Du 10 au 20 mars 2010
Du mardi au samedi à 20 h
Le jeudi 18 mars à 19 h, suivi d'une discussion
Le vendredi 19 mars à 18 h 30
Le samedi 20 mars à 15 h

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L'Énéide

Auteur et mise en scène Olivier Kemeid (d'après Virgile)
Avec Marie-Josée Bastien, Simon Boudreault, Eugénie Gaillard, Geoffrey Gaquère, Johanne Haberlin, Jacques Laroche et Étienne Pilon

Fuir pour survivre : tel est le triste sort de celui qui court de rue en rue, portant son père sur les épaules et tenant son enfant par la main. Mais il n’est pas seul. Il est un parmi ceux qui, partout dans le monde, laissent derrière eux villes et villages à feu et à sang, pour se lancer à la recherche d’un hypothétique havre de paix. Car, à l’image de ce boat people avant l’heure que fut Énée, lui aussi condamné à l’errance pour trouver une terre à son fils, ils n’ont qu’une idée en tête : poser leurs bien maigres bagages sur une rive un peu plus hospitalière.

PROPOSITION THÉÂTRALE
Bien loin des héros aux destinées toutes tracées par les dieux, les personnages de cette version singulière de L’Énéide ressemblent davantage à ces déracinés qui croupissent dans les camps ou qui se lancent à l’assaut des barrières que d’autres hommes dressent sur leur route. Les Trois Tristes Tigres ont à cœur l’exploration d’une dramaturgie épique. Il ne s’agit pas d’une adaptation : si le mythe de L’Énéide reste le matériau de base, Olivier Kemeid projette sa propre histoire, celle de sa famille, celle de l’émigration de bien des exilés. Avec leurs seuls accessoires, les émigrés racontent leur histoire et réinventent un monde : le leur. Le nôtre.

Assistance et mise en scène et régie Stéphanie Capistran-Lalonde
Décor et accessoires Jasmine Catudal
Costumes Romain Fabre
Éclairages Étienne Boucher
Musique Philippe Brault

23 mars 2010 à Sherbrooke à la Salle Maurice-O'Bready
27 mars 2010 à Jonquière au Théâtre La Rubrique
3 avril 2010 à Terrebonne au Théâtre du Vieux-Terrebonne

Production Trois Tristes Tigres
Codiffusion Espace Libre
Le texte de L'Énéide est publié chez Lansman

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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Dates antérieures

Du 29 novembre au 19 décembre 2007, Espace Libre
Mis en lecture au Festival d'Avignon,
au festival des Francophonies en Limousin,
au festival Blickwechsel / Regards croisés de Karlsruhe(Allemagne), où il remporta le Prix du jury,
puis à New York au hotINK Festival.

par Aurélie Olivier

L’Énéide est une histoire d’exil : fuyant Troie en flammes avec sa famille, Énée erre pendant sept ans par les terres et les mers, affrontant mille épreuves, survivant à un naufrage, avant de trouver un lieu où s’établir, l’Italie.

Lui-même petit-fils d’exilé (son grand-père a quitté une Égypte à feu et à sang en 1952), c’est en se penchant sur ses origines qu’Olivier Kemeid dit avoir eu l’idée de ce spectacle. De l’épopée de Virgile, il ne garde que l’essence et le nom de certains personnages, dont Énée, le héros (Emmanuel Schwartz), Créüse, sa femme (Eugénie Gaillard), Achate, son ami (Geoffrey Gaquère) et Anchise son père (Simon Boudreault). Pour le reste, on se situe résolument au 21e siècle. À la quête désespérée d’une terre où s’établir se superposent des vacances dans un tout-inclus à la plage, une confrontation avec une agente d’immigration, des camps de réfugiés où l’on est parqué pendant des mois, un voyage en train, une rencontre avec un graffiteur, un squat dans un immeuble désaffecté, etc.

Chassés de chez eux, luttant pour survivre et sachant bien qu’ils resteront toujours des exilés, c’est en pensant à leur descendance que les personnages de la pièce se battent pour trouver une terre d’accueil. À défaut des dieux, ce sont les services d’immigration qui décident de leur destin. Une vie suspendue à un tampon au bas d’une feuille…

Outre son texte, percutant, à la fois tragique et plein d’humour, la mise en scène d’Olivier Kemeid est d’une grande qualité. Il faut dire qu’il a su bien s’entourer puisque plusieurs des comédiens sont également metteurs en scène. Kemeid n’hésite pas à dire que sa troupe a aussi contribué au texte, même si celui-ci avait été largement écrit lors d’une résidence d’écriture en Avignon, durant l’été 2007. La preuve que le travail d’équipe peut produire des merveilles.

Pour tout décor, une estrade de bois, et deux grandes bâches qui pendent du plafond. Au sol, du sable. Dans cet environnement dépouillé, quelques accessoires et des jeux de lumière suffisent à créer un nouveau lieu. S’ils seront peut-être considérés comme un peu trop léchés par certains, les éclairages d’Étienne Boucher n’en sont pas moins de toute beauté. Durant tout le spectacle, la scène est à moitié plongée dans l’ombre, quelques spots étant dirigés sur les comédiens (ce qui implique beaucoup de précision dans les placements) avec des halos derrière les bâches. Les bleu évoquent la mer, les orange les flammes, les rouge l’enfer, des flashs rapides un train qui passe.

Les vingt-sept personnages de la pièce sont incarnés par sept comédiens, qui restent en permanence sur scène, se changeant sous nos yeux, sans que cela parasite notre regard, au contraire. Des comédiens dont il faut souligner l’immense talent. Entre autres, car on ne peut tous les citer, Marie-Josée Bastien et Johanne Haberlin nous offrent plusieurs scènes criantes de vérité et d’émotion.

L’Énéide est décidément un très beau spectacle, intelligent, poignant et admirablement produit, qui rassemble de jeunes artistes talentueux. À voir.

02-12-2007
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