Du 18 février au 6 mars 2010
Du mardi au samedi à 20 h
Le jeudi 25 février à 19 h, suivi d'une discussion
Le vendredi 26 février à 18 h 30
Les samedis 27 février et 6 mars à 16 h

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Silence radio

Texte collectif
Mise en scène de Geoffrey Gaquère
Avec Amélie Bonenfant, Sophie Cadieux, Rose-Maïté Erkoreka, Mathieu Gosselin, Renaud Lacelle-Bourdon, Anne-Marie Levasseur, Lise Martin, Éric Paulhus et Simon Rousseau

Dans une grande métropole, nous suivons les trajectoires d’hommes et de femmes à un moment charnière de leur existence. Ces funambules ordinaires se retrouveront devant un choix : marcher droit devant ou faire un pas de côté. Parmi eux, une jeune fille trempée, un voyant charlatan, une cosmonaute russe et un homme obsédé par les théories du complot. Cette œuvre chorale questionne le désir d’ascension des humains et les dangers inhérents qu’il comporte.

PROPOSITION THÉÂTRALE
En donnant la parole à tous les membres de la Banquette arrière par la voix de l’écriture collective, nous choisissons un parcours différent de celui qui a mené à l’ensemble de nos spectacles précédents. Un processus qui oblige chacun des participants à se positionner franchement sur les enjeux de la pièce et sur sa place, en tant qu’artiste, dans une collectivité. Avec Silence radio, nous avons envie d’attirer l’attention de nos contemporains sur ce bleu infini au-dessus de nous, ce ciel qui nous voit naître et mourir. Nous avons aussi envie de questionner un mythe fondateur, celui d’Icare. De quoi sont faites les ailes des hommes actuels?  Qu’est-ce qui les consume?  Qui est Icare en 2009?

Carte Premières
Date Premières : du 18 au 23 février 2010
Régulier 27$
Carte premières : 13,50$

Production Théâtre de la Banquette arrière
Codiffusion Espace Libre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

par Mélanie Viau

Au commencement était le mythe d’Icare. Était l’ascension d’Icare jusqu’au Soleil. Mais l’Icare libre de s’élever toujours plus haut s’est brûlé les ailes et chuta. Par analogie, on parle ici de l’homme hypermoderne à la recherche constante d’un absolu, un homme élevé par le néolibéralisme que le Théâtre de la Banquette arrière tient à mettre sous projecteurs afin d’encourager la réflexion collective sur le degré zéro de notre avancement. Dénonciateur, un brin moralisateur, Silence Radio expose les affres de cette ère où la surcommunication mène fatalement à l’incommunicabilité. Mais voilà, comment dire plus que ce qui a été dit maintes fois sur cette société du no future ? Où peut-on trouver espoir ?

Entre le ciel et la terre, dans cet espace du virtuel où les ondes s’entrechoquent sans répit, s’agitent des solitudes anecdotiques dont l’identité fait gravement défaut. Des bureaucrates, des escrocs, des ermites vivant dans l’underground, des artistes déchus, des âmes perdues. Des personnages malades par la prise de conscience, suffocants dans un grand centre urbain, dans l’émanation du gaz carbonique, cuisant sous un soleil aride. L’univers construit par les dix auteurs et comédiens est celui d’un monde où les oiseaux tombent comme des mouches, où l’hyper contrôle devient la plus grande menace de l’homme. Un univers surréaliste comme un décalque de notre propre environnement.

La poésie qui émane de cette langue collective est faite de regards plus intérieurs que contemplatifs, de points de vue très sensibles sur la fragilité de l’être dans un monde de machinerie et d’avancement technologique. Le ton général ne souffre pas de son inégalité, au contraire, il gagne en cohérence face au propos. Dans son humour amer et sa prise de parole revendicatrice, pointe quelques parcelles d’espoir mélancoliques grâce auxquelles il nous est possible, spectateurs, de nous dire que tout n’est peut-être pas fichu. Peut-être. Mais nous n’en sommes pas sûrs.

Nous connaissions l’immense talent du metteur en scène et comédien Geoffrey Gaquère en ce qui a trait à la mise en images et à la construction d’une ambiance scénique évocatrice. Ici, le propos se manifeste dans l’espace avec une grande intelligence, autant dans la dynamique de scène (sur laquelle on souligne à grands traits les marques de la théâtralité) que dans l’utilisation judicieuse d’objets froids et utilitaires, tel que du matériel électronique, un échafaud, d’énormes ventilateurs. La part organique revient à quelques plumes de pigeon synthétiques, rappel d’une ascension vertigineuse et fatale. L’univers scénique est une véritable synergie créée par l’ensemble des concepteurs, un univers chaud et glauque à la fois, bercé par une musique au piano, parasité dans le bruit omniprésent des ondes sourdes.

Mené de front par des comédiens brillants tenant à bouts de bras les armes de leur propos, Silence Radio est en soi un objet théâtral intelligent et visuellement très fort. Il reste tout de même qu’on ne s’y présente pas pour faire la fête, ni pour trouver un véritable réconfort au grand malaise social.

22-02-2010
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