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Du 21 septembre au 16 octobre 2010
RêvesRêves, chimères et mascarade
Maîtres d'œuvre : Réal Bossé, Pascal Contamine, Christian Leblanc
Avec : Anne Sabourin, Jennyfer Desbiens, Sabrina Connell-Caouette, Sacha Ouellette-Deguire, Solo Fugère, Xavier Malo
Cela se passe aujourd’hui, ici. Trois filles et trois gars âgés de 20 à 29 ans. Six antihéros qui ont leurs chats à fouetter tentent au quotidien, comme ils peuvent, de ne pas lâchement ignorer la réalité qui leur saute en pleine face. Leur jeunesse ne devrait forcer ni admiration ni condescendance. Simplement les générations sont inexorablement poussées en avant et composent avec les enjeux de leur époque.

Rêves, chimères et mascarade est tout sauf un « prêt-à-penser », c’est une fresque bariolée où se côtoient la métaphore et le quotidien, où le laid épouse le beau. Une peinture où se superposent l’exacerbation, la sexualité, la violence, la détresse, l’engagement, l’espoir et le doute. Un sujet? Peut-être nos craintes? Nos pathologies? Peut-être est-il question d’effritement? Celui des icônes, du béton, des valeurs, de nos valeurs bétons, de la valeur du béton. Peut-être y verrez-vous le sceau d’une génération?

Du mardi au samedi 20 h
Jeudi 30 septembre 19 h, suivi d’une discussion
Vendredi 1er octobre 18 h 30

Scénographie, xostumes et accessoires : Charlotte Rouleau
Assistance : Rolland-Hugues Laniel
Éclairages : Mathieu Marcil
Conception sonore : Eric Forget

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Production Omnibus le corps du théâtre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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Dates antérieures

Du 22 septembre au 10 octobre 2009, Espace Libre

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 Critique
Critique
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par Mélanie Viau

Ce ne serait qu’entreprise vaine de vouloir décrire avec justesse et d’expliquer dans une raison rigide le pourquoi du comment de Rêves, chimères et mascarade. L’œuvre maîtrisée par une étrange créature à trois têtes, incarnée par Réal Bossé, Pascal Contamine et Christian Leblanc, ne demande qu’à se passer de tels discours. Parce que du titre sont nés les corps, l’expression des corps et de leur bagage émotif, leur lieu de mouvance, leurs lieux lointains, l’actualité omnipotente. Pour les six jeunes interprètes-créateurs, le mime devient territoire d’expression, de défoulement et, quelque part, entre deux pitreries échappées de l’imagination, trouvent une réponse, peut-être, à quelques troubles tapis dans un intellect qui ne comprend pas toujours le monde perçu. Signé Omnibus, cet instant artistique des plus original impose un « lâcher-prise » dans la rencontre que tous qualifieront d’absolument vivifiant !

Bien au-delà d’un trouble générationnel face aux grandes questions posées par la religion, les médias de masse, l’avenir de la race, le réchauffement climatique, la chute des héros et l’amour sous toutes ses formes, les performeurs 1000 volts attaquent le vide et lui donnent sens par l’expression brute d’un geste portant en lui tout le lot de la folie ordinaire. L’assemblage monstrueux de grimaces, cris, manies lubriques et étreintes avides fait exploser la façade d’une jungle urbaine fissurée. Désinvolte, libertin, espiègle et drôlement sexy, le sextuor hyperactif formé par Sabrina Connel-Caouette, Jennyfer Desbiens, Solo Fugère, Xavier Malo, Sacha Ouellette-Deguire et Anne Sabourin dévoile avec générosité toute la puissance esthétique et dramatique dont le corps peut faire preuve. Ponctués par un accompagnement sonore « narratif » (Éric Forget), la trame chorégraphique, faite de chutes, pulsions, répulsions, accros, saccades, pirouettes, portés et acrobaties diverses témoigne du talent certain de ces jeunes artistes du corps qui s’en ont donné à cœur joie dans l’exploration ludique de la comédie. Cérémonie de baffes, rituel de la tarte à la crème, comptine orgiaque, danse en ligne morbide et personnifications bestiales figurent sur la liste du programme de cette amusante mascarade.

La beauté visuelle réside dans la simplicité d’un espace scénique ouvert sur trois côtés, offrant un immense plancher de danse surplombé d’une imposante installation mobile servant de support aux projecteurs et de « cachette » en hauteur pour nos fins acrobates. Le look grunge-chic des costumes en ton de gris (Charlotte Rouleau) accentue cette touche d’urbanité suggérée déjà par les nombreuses références à l’actualité montréalaise. Esthétiquement, on est sous le charme, et plusieurs auront même un malin plaisir à espionner les réactions de leurs voisins siégeant de l’autre côté de la scène. Il n’y a pas que les acteurs qui font des grimaces !

Le trio Bossé-Contamine-Leblanc a vraisemblablement relevé les défis qu’imposait une maîtrise d’œuvre où le corps supplante le texte empirique, où les secrets ne se dévoilent que dans la rencontre, en chair et en os, d’entités physiques gouvernées par des instances rêveuses et chimériques. Soyez avertis, vous ne trouverez pas là la réponse à l’invention de la roue. Vous ne résoudrez pas non plus le problème de l’éternelle solitude de l’être. Donc, avis aux partisans de la raison et aux maniaques de l’ordre métaphysique : laissez-vous aller au plaisir fantasmatique de l’inexplicable.

25-09-2009
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