Du 7 au 23 janvier 2010
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Gestes impiesGestes impies (et rites sacrés, cérémonie baroque en plusieurs tableaux)

Texte de Françis Monty, Marc Mauduit, Mathieu Gosselin
Mise en scène de Francis Monty
Avec Marcelle Hudon, Mathieu Gosselin, Marc Mauduit, Denys Lefebvre, Anne-Marie Levasseur, Céline Brassard et Alexandre Leroux

Alors que le ciel, depuis longtemps, est vide, et que se sont peu à peu effrités les anciens rites, les hommes peinent à habiter le monde. Certains d’entre eux, traversant l’existence à tâtons, ne sachant plus célébrer les passages (comment devenir adulte?, comment aller vers l’autre?, comment aimer, expier, mourir?), cherchent tout de même à retrouver, par la fabrication de rituels nouveaux, un peu de leur humanité. À travers une « cérémonie baroque en plusieurs tableaux », c’est ce désir d’échapper à l’émiettement de la signifiance et de renouer avec l’autre que donne à voir la Pire Espèce.

PROPOSITION THÉÂTRALE
Fidèle à l’esthétique de bric et de broc qu’on lui connaît, la Pire Espèce, cette fois, foule des rivages oniriques. Enchevêtrant différentes formes scéniques (théâtre d’objets, ombres, jeu clownesque, danse), la compagnie, dans un nouvel esprit fellinien, fait faire un pas de côté à la réalité. Immergées dans un environnement qui rend audible la « mémoire murmurante des êtres », les images s’assemblent en d’étranges associations : orchestre de cirque am­bulant, hommes mécaniques et créatures célestes s’amalgamant dans une suite baroque et surréalisante de tableaux.


Le jeudi 14 janvier à 19 h, suivi d'une discussion
Le vendredi 15 janvier à 18 h 30
Le samedi 23 janvier à 16 h et 20 h

Gestes impiesAssistance à la mise en scène Manon Claveau
Décor Jonas Bouchard
Costumes et accessoires Julie Vallée-Léger
Éclairages Martin Sirois
Compositeur et bruitiste Nicolas Letarte
Conseiller artistique Olivier Ducas
Conseiller chorégraphique Frédérick Gravel
Direction technique et de production Sébastien Béland
Photos : Manon Claveau

Carte Premières
Date Premières : du 7 au 13 janvier 2010
Régulier 27$
Carte premières : 13,50$

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Production Théâtre de la Pire Espèce
Coproduction Festival TransAmériques
Codiffusion Espace Libre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

par David Lefebvre

Les ingénieux créateurs du Théâtre de la Pire Espèce nous proposent, avec Gestes Impies, le plus ambitieux projet de leur répertoire : un plus grand plateau qu’à l’habitude, sept comédiens (Marcelle Hudon, Mathieu Gosselin, Marc Mauduit, Denys Lefebvre, Anne-Marie Levasseur, Céline Brassard et Alexandre Leroux), trois auteurs (Mathieu Gosselin, Marc Mauduit et Francis Monty) et un spectacle de plus d’une heure cinquante. Véritable métaphore de la vie moderne, Gestes Impies aborde la perte des repères, la désacralisation et ses conséquences, la symbolique des gestes, des cérémonies, la recherche de la transcendance, de la transformation. C’est le désir d’un ciel qu’on ne peut plus apercevoir, caché derrière des nuages gris qui déshumanisent l’être perdu.

Cabaret de l’étrange, à mi-chemin entre Fellini, Lynch et Gillian, la plus récente production de la Pire Espèce nous entraîne dans une multitude de tableaux, drôles, absurdes, touchants, poétiques. Véritable laboratoire, Gestes Impies est une immersion dans l’expérimentation théâtrale, et ce, à tous les niveaux. Tout d’abord, dans le jeu : on perçoit aisément chez plusieurs personnages un côté burlesque, clownesque, mais tout à fait moderne. Chez d’autres, cette recherche se concentre sur une poésie du corps, du geste, du langage. Un démembrement, une exagération, une métamorphose. On s’invente de nouveau, on joue avec la démesure, la naïveté, l’exubérance. Les comédiens participent activement, et leur personnage, qu’il soit dans la lumière ou dans l’ombre, joue toujours un rôle important sur scène. La danse fait aussi partie de cette recherche de la transcendance.

Dans ce spectacle carnavalesque, le théâtre d’objet prend un sens métaphorique particulier. Les créateurs utilisent une matière malléable mais fragile, qui vient parfaitement se coller à l’ensemble de la production : le papier. Des masques représentant un visage indécis ou des cônes rappelant le faciès d’énormes oiseaux, jusqu’à des costumes complets, en passant par des membres atrophiés, des ailes ou une trompe d’une créature glauque, le papier est omniprésent. Son état éphémère, friable, est à l’image de l’âme humaine, des rêves envolés. Le papier permet ici aux comédiens de transposer l’émotion à un objet, de l’accentuer, de la triturer, de la détruire. Et on aime le côté paradoxal de la matière : elle est contraignante, mais offre des possibilités presque illimitées. À noter, le merveilleux clin d’œil à l’entrée : un programme sur papier chiffonné.

Gestes Impies éblouit aussi par le travail effectué sur le plan visuel. Les éclairages de Martin Sirois viennent parfois surprendre le spectateur : lumière sous une chaise, trait lumineux en fond de scène, théâtre d’ombres, le visuel nous accroche tout autant que l’histoire. Le moment le plus étonnant est sans doute la scène où un personnage, en quête, entre avec sa valise, d’où jaillit la seule source de lumière, qui vient totalement recréer un décor en angle quand le comédien la bouge – superbe effet. L’environnement sonore n’est assurément pas en reste : l’oreille est constamment stimulée par le bruitage ou la musique, en direct, créée par des instruments non conventionnels, actionnés par une troupe de cirque ambulant, rappelant Huit ½. La musique nous fait découvrir le talent de certains comédiens, dont, entre autres, celui d’Anne-Marie Levasseur. N’oublions pas cette voix hors champ, celle du metteur en scène Francis Monty. Sorte d’anti-Dieu, le personnage de Monty calme les ardeurs, contrôle la situation et fait se confier au microphone les différents personnages.

Gestes impies est possiblement le spectacle le plus onirique, le plus créatif de la jeune compagnie qui nous étonne encore et toujours. Courts récits, fragments de réalité et de rêves qui se percutent pour former un univers baroque, les tableaux surréalistes sont reliés entre eux par de petits fils blancs ou par la simple interprétation de chaque spectateur. Un étrange voyage au cœur de la renaissance de rites nouveaux et du reste de l’humanité.

09-01-2010
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