L’affiche est une pièce sur l’occupation de la Palestine, sur ses impacts tant chez les Palestiniens que chez les Israéliens. On y décrit la violence insupportable d’un impossible quotidien. La parole est donnée à ceux qu’on entend rarement, les anonymes qui en subissent les effets, des deux côtés du Mur. Le texte s’intéresse particulièrement aux processus de martyrisation, à la récupération des drames privés, à des fins de lutte politique et son impact sur le rêve et l’espoir. La martyrisation est une arme de guerre extrêmement présente dans les deux camps.
Le texte est finaliste en 2010 du Grand Prix de littérature dramatique (France). Lors de sa création à Espace Libre en 2009, la production de Hôtel-Motel est nommée « Spectacle montréalais de l’année 2009-10 » par l’AQCT (Association québécoise des critiques de théâtre) et lauréate de quatre Cochons d’Or, dont « Meilleur texte » et « Production de l’année ».
La compagnie de théâtreHôtel-Motel porte ce nom parce qu’elle souhaite par son travail, sortir le spectateur des cuisines du Québec, le faire voyager, afin que la question identitaire propre à notre coin du monde soit ancrée dans une vision macroscopique, en concordance avec les enjeux mondiaux actuels. Depuis sa création en l’an 2000, Hôtel-Motel s’est déployé au Québec, en Europe et en Afrique. À la suite d’une résidence en Syrie et de plusieurs séjours en Palestine occupée et en Israël, Philippe Ducros écrit L’affiche. Le dernier projet de la compagnie, La porte du non-retour, initié pour les 10 ans de Hôtel-Motel a été présenté au Festival TransAmériques en 2011. Issue de deux passages bouleversants en Afrique, cette production souhaite dresser un bilan de ces voyages extrêmes au coeur de la démarche de Philippe Ducros.
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Direction de production Catherine Lafrenière
Scénographie Magalie Amyot
Costumes Nadia Bellefeuille
Assistance à la mise en scène et régie Charlotte Ménard
Direction technique Samuel Patenaude
Musique Ludovic Bonnier
Éclairages Thomas Godefroid
Vidéo Philippe Larocque
Du 8 au 26 novembre
Ouvertures des portes une heure avant la représentation: exposition photos Les lanceurs de pierres.
TABLE RONDE: L'OCCUPATION EN PALESTINE, HISTOIRE ET ESPOIR
Vendredi 11 novembre après la représentation de 18h30
Avec les panellistes Rachad Antonius, Rim Bejaoui, Kiven Strohm, Serge Abiaad à l'animation et un autre invité à confirmer.
Rachad Antonius, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal, est également le directeur-adjoint de la Chaire de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté (CRIEC).
Rim Bejaoui est chargée de cours à l'université de Montréal en littérature comparée.
Kiven Strohm termine un doctorat en anthropologie à l'Université de Montréal.
Serge Abiaad est chargé de cours en études cinématographiques à l’Université de Montréal et critique de cinéma pour la revue 24 Images.
L'Affiche est publiée chez Lansman
Cartes Prem1ères
Date Premières : 8 au 15 novembre
Régulier : 29$
Carte premières : 14,50$
Du mardi au samedi à 20h
Jeudi 10 novembre à 19h, suivi d’une discussion avec l’équipe de création
Vendredi 11 novembre à 18h30, suivi d’une table ronde
Prévente: 20$ le billet / Offre valable jusqu’au 8 novembre pour les représentations du 9 au 12 novembre
Production Hôtel-Motel
par Olivier Dumas
Avec L’affiche, Philippe Ducros écrit et dirige un spectacle inspiré par des séjours prolongés dans les territoires occupés palestiniens. Œuvre personnelle et dense à la fois, la pièce demeure malgré tout trop cérébrale. Bien que le spectacle évite les clichés et lieux communs, il lui manque une ferveur pour véritablement happer le public devant cette tragédie humaine incommensurable.
Texte touffu avec son nombre élevé de courtes scènes et de personnages, L’affiche s’adresse surtout à un public le moindrement averti du contexte sociopolitique du conflit israélo-palestinien. L’histoire s’amorce avec Abou Salem, un imprimeur d’affiches de martyrs qui se retrouve un jour à imprimer celle de son fils unique Salem, mort par balle lors d’un affrontement. Oum Salem, la mère du martyr, ne vit rien d’autre qu’une profonde haine envers les assassins de son fils. Par ailleurs, Itzhak, le soldat responsable du meurtre de Salem, s’interroge sur la violence de son geste. Tout au long de la pièce, on passe sans cesse d’un camp à l’autre des drames qui se jouent des deux côtés de ce mur de huit mètres de haut construit par Israël.
Le plateau, presque vide avec en évidence à l’arrière-scène le mur de béton du théâtre, prend une dimension symbolique de ce qui sépare physiquement et psychologiquement les protagonistes. Les comédiens se retrouvent toujours sur scène, soit dans le feu de l’action, soit en attente sur les chaises placées des deux côtés de l’espace de jeu. Avec seulement quelques objets, le metteur en scène réussit à recréer assez habilement les différents lieux de l’action dans une atmosphère imprégnée de tensions et d’urgence. Parmi les moments forts à souligner, il y a l’expression du désespoir de la mère de la victime (une solide et émouvante Isabelle Vincent), la révolte du soldat Itzhak (un surprenant François Bernier) et les simulations d’attaques terroristes. Sans être exceptionnelle, la crédible distribution permet tout de même, en plus des deux comédiens mentionnés plus haut, à Denis Gravereaux et Michel Mongeau de se démarquer, le premier dans le rôle du père éprouvé, le second dans le double emploi du barbier islamiste et du rabbin orthodoxe.
Dans les entrevues publiées les jours précédant la première, Philippe Ducros exprimait son désir de traiter l’occupation palestinienne par l’émotion afin de comprendre les effets dévastateurs des événements sur les êtres humains. Et l’émotion est peut-être le sentiment qu’une bonne partie du public aurait aimé davantage ressentir durant ce long parcours de deux heures. La construction du texte, avec ses innombrables actions et ses multiples personnages, laisse voir un éparpillement qui dilue la compréhension de l’histoire. La plume de Ducros, pourtant plein de poésie à certains moments, parvient peu à nous faire ressentir la souffrance, le désespoir et les dilemmes profonds vécus par les personnages. Nous nous retrouvons souvent en surface, en périphérie comme si l’auteur n’avait pas puisé suffisamment dans ses tripes, ou fouetté son sujet pour en livrer un témoignage personnel d’une troublante vérité. On se rappellera qu’avec Incendies, Wajdi Mouawad traitant d’un conflit similaire, avait atteint un sommet théâtral dans sa manière de raconter, de faire ressentir de l’intérieur et de transcender une tragédie meurtrière et sanglante.
Bien qu’évitant le larmoiement et le convenu, le spectacle de Philippe Ducros ne répond pour autant aux attentes du spectateur. Avec un canevas aussi intéressant, L’affiche aurait dû se frayer un chemin aussi près du cœur que de l’esprit.