Du 4 au 22 mai 2010
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Amour à troisL'amour à trois

Texte de Larry Tremblay
Mise en scène : Francine Alepin, Caroline Binet et Marie-Ève Gagnon
Avec Markita Boies, Francine Alepin, Christine Beaulieu, François Papineau et Hubert Proulx

L'amour à trois propose une trilogie sur les plaisirs et les affres de l'amour. Tibullus place son action dans une Rome antique imaginaire. Une femme soupçonne son amant aveugle de la tromper. Pour en avoir le cœur net, elle fait appel à un devin né homme mais devenu femme. La femme aux peupliers prend l'allure d'une fable. Une femme transforme ses amants en arbres. Bientôt, elle sera entourée d'une forêt. Cornemuse met en scène deux jeunes qui vivent l'amour comme d'autres pratiquent le sport extrême.

Ces trois textes traitent — on l'aura compris — d'Éros et des tours parfois cruels qu'il joue à ses adeptes.

L'écriture de ces trois pièces explore des modes ludiques et métaphoriques qui appellent une approche théâtrale où la parole se veut geste et rythme et où le corps s'écrit dans l'espace. Trois textes où avant tout il est question du corps amoureux dans tous ses états. Le chiffre trois nous interpelle tous. Trinité, triptyque, trilogie, tic, tac, tromperie, trip : trois textes, trois metteures en scènes, trois amours.

PROPOSITION THÉÂTRALE
L’écriture de ces trois pièces explore des modes ludiques et métaphoriques qui appellent une approche théâtrale où la parole est nourrie par une partition gestuelle précise. Trois textes où avant tout il est question du corps amoureux dans tous ses états. Le chiffre trois nous interpelle tous. Trinité, triptyque, trilogie, tromperie, trip. Larry Tremblay récidive avec trois pièces écrites sur vingt années objectives et, fictivement, sur 2000 ans d’histoires d’amours, toutes aussi cruelles et violentes. Trois metteurs en scène se partagent l’évocation d’amours où les corps sentimentaux sont voués à une mort inexorable.

 

 

Scénographie et costumes Geneviève Lizotte
Lumières Bruno Rafie
Assistanat Aurélie Demol

Du mardi au samedi à 20 h
Le jeudi 13 mai à 19 h, suivi d'une discussion
Le vendredi 14 mai à 18 h 30
Les samedi 15 et 22 mai à 16 h

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Production Omnibus le corps du théâtre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

par Olivier Dumas

L’amour à trois demeure probablement l’un des spectacles les mieux réussis parmi les productions récentes de l’Espace libre. Pour la troupe Omnibus, il s’agit de l’une de ses meilleures créations. Bien que les trois courtes pièces de Larry Tremblay ne possèdent pas toutes la même intensité dramatique et force d’évocation, le triptyque comprend de très beaux moments de théâtre.

Trilogie sur les ravissements et les angoisses de la passion, L'amour à trois révèle la polyvalence dramaturgique de Larry Tremblay qui scrute ici avec humour le pouvoir mystificateur d’éros et de thanatos en passant du réalisme sordide à l’allégorie impressionniste. Fragmentée en deux parties, au début et en tombée de rideau, La femme aux peupliers s’apparente à une fable où un être mystérieux (une éblouissante Markita Boies, trop rare au théâtre) transforme ses amants en arbres (François Papineau et Hubert Proulx). Basculant par la suite dans un univers fortement imprégné de la danse contemporaine, Cornemuse raconte les tribulations d’une aventure sexuelle passionnelle plutôt glauque. Absurde et jouissive, la troisième pièce, Tibullus se déroule dans une Rome antique imaginaire. Une intrigante soupçonne son amant aveugle de la tromper. Elle fait appel à un devin androgyne (un François Papineau époustouflant).

Omnibus est parvenu à conjuguer brillamment le corps et la voix, sans que le geste vienne faire de l’ombre à l’écriture très ensorcelante de l’auteur. Petit bijou d’humour, de légèreté et d’esprit, La femme aux peupliers s’inspire du meilleur de la comédie et du fantastique. Portée par des comédiens allumés avec l’intonation juste, les péripéties aux accents d’Edgar Allan Poe ne tombent jamais dans la caricature ou l’invraisemblance. Les éclairages créent parfaitement cette atmosphère mariant douceur et étrangeté, appuyés par une scénographie efficace et dépouillée. Pour Tribullus, les réparties assassines des divers protagonistes se succèdent comme une partie de ping-pong évoquant à la fois Ionesco et Racine. L’intérêt pour cette histoire composée d’humains et d’animaux tient en grande partie au numéro d’acteur de François Papineau qui, vêtu d’un déshabillé noir, s’amuse à brouiller les frontières entre masculinité et féminité.

Malheureusement, Cornemuse, l’autre morceau de la soirée, détonne par son propos plus pessimiste où rôdent la mort et l’érotisme exacerbé. Par son désir de déconstruire le langage dramatique et le réalisme psychologique, Larry Tremblay laisse plutôt ici une impression d’inachèvement, de brouillon. L’ennui gagne assez rapidement, car le récit devient redondant avec des personnages qui restent trop à la surface des choses. Autant les deux autres pièces défilent à la vitesse de l’éclair, le temps ici paraît long et lourd. Toutefois, la sensualité provocante des deux comédiens (Christine Beaulieu et Hubert Proulx), agréable pour les yeux, verse très rapidement dans la caricature dont l’énergie extravagante n’est pas sans rappeler certaines chorégraphies à la La La La Human Steps.

Ainsi, bien que Cornemuse ne soit pas du même niveau d’inspiration, les deux autres segments du triptyque de l’Amour à trois rassemblent à l’évidence plusieurs instants de plaisir contagieux.

09-05-2010
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