Jean Asselin et Réal Bossé n’ont pas besoin de se parler beaucoup pour se comprendre et faire dialoguer ce qu’il y a d’implicite et d’explicite dans leur histoire. Idem pour la brochette de sept interprètes qui cumulent une quarantaine de productions chez Omnibus. Jabbarnack ! marque le retour de Sylvie Moreau sur les planches après 3 ans d'absence. Il en est aussi d’une 2e maîtrise d’œuvre chez Omnibus pour Réal Bossé suite à l'immense succès de la pièce Rêves, chimères et mascarade jouée à Espace Libre en septembre 2009 et reprise l’année suivante.
Check la gaffe au Jabbarnack, mon boy!
Omnibus le corps du théâtres’autorise un spectacle kaléidoscopique et mouvementé. Une balle à plombs pour une cible vaste : vœux pieux, bonnes intentions, bonne conscience. Florilège de la rectitude éthique et du registre tellement convenu de l’indignation. Autant de placards où parquer des cadavres! Coup de Jarnac à ces petites lâchetés quotidiennes déguisées en bons sentiments. Bien gavée elle-même de foie gras, BB peut se rhabiller avec son empathie pour les blanchons de la banquise; … à croire qu’elle a un cœur de bœuf.
Sept torveux, malades en jabbarnack, réfractaires et doutant d’à peu près tout, passent à l’acte de produire de l’art qui ne soit pas inoffensif. … avant d’attraper l’fix à y penser.
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Photo : Sylvie Chartrand
Du mardi au samedi à 20h
Vendredi 30 mars à 18h30, suivi d’une table ronde
Jeudi 5 avril à 19h, suivi d’une discussion avec l’équipe de création
Régulier : 33$
Étudiant : 26$
Prévente : 24$
Offre valable jusqu’au 27 mars pour les représentations du 28 au 31 mars.
À l’occasion du congé de Pâques, Omnibus vous offre deux billets au prix d'un seul pour les représentations du vendredi 6 et samedi 7 avril, à 20H
TABLE RONDE
vendredi 30 mars
(à la suite de la représentation de 18 h 30)
La liberté de penser dans la société d’aujourd’hui. La société d’aujourd’hui avec ses modes, ses tendances politiques, ses diktats offre-t-elle encore un espace pour la liberté de penser?
Avec Xavier Brouillette, professeur en philosophie au Cégep du Vieux-Montréal, Michael Mackenzie, écrivain et réalisateur. Animée par Paul Lefebvre, conseiller dramaturgique au CEAD
Omnibus le corps du théâtre s’autorise un spectacle kaléidoscopique et mouvementé du 27 mars au 21 avril. Une balle à plombs pour une cible vaste : voeux pieux, bonnes intentions, bonne conscience. Le florilège de la rectitude … éthique et indignée. Autant de placards où parquer des cadavres! BA, bah! Coup de Jarnac à ces petites lâchetés quotidiennes déguisées en bons sentiments. Sept torveux, malades en jabbarnack, réfractaires et doutant d’à peu près tout, donnent à voir le cycle de leur guérison. Ils passent à l’acte de produire de l’art qui ne soit pas inoffensif. … avant d’attraper l’fix à y penser.
Entrée libre
Production Omnibus, le corps du théâtre
par Gabrielle Brassard
Jabbarnack!, la nouvelle création de la compagnie Omnibus, présente un univers aussi étrange sinon davantage que celui du pays des merveilles de Lewis Carroll. Car Jabbarnack! est en fait inspiré d’un texte de cet auteur anglais, intitulé Jabberwocky, traduit ici par l’un des maîtres d’œuvre, Jean Asselin. Créée conjointement avec Réal Bossé à laquelle les sept interprètes ont participé, la pièce propose un jeu très physique des comédiens-danseurs-mimes, faisant, une fois de plus, honneur au credo de la compagnie, « le corps du théâtre ». Chorégraphies, danses, mouvements lents ou plus rapides, tout passe par les corps, incluant quelques dialogues, ou plutôt monologues, dans une langue parfois inventée, parfois plus intelligible.
Dans un décor qui ressemble à une sombre forêt tout droit sortie de l’expressionnisme allemand, Jabbarnack! raconte perfidement l’histoire d’une famille. Un couple (Guillaume Chouinard et Marie Lefebvre), et cinq enfants, incarnés, du plus vieux au plus jeune, par Bryan Morneau, Sylvie Moreau, Anne Sabourin, Audrey Bergeron et Sacha Ouellette-Deguire (des jumeaux). Une famille étrange, qui révèle des dynamiques pourtant bien réelles, poussées à l’extrême ; des relations incestueuses, des préférés (l’aîné), des rejetés (l’un des jumeaux), des bagarres entre frères et sœurs, des disputes pour l’attention de la mère. Et parmi elles, le Jabbarnack!, qui rôde à l’intérieur de chacun et tout autour.
Qu’est-ce que le Jabbarnack? Il ne semble pas y avoir de bonnes réponses, de l’aveu même des créateurs. C’est le perfide en nous, le méchant, le vicieux qui rôde dans les esprits, dans les forêts, dans nos interactions avec les autres. C’est celui qui nous tue de l’intérieur, qui exacerbe nos mauvais côtés, nos couteaux dans le dos, nos défauts.
L’esprit obscur du Jabbarnack est bien présent tout au long de la pièce, à travers le jeu des interprètes, les thèmes abordés, l’ambiance tamisée dans un décor épuré et froid. Quelques moments font rire, même au premier degré, à en croire les esclaffements d’un enfant dans le public, le soir de la première, qui rigolait à tout moment, surtout lors des disputes. Peu de mots donc, sinon pour exprimer les travers de chacun ou crier quelques bribes du texte original en anglais (inventé) de Lewis Carroll ou en français.
Comme la plupart des créations d’Omnibus, qui depuis de nombreuses années fait du mime le moteur principal de ses œuvres, Jabbarnack! ne fait pas exception à sa règle dans son rapport au corps pour exprimer son propos. Celui-ci laisse l’étrange impression au spectateur qu’un Jabbarnack rôde en chacun de nous, tout comme il peut se cacher chez notre voisin, sans savoir exactement de quoi il s’agit.