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Du 23 août au 10 septembre 2011, supplémentaire 10 septembre 16h
L'enclos de l'éléphantL'enclos de l'éléphant
Texte Etienne Lepage
Mise en scène Sylvain Bélanger
Avec Denis Gravereaux et Paul Ahmarani

Sur scène, un homme, confortablement installé chez lui, consent à laisser entrer un inconnu, le temps d'une averse. Mais ce dernier parle. Il parle tant que ses mots envahissent tout. Plus il parle, moins on comprend ce qu'il veut. Ce qui a toujours été clair devient tortueux, et, lentement, la parole fait couler dans l'oreille de l'hôte un venin étrange et hypnotique.

Dans ce spectacle inspiré du système carcéral du panoptique, chaque spectateur est isolé dans une cabine le temps de la représentation. Entre la scène et la salle, s'entrechoquent l'insécurité des temps présents et la dérisoire obsession de la surveillance. Bienvenue dans un microcosme : celui où vous êtes seul face aux terreurs sourdes qui sous-tendent votre quotidien.

Responsabilité individuelle et insécurité, voilà les deux paramètres de cette collaboration du Théâtre du Grand Jour avec l'auteur Étienne Lepage. Ce dernier a l'habitude de propulser sur scène des personnages ne laissant entrevoir qu'une partie d'eux-mêmes, des personnages qui ne disent pas tout, mais qui se trahissent, ouvrant les portes de gouffres terrifiants.


Scénographie et costumes Romain Fabre
Assistance à la mise en scène et régie Jean Gaudreau
Conception sonore Larsen Lupin
Éclairages André Rioux
Collaborateurs Huy Phong Doan et Caroline Laurin-Beaucage
Direction de production Marie-Hélène Dufort
Direction technique Louis Héon


ACTIVITÉS PARALLÈLES – L’ENCLOS DE L’ÉLÉPHANT

Vendredi 26 août après la représentation de 18h30

TABLE RONDE : L’INSÉCURITÉ, NE PAS SAVOIR

Cette table ronde abordera le phénomène de l’insécurité qui s’infiltre autant dans la sphère privée que dans l’espace public. Aujourd'hui, dans notre actualité nationale et internationale la plus chaude, en réponse à ce phénomène, nous assistons à plusieurs dérives, qu'elles soient politiques, commerciales ou religieuses. La peur des autres ou de l'inconnu érige en système la notion de propriété ou la foi en la sécurité.

Lors de cette discussion, les intervenants (une politicologue, un philosophe, ainsi qu'une psychosociologue) tenteront de déterminer à quel point l'insécurité est un phénomène naturel ou un produit de l'homme et à quel point il nous révèle à nous-mêmes.

PANELLISTES

Marie-Joëlle Zahar est professeure au département de science politique de l’Université de Montréal, directrice scientifique du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix (ROP) et membre du Centre d'études sur la paix et la sécurité internationale (CEPSI, Université de Montréal et Université McGill). Ses domaines de recherche portent principalement sur la résolution des conflits civils, le maintien de la paix, et la problématique de la reconstruction.

Jean-Philippe Warren est un sociologue et un anthropologue québécois. Professeur à l'Université Concordia, il s'est particulièrement intéressé à l'histoire des sciences sociales, des idées, des sociétés autochtones et de l'Église catholique. Il a réalisé des études importantes sur les sociologues québécois Fernand Dumont et Edmond de Nevers.

Suzanne LaBrie est psychosociologue. Sa pratique de consultante en entreprise et en conseil de carrière l’ont poussée à s’intéresser à l’impact de certaines conditions de vie chez l’Être au travail : le caractère indéfini de l’identité professionnelle, l'impuissance des milieux de travail à reconnaître la douance et la détresse psychologique associée à l’insatisfaction des besoins fondamentaux au travail, notamment le besoin de sécurité psychologique.


Coproduction Théâtre du Grand Jour et Festival TransAmériques


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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Dates antérieures

Créé au Festival TransAmériques les 4, 5, 6, 7, 8 juin 2011

 
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 Critique
Critique

par David Lefebvre

L'enclos de l'éléphant
Crédit photo : Yanick MacDonald

Créée lors de la cinquième édition du Festival TransAmériques en juin 2011, L’enclos de l’éléphant est présentée en reprise entre les murs de l’Espace Libre jusqu’au 10 septembre. Ce texte très solide d’Étienne Lepage (Rouge Gueule, Kick) propose une incursion chez Alexis (Denis Gravereaux), tranquille médecin, qui accueille un peu malgré lui un énergumène répondant au nom de Paul (Paul Ahmarani), qui désire simplement, à priori, s’abriter de la pluie qui menace. Mais Paul ne fait que parler, débitant des phrases sans arrêt, et amenant Alexis au cœur d’une relation de plus en plus intense et vicieuse. Un jeu trouble mêlé à une puissante force de suggestion, de manipulation de la conscience et de l’innocence. Mais que veut réellement Paul?

Les deux acteurs prennent place et s’affrontent au centre d’un plateau en forme d’arène, de type panoptique, amplifiant du coup cet effet de duel, de jeu et d’omniprésence. Les spectateurs, assis inévitablement autour, sont individuellement séparés par des panneaux-caches : nous sommes seuls, enfin, presque, avec les deux personnages et toute la tension, la vulnérabilité et l’insécurité qui peut en résulter. Le spectateur se veut ainsi tout aussi présent à l’intérieur de l’œuvre qu’en retrait. La proximité physique des acteurs est accentuée par de petits haut-parleurs emboîtés dans les panneaux, nous permettant ainsi d’entendre distinctement le quasi-monologue de Paul et les répliques d’Alexis, et ce, à chaque instant, où qu’ils se trouvent. La mise en scène et la direction d’acteur de Sylvain Bélanger, instigateur du projet, sont minutieuses, jouissives : l’un des grands intérêts de L’enclos de l’éléphant est de voir évoluer le personnage de Paul et d’apprécier les multiples nuances dans le jeu du talentueux Paul Ahmarani, non seulement  dans le ton de sa voix, mais dans toute l’ambigüité de son corps qui se tend et se détend, jusqu’au creux de chaque expression faciale qui se crispe, s’enjolive, se refroidit ou explose. Si Denis Gravereaux n’a que très peu de texte, il fait preuve d’une grande écoute, campant un Alexis très présent, totalement atteint par cette situation si incongrue. Malgré sa carrure, l’homme se laisse imposer cette présence chez lui ; il embarque dans le jeu, se fait lamentablement manipuler par l’inconnu de multiples façons. Et le public aussi, par le fait même. Où est la sincérité, la vérité, quelles sont les limites que l’on s’impose à soi-même lorsqu’on subit une agression sournoise, perverse? Jusqu’où peut-on consentir?

Fascinante, cette création du Théâtre du Grand Jour avait conquis public et critiques lors de sa création ; L’enclos de l’éléphant se veut une expérience théâtrale non conventionnelle, d’une grande pertinence dans sa façon d’aborder les mécanismes d’imposition et de la persuasion jusqu’à l’envahissement.

24-08-11