Du 19 mars au 4 avril 2009
Les samedis 28 mars et 4 avril à 16h et à 20h
Jeudi lève-tôt le 26 mars à 19h, suivi d'une discussion.
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Sauce brune

Texte et mise en scène de Simon Boudreault
Avec Johanne Fontaine, Anne Paquet, Marie-Ève Pelletier, Catherine Ruel

Dans une cantine d'école secondaire, où la vie routinière est ponctuée par les menus du jour de la semaine, quatre cantinières aussi différentes qu'incompatibles se racontent à travers leur humour douteux, leurs petites cruautés et leurs efforts pour se sortir de la sauce. Au fil des « spaghatti » sauce à la viande et des « fantaisies de smarties », elles livrent avec une impudeur désespérée une intimité déroutante qui ne trouvera d'écho que dans le fond de leurs chaudrons englués de brun. Cette pièce, qui oscille entre comédie grossière et tragédie humaine, se réclame surtout de la comédie brune...

PROPOSITION THÉÂTRALE
Sauce brune propose une langue québécoise où la majorité des mots sont remplacés par des sacres. Les sacres y deviennent qualificatifs, adverbes, compléments, verbes et interjections. Dans un réel surdimensionné, les personnages tentent tant bien que mal de faire comprendre ce qu'ils ressentent, avec une langue atrophiée où les mots sont devenus vides de sens. Avec Sauce brune, nous nous questionnons sur l'ambition, la compétition malsaine, le désir insatiable d'être accepté, l'incommunicabilité, les comportements paradoxaux qui nous font souvent frapper sur le plus faible, et ce, en s'appuyant sur des images vulgaires, ridicules et parfois burlesques.

Assistance et régie Emmanuelle Nappert
Décor Félix Ruel
Éclairages Frédéric Martin
Conception musicale et sonore Michel F. Côté

Production Simoniaques Théâtre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

par Gabrielle Brassard

Qui n’a jamais mangé à la cafétéria de son école secondaire? Du pâté chinois, des egg rolls douteux, du gâteau blanc, le même que la veille, mais avec une garniture différente? Leur adressant rarement un regard, et encore moins un merci, les adolescents ingrats ne savent pas ce qui se passe derrière la confection de leur hamburger steak nappé de sauce brune.

La salle de l’Espace Libre se transforme donc en une cantine d’école secondaire, dans laquelle on retrouve la « chef-cook » colorée Armande, et ses trois assistantes : Sarah, une grande coincée au franc-parler, Cindy, la « guidoune » de service qui, entre deux carottes, raconte sans aucune gêne ces histoires sexuelles, et Martine, femme battue aux airs de « chien piteux ». Quatre femmes, plus fortes les unes que les autres, incapables d’aligner une phrase sans y placer trois ou quatre sacres, mais se comprenant pourtant dans leur jargon.

Ces femmes, qui n’ont rien d’autre que leur travail, passent leurs journées au rythme des repas du midi à préparer, de blagues de plus ou moins bon goût et de prises de bec qui traduisent une grande affection et une proximité inégalée. Le spectateur s’attache à ses personnages, qui ne sont pas si loin de la réalité. Même les sacres semblent harmonieux dans cette atmosphère un peu glauque, meublée par le son de couteaux qui coupent, du fameux chaudron de sauce brune et les petites quotidiennetés de la vie de cafétéria, avant l’arrivée des jeunes.

Johanne Fontaine est absolument remarquable en « chef-cook », elle offre de loin la meilleure performance, malgré le charisme tout aussi égalé des autres personnages. Le décor, simple et épuré, rend bien l’ambiance de la cantine typique, avec des éclairages blafards et des comptoirs en métal, qui se déplace un peu partout dans l’espace tout au long de la pièce. Toute une semaine passe pendant l’heure et demie de la pièce, ponctuée par les menus de chaque jour. Anne Paquet (Sarah), Catherine Ruel (Martine, très émouvante) et Marie-Ève Pelletier (Cindy) rendent bien leur personnage, tous aussi uniques les uns que les autres.

On n’attend rien de cette pièce, mais finalement on y rit, parfois un peu jaune, on aime ces femmes empreintes d’humanité et on en ressort agréablement surpris.

30-03-2009
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