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Du 24 août au 11 septembre 2010, du mardi au samedi 20h
Jeudi 2 septembre à 19 h, suivi d'une discussion
Vendredi 3 septembre à 18 h 30

Sauce brune
Texte et mise en scène de Simon Boudreault
Avec Johanne Fontaine, Anne Paquet, Marie-Ève Pelletier, Catherine Ruel
Dans une cantine d’école secondaire, quatre cantinières aussi différentes qu’incompatibles se racontent à travers leur humour douteux, leurs petites cruautés et leur effort pour se sortir de la sauce. Au fil des « spaghattis » sauce à la viande et des « fantaisies de  smarties », les cantinières livrent une intimité déroutante qui ne trouvera d’écho que dans le fond de leurs chaudrons englués de brun.

Oscillant entre comédie grossière et tragédie humaine, la pièce, créée en 2009 avec grand succès à Espace Libre, propose une langue où la majorité des mots sont remplacés par des sacres. En visitant ce tabou par son utilisation excessive, Sauce brune explore les limites de la langue et l’incommunicabilité présente dans notre ère de « texto » et d’expressions toutes faites utilisables à toutes les sauces. Elle traite ainsi de la solitude née de cette « impression » de communication.

PROPOSITION THÉÂTRALE
À l’époque glauque des luttes antiterroristes, voir de l’autre côté des photos noir et blanc et des entrefilets bourrés de trous de balles. Voir qui sont ces gens. Comprendre de quoi est construit notre propre confort et réaliser sa fragilité. Pour ensuite mettre l’humain devant les monstres, la fête face à la mort, les mots au-dessus des armes et l’art en réponse à la propagande. Le tout ailleurs que dans un camp glauque et gris, plutôt dans une galerie d’art, afin de questionner les moyens que nous avons en tant qu’artiste de parler des deuils quotidiens de ceux qui n’habitent habituellement qu’à la une de nos journaux. Et peut-être, par cette épopée, chercher à deviner un peu ce qui pousse un adolescent à s’habiller de bombes et à tuer au nom de la vie.

Assistance et régie Emmanuelle Nappert
Décor Félix Ruel
Éclairages Frédéric Martin
Conception musicale et sonore Michel F. Côté

À l’occasion de la reprise de la pièce Sauce brune de Simon Boudreault, l’équipe d’Espace libre a mijoté une semaine thématique sur le sacre. À cette occasion, elle accueille Artiom Koulakov, enseignant à l’Université d’État de Saratov ; un linguiste russe qui s’intéresse à nos jurons ! Il a même collaboré à un dictionnaire russe sur le sacre québécois et a fait de ce sujet son mémoire !

Samedi, 28 août, dès 14 h 30
Artiom Koulakov jette un regard russe sur les Sacres et l’identité nationale des Québécois. La communication sera suivie de la projection du film documentaire STIE : Sacrer, c’est sacré !, en présence du réalisateur Sylvain Roy. Ce dernier participera à une discussion sur le sujet animée par notre directeur artistique, Philippe Ducros, en compagnie entre autres d’Artiom Koulakov, de Simon Boudreault, auteur et metteur en scène de Sauce brune et de Gilles Pellerin, écrivain, éditeur, enseignant en littérature et militant pour la Coalition pour la diversité culturelle

Jeudi, 2 septembre, 20h45, après la représentation de Sauce brune
Échanges avec le public animés par Philippe Ducros, en compagnie d’Artiom Koulakov, et des artisans de la pièce, dont Simon Boudreault.

Vendredi, 3 septembre, 20h15, après la représentation de Sauce brune
Échange-débat ayant pour thème Créer, c’est sacré : le sacre et la création artistique vont-ils de pair? Avec entre autres : Philippe Ducros, Simon Boudreault, Artiom Koulakov, Lise Gauvin, écrivaine et professeure, Département des littératures de langue française, Université de Montréal, Biz, auteur et membre du groupe Loco Locass, Claude Poirier, linguiste et professeur à l’Université Laval, directeur du Trésor de la langue française au Québec, Hervé Guay, enseignant en études théâtrales à l’Université du Québec à Trois-Rivières et ancien critique de théâtre au quotidien Le Devoir et Marc-André Sabourin, journaliste pigiste.

Production Simoniaques Théâtre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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Dates antérieures

Du 19 mars au 4 avril 2009, Espace Libre

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 Critique
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par Marijo Meunier

Sauce Brune à resservir

C’est la seconde fois en deux ans que la pièce Sauce Brune est présentée à l’Espace Libre.  Déjà, ça en dit long sur la qualité de la production…

Parce qu’en effet, tout y est impeccable! 

En débutant avec le texte de Simon Boudreault. Sauce Brune, c’est l’histoire de quatre femmes qui travaillent dans la cafétéria d’une école.  La matière première de leur dialogue est le sacre.  Elles sacrent à toutes les sauces (héhé!); tantôt pour exprimer un verbe, un qualificatif ou encore une émotion.  Ça donne lieu à plusieurs éclats de rire.  On rit de leurs histoires crues, de leurs vies ordinaires, voire monotones, parce que leur langue est colorée; mais derrière leur carapace et leur franc parlé, on réussit aussi à saisir la fragilité et les rêves qu’elles chérissent chacune de leur côté et c’est là que réside toute la beauté de l’histoire. Simon Boudreault a livré un texte brillant où le sacre n’est pas vain, mais, au contraire, mis en valeur et à contribution de la pièce. Il existe même une échelle de l’utilisation des sacres entre les cantinières (à voir dans le programme), par exemple, mis à part la «chef-cook», personne n’utilisera «tabarnak»; une belle subtilité.

Le jeu des actrices est également sans fausse note.  Avec la quantité de mots et de sacres qu’elles intègrent parfois dans une même phrase, tout en «cuisinant» sans répit, leur livraison n’en devient que plus digne de mention.  Johanne Fontaine, dans le rôle d’Armande la chef-cook, est celle qui se démarque le plus de la production.  Son interprétation de la grincheuse au grand cœur est sentie, des mouvements aux paroles. Les trois autres comédiennes, Anne Paquet, Marie-Ève Pelletier et Catherine Ruel, sont également remarquables, spécialement dans les monologues qu’elles livrent tour à tour. C’est dans ces moments qu’on entre dans la finesse et la psychologie de leur personnage coloré et elles le font de manière juste et touchante.

Le décor est minimaliste et il sert bien la production.  Il laisse libre cours au réaménagement de l’espace que les comédiennes exécutent à chaque fin de journée de travail.  Mention spéciale à l’argile qui sert de «matériau» à tous les plats de la cantine ; efficace.

Sauce Brune, c’est le genre de plat à resservir, c’est comme du bonbon.  Un «ostie» de bon bonbon, comme le dirait Armande!

26-08-2010

par Gabrielle Brassard

Qui n’a jamais mangé à la cafétéria de son école secondaire? Du pâté chinois, des egg rolls douteux, du gâteau blanc, le même que la veille, mais avec une garniture différente? Leur adressant rarement un regard, et encore moins un merci, les adolescents ingrats ne savent pas ce qui se passe derrière la confection de leur hamburger steak nappé de sauce brune.

La salle de l’Espace Libre se transforme donc en une cantine d’école secondaire, dans laquelle on retrouve la « chef-cook » colorée Armande, et ses trois assistantes : Sarah, une grande coincée au franc-parler, Cindy, la « guidoune » de service qui, entre deux carottes, raconte sans aucune gêne ces histoires sexuelles, et Martine, femme battue aux airs de « chien piteux ». Quatre femmes, plus fortes les unes que les autres, incapables d’aligner une phrase sans y placer trois ou quatre sacres, mais se comprenant pourtant dans leur jargon.

Ces femmes, qui n’ont rien d’autre que leur travail, passent leurs journées au rythme des repas du midi à préparer, de blagues de plus ou moins bon goût et de prises de bec qui traduisent une grande affection et une proximité inégalée. Le spectateur s’attache à ses personnages, qui ne sont pas si loin de la réalité. Même les sacres semblent harmonieux dans cette atmosphère un peu glauque, meublée par le son de couteaux qui coupent, du fameux chaudron de sauce brune et les petites quotidiennetés de la vie de cafétéria, avant l’arrivée des jeunes.

Johanne Fontaine est absolument remarquable en « chef-cook », elle offre de loin la meilleure performance, malgré le charisme tout aussi égalé des autres personnages. Le décor, simple et épuré, rend bien l’ambiance de la cantine typique, avec des éclairages blafards et des comptoirs en métal, qui se déplace un peu partout dans l’espace tout au long de la pièce. Toute une semaine passe pendant l’heure et demie de la pièce, ponctuée par les menus de chaque jour. Anne Paquet (Sarah), Catherine Ruel (Martine, très émouvante) et Marie-Ève Pelletier (Cindy) rendent bien leur personnage, tous aussi uniques les uns que les autres.

On n’attend rien de cette pièce, mais finalement on y rit, parfois un peu jaune, on aime ces femmes empreintes d’humanité et on en ressort agréablement surpris.

30-03-2009
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