiques, administrée par des religieux.

Pour la première fois sur une scène professionnelle, des adolescents autochtones revisitent ce passé tragique qu’ont connu leurs parents, grands-parents et arrières grands-parents.

PROPOSITION THÉÂTRALE
En contrepoint des scènes sans texte et incarnées par les adolescents, Joseph s'adresse au public et aborde la question de l'identité et de l'Histoire de l'Amérique dans une perspective amérindienne. Des chaises-pupitres d'écoliers et des lits de dortoirs sont manipulés par le chœur pour évoquer la vie au pensionnat. Dans le décor épuré s'incrustent des projections de films d'archives, comme fragments d'une mémoire plus ancienne. Le pensionnat dévoile une écriture scénique plus que littéraire, un théâtre brut et sensoriel.

Musique originale et bande sonore : Jean-François Pednô
Éclairages : Anne-Marie Lecours
Décors et accessoires : Patricia Ruel
Contenu vidéo et montage : Pierre-Étienne Lessard.

* Du mardi au vendredi à 20h
Le samedi 1er novembre à 16h et à 20h
Jeudi lève-tôt le 23 octobre à 19 h, suivi d'une discussion

Coproduction Transthéâtre www.transtheatre.com + Plume blanche
Codiffusion Espace Libre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

par Gabrielle Brassard

L’histoire du sort réservé aux Amérindiens du Québec n’est inconnue à personne. En plus de les chasser de leur territoire et de tenter de les christianiser, on leur enlevait leurs enfants, dès l’âge de six ans, afin de les mettre en pension pour les assimiler et forcer la sédentarisation des autochtones. C’était la Loi sur les Indiens, prévue par le gouvernement fédéral ainsi que les communautés religieuses qui dirigeaient d’une main de fer les « pensionnats des indiens ».  Telle est la prémisse de la nouvelle pièce de l’Espace Libre, Le Pensionnat, de Michel Monty.

Pour une rarissime fois au théâtre, ce sont de réels enfants qui sont au cœur de cette œuvre pour le moins innovatrice et originale. Shadoe Boivin, Adamo Duchesne, Steeven Rocheleau, Mathieu Richer et Warren Robertson interprètent cinq petits « sauvages » internés dans un pensionnat au début des années cinquante, dirigé par le très sévère et austère frère Justin (Justin Laramée). L’histoire débute par le retour du narrateur  (Yvon Dubé, l’indien de service dans Venise-en-Québec, d’Olivier Choinière), dans la pension où il est resté pendant dix ans. Le spectateur revit donc avec le narrateur quelques jours dans la vie des cinq enfants, qui étaient alors ses amis.

La mise en scène de ce spectacle est sans aucun doute l’élément le plus intéressant de cette nouvelle œuvre de TransThéâtre. Le frère Justin, par exemple, interprété avec brio par Justin Laramée, complice de la mise en scène, n’ouvre pas la bouche de tout le spectacle. Il joue donc de manière très physique, et sa voix est toujours hors champ. Cette dernière est celle de Patrice Coquereau, parfaite et très humoristique dans cette ambiance parfois lourde, surtout dans les moments de prière, omniprésents. Les cours d’histoire constituent un moment savoureux, tout en étant troublants, par la propagande « antisauvage » et la manipulation des faits pour mettre à leurs avantages les blancs qu’on y fait. Les enfants parlent également très peu, l’écho du mélange de leurs voix résonnant majoritairement en hors-champ. Leur jeu relève plutôt des non-dits, de chorégraphies routinières et d’émotions contenues.

Le Pensionnat aurait pu être une pièce lourde, larmoyante et remplie de préjugés et de stéréotypes compte tenu du sujet. Au contraire, basée sur les témoignages véridiques de Yvon Dubé et Claude Boivin, Le Pensionnat s’avère une œuvre très humaine, sans sombrer dans le trop-plein d’émotion, et sans nous mettre complètement mal à l’aise. Le lieu, les décors et la très sobre mais délicate et excellente performance des enfants en fait une pièce intéressante et, surtout, nécessaire, traitant d’un aspect moins connu de l’histoire de ceux qui étaient là bien avant nous.

26-10-2008
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