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Du 26 octobre au 6 novembre 2010 supplémentaire 6 novembre 16h
Chante avec moiChante avec moi
Texte et mise en scène : Olivier Choinière
Avec : Annie Darisse-Desbiens, Benoît Dagenais, Brigitte Saint-Aubin, Christian Baril, Christian Laporte, Christian Perrault, Daniel Rousse, Dany Boudreault, David Giguère, Delphine Bienvenu, Emilie Gilbert, Emmanuelle Orange Parent, Elisa Compagnon, Etienne De Santis-Savoie,  Eve Duranceau, Eve Landry, François Marquis, Frédéric Paquet, Guillaume Chouinard, Guillermina Kerwin, Ianniko N'doua,  Ines Talbi, Isabel Rancier, Jean Maheux, Johanne Haberlin, Julie Carrier-Prévost, Justin Laramée, Kevin Houle, Milène Leclerc, Marika Lhoumeau, Mathieu Gosselin, Mathieu Marcil, Marie Bernier, Marie-Michèle Garon, Philippe Robert, Pierre Limoges, Sabrina Bisson, Sébastien Rajotte, Simone Chevalot, Valérie Le Maire // avec la participation des élèves de 2e année interprétation de l'École Nationale de Théâtre du Canada: Geneviève Beaudet, Jade Bruneau, Isabelle Caron, Jérémie Desbiens, Xavier Huard, Alexandre Lagueux, Félix Léveillé, Laurence Régnier, Jade-Mariuka Robitaille
Ils sont cinquante. Ils sont beaux, jeunes, fringants. Ils vous invitent à entonner avec eux un hymne à la chanson, grandiose, professionnel et puissant. Les personnages sont les acteurs eux-mêmes. Le décor est la scène dépouillée d’Espace Libre. Et le public qui est venu les acclamer, c’est vous.

Olivier Choinière a participé à plus d’une trentaine de productions théâtrales principalement comme auteur, mais également comme metteur en scène et concepteur. Il a écrit, entre autres, Autodafé (1999), un bûcher historique en cinq actes mis en scène par André Brassard, Venise-en-Québec (2006, finaliste des Prix du Gouverneur général du Canada) et Félicité, créée au Théâtre La Licorne à l’automne 2007. Cette dernière a été présentée en 2008 au Royal Court Theatre de Londres, dans une traduction de Caryl Churchill et a depuis été jouée en Écosse, en Australie et en Suisse allemande. En 2000, Olivier Choinière fonde L’Activité Répétitive Grandement Grandement Libératrice avec laquelle il produit Beauté intérieure et Bienvenue à – (une ville dont vous êtes le touriste), des déambulations audio-guidées pour un spectateur à la fois. Sa dernière production, ParadiXXX (2009), mettait en scène un doublage de film pornographique devant public. Olivier Choinière est également codirecteur artistique du Théâtre Aux Écuries et fondateur du 231, bureau d’écriture.

Conception : Alexia Bürger, Olivier Choinière, Annie Lalande, Line Nault et d'autres concepteurs à confirmer

Du mardi au samedi à 20 h
Jeudi 28 octobre à 19 h, suivi d'une discussion
Vendredi 29 octobre à 18 h 30

Production : L'Activité

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191
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 Critique
Critique
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par David Lefebvre


Crédit photos : Justin Laramée

Après les vedettes dans Félicité et les coulisses du porno dans ParadiXXX, le talentueux auteur et metteur en scène Olivier Choinière explore le thème de l’obéissance et du conditionnement dans sa plus récente création, Chante avec moi. Réunissant une impressionnante distribution de 50 comédiens et comédiennes, Chante avec moi est une pièce d’envergure, ingénieuse, atypique, qui prouve, jusqu’à un certain point, notre soumission totale et inconsciente quand il s’agit du son. À moins d’être atteint de surdité.

La pièce s’articule autour d’une seule composition musicale, presque abrutissante, à structure variable ou évolutive, comme le décrit l’auteur. La chanson que l’énorme troupe entonne à répétition, même si le contenu est un élément-clé de la narration, est ici un prétexte, une métaphore. Le réel propos, la prise de position et la critique sociale se trouvent en fait dans la mise en scène de Choinière et d’Alexia Bürger. Tout commence par un beat, un rythme. Puis une note, un son, une mélodie hésitante. Le plaisir y est. Et il est contagieux, rassembleur, rappelant vaguement un flash mob. On arrive de partout, on se joint à cet inconnu qui s’amuse, on y apporte sa couleur. Et le groupe grandit, pour devenir une représentation d’une société qui fait élever sa voix, qui évolue, qui impose sa musique. Liberté, folie, fraternité, le pouvoir de la musique est impressionnant et fait des miracles, jusqu’à ne plus pouvoir s’en défaire. Puis, le rythme accélère et on tombe dans une surenchère des plus comiques – lumières, costumes, déhanchement – très années 80. Lors de cette partie, on y critique la société spectacle. On dénonce alors les émotions préfabriquées et cette manière de vivre par procuration, de se regarder exister, jusqu’à la copier et la diffuser sur Internet, ou la traîner sur soi dans son téléphone ou son lecteur mp3.  La dictature de la cadence prend le dessus, on marche au rythme qui nous contrôle totalement, jusqu’à en crever. Comment cette liberté initiale, si éclatante et pure, devient-elle sournoisement l’ordre établi ? Comment le rythme conditionne-t-il notre vie à ce point, même si nous en étions l’instigateur ?

Olivier Choinière et Alexia Bürger ont su créer un spectacle qui dénonce le spectacle, dans lequel chaque interprète est sur le même pied d’égalité, tout en étant la représentation unique d’un élément d’une structure sociale complexe - incluant les régisseurs. Aucun comédien ne se démarque ou n’y va d’un réel tour de chant : tous et toutes sont au service du propos, et ceci est tout à fait remarquable. Physiquement demandant, c’est la performance de groupe qui est un réel tour de force. Les surprises dans la mise en scène sont nombreuses, il faut ouvrir l’œil ; parfois, elles sont aussi de taille – par exemple, l’apparition d’un invité-surprise, du domaine de la musique. Cette visite est tout à fait plaisante et un brin subversive, à la limite ; c’est un clin d’œil critique au vedettariat plutôt bien pensé et bien incorporé à l’ensemble. Philippe Brault, en tant que directeur musical, a fait un travail splendide au découpage et à la création mélodique. La chanson composée à quatre mains devient ici la parfaite preuve de ces diktats musicaux insidieux qui s’infiltrent dans nos têtes pour nous asservir. Impossible de quitter la salle sans fredonner la mélodie du spectacle.

Chante avec moi est une œuvre percutante, critique et dénonciatrice, remplie d’humour, qui incite le spectateur à la réflexion : et à quoi j’obéis ? À qui ou à quoi est-ce que je me conforme ?

26-10-2010
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