Du 30 mars au 24 avril 2010
Du mardi au vendredi à 20 h
Le jeudi 8 avril à 19 h, suivi d'une discussion
Le vendredi 9 avril à 18 h 30
Les samedis à 16h

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La fin

Texte Alexis Martin
Mise en scène Daniel Brière
Avec Marie Brassard, Daniel Brière, Michel Charette, Sharon Ibgui et Alexis Martin

La fin : celle des chagrins comme celle des festins… Le salon funéraire, le quai de gare, le dernier match de la saison; la fin des haricots, celle de la planète Terre, la catastrophe appréhendée et ses zélateurs, une secte millénariste, le dernier repas, la FIN dans tous ses états. Une étude sur ce qui nous obsède à juste titre dans l’idée de finalité puisque, ce qui donne une épaisseur et une densité à la vie humaine, c’est bien son projet inscrit dans l’horizon de sa mortalité.

Le discours apocalyptique est en vogue, et Brière Martin vont tenter de démonter cet étrange animal dont les ressorts sont tantôt fantasques, tantôt dramatiques, mais toujours drôles quand on s'y attarde un peu avec l'esprit gouailleur qui a fait la renommée du NTE : foin des tristes, des mines basses, et des fâcheux; et vive le vin, l'amour et les femmes.

PROPOSITION THÉÂTRALE
Un sujet lourdaud? Nenni! Fichtre, on va vous bidouiller ça à la sauce NTE, pléthorique et pas chagrine du tout, un show florilège de moments, de sketchs, de personnages qui empilent les avanies et les coups sûrs, qui manifestent le bon et le mauvais goût nécessaires à toute bonne soirée en notre compagnie… Cinq comédiens qui convoquent 43 personnages au Grand Bal de l’emporte-pièce!

Décor Michel Ostaszewski
Costumes Claire Geoffrion
Éclairages Nicolas Descôteaux
Musique originale Nano Peylet
Traitement et design sonore : Benoît Durand-Jodoin
Régie Stéphanie Capistran-Lalonde
Direction technique Sébastien Béland
Direction de production Isabelle Gingras

Production Nouveau Théâtre Expérimental

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

par David Lefebvre

C'est avec un regard tout aussi poétique, intellectuel, tangible et impalpable qu'Alexis Martin réfléchit sur la finalité des choses. Non pas seulement sur la fin, indéniable, mais aussi, et surtout, sur les changements que cette réalité engendre. C'est ainsi que le texte de Martin aborde la finitude ou la métamorphose de l'identité, tout aussi sexuelle, culturelle, journalistique que nationale. S'inspirant avec raison du philosophe grec Empédocle, qui clamait que tout se transforme, par l'amour et la haine, qu'il n'y a ni naissance ni mort, Alexis Martin propose de s'arrêter un moment et de réfléchir sur notre monde bouleversé, entre deux vagues déferlantes, entre le rationnel scientifique et l'irrationnel émotionnel.

Plusieurs personnages, interprétés par Alexis Martin, Daniel Brière, Sharon Ibgui, Michel Charette et Marie Brassard, se rencontrent et se fréquentent, sur scène, dans un bar, une station de radio, chez un couple. La mort d'idées, de concepts et de personnes chers sont au coeur des vies de ces thanatologues, scénaristes de films catastrophes, journalistes, producteurs, philosophes, chercheurs. Leur discours est tout aussi imprégné d'humour et de sensibilité que de questions, de doute, de néant. Le concret de leur situation est en transmutation, et chacun d'entre eux se voit dépossédé, chamboulé. Le lecteur de nouvelles résiste contre les changements de la station, qui désire élargir son auditoire au détriment de la nouvelle (deux scènes au propos d'une pertinence exceptionnelle). Sa copine ne comprend plus son propre corps. Une anthropologue du futur fait une allocution devant la communauté chinoise et présente un spécimen d'une culture pratiquement disparue, aux paroles rappelant parfois celle d'Yvan Bienvenue. Un penseur, ami du couple, vient faire avancer la réflexion. Et la certitude de la réalité d’un journaliste est mise en doute jusqu'au CERN, où il confronte ses croyances scientifiques à celles des suppositions, des expériences, des paradoxes.

La mise en scène de Daniel Brière permet à la parole de rejoindre aisément le spectateur, en ne s’enlisant pas dans un flafla impossible. On flirte, comme le NTE à l’habitude de le faire, avec le low-tech, se servant de projecteurs portables, d’ombres simples, mais surtout en s’appuyant sur le grand talent des comédiens en scène. La vidéo, technique qui devenait une signature de plus en plus présente dans ses plus récents spectacles, y est presque absente ; en fait, elle se résume en une seule projection de phrases malheureusement souvent illisibles,  sur un grand carton porté à bout de bras, rappelant le cinéma muet. Du plafond coule en permanence une substance grisâtre, visqueuse, malléable, qui s’écrase et se répand sur la grande table ronde et que l'équipe a baptisé "schnoutte" et dont ils se barbouillent le corps dès le début. Cette boue semble représenter la matière première, organique, mais aussi le temps qui passe, qui se transforme, qui englue l'homme.

La fin, d’une poésie tout aussi scientifique que classique, interroge et s’attarde de façon tout aussi ludique que philosophique sur la continuité de la mort, de la non-mort, de la fin d'un monde, des rapports entre les humains et leur univers. On se laisse transporter par les idées, qui nous ébahissent ou nous laissent pensifs.

31-03-2010
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