Une jeune femme est retrouvée, chez elle, inconsciente, la moitié du crâne rasé, un symbole énigmatique gravé sur l’avant-bras.Tout porte à croire qu’elle a été l’objet d’un étrange rituel. De qui a-t-elle été victime?
Amnésique, elle est internée à l’Asile de la Cité. Un des excentriques « résidents » prétend la connaître. Celui-ci, désespéré du fait qu’elle ne le reconnaisse pas, convainc les autres patients de lui jouer une pièce singulière…
Entre les murs de la salle commune, se dessine alors une fresque où mythologie et Histoire se confondent.
Pharmak(ha)os, premier volet d’une adaptation contemporaine du mythe d’Œdipe et d’Antigone, dresse un bilan de nos croyances, de leurs dérives et de leur mort, à l’aube du 21e siècle.
Les spectacles du CIRAAM émergent de ses préoccupations, de ses questionnements sur les dogmes et aberrations de la société actuelle. Ainsi les dernières créations de CIRAAM abordent le suicide chez les jeunes, la récupération de la science par les pouvoirs économiques et politiques, la vacuité des médias de masse, la dérive du nouvel ordre international, la solitude dans les centres urbains.
Assistance mise en scène: Mariflore Véronneau
Direction de production: Audrey Wyszinski
Scénographie: Fruzsina Lànyi
Costumes: Fruzsina Lànyi
Musique: Philippe Lonergan
Vidéo: Fréderic St-HIlaire
Éclairage: Mathieu Marcil
Vendredi 2 décembre 18h30
TABLE RONDE
LA MÉMOIRE AU 21e SIÈCLE: FARDEAU OU NÉCESSITÉ?
avec
RÉGINE ROBIN est professeure au département de sociologie de l'UQAM, historienne et romancière.
MAXIME-OLIVIER MOUTIER est écrivain et psychanalyste. Il a écrit notamment Pour une éthique urbaine en 2002, publié aux éditions Effet pourpre.
JONATHAN MORIER est comédien et étudiant en psychologie.
Du mardi au samedi à 20h
Vendredi 2 décembre à 18h30, suivi d’une table ronde
Jeudi 8 décembre à 19h, suivi d’une discussion avec l’équipe de création
samedi 10 décembre à 16h et 20h
samedi 17 décembre à 16h seulement
Prévente: 20$ le billet / Offre valable jusqu’au 1er décembre pour les représentations des 2, 3, 4, 6 et 7 décembre.
Cartes Prem1ères
Date Premières : 1er au 7 décembre
Régulier : 29$
Carte premières : 14,50$
Production : CIRAAM
par Olivier Dumas
Avec Pharmak(ha)os, Pascal Contamine s’attaque à une relecture actuelle et très personnelle inspirée des mythes anciens. Si le résultat demeure long et parfois confus, il s’agit surtout d’une expérience sensorielle stimulante et audacieuse qui nous est proposée ces jours-ci à l’Espace Libre.
Le titre de la pièce créée par le CIRAAM fait référence au roi Oedipe qui prend ici la symbolique d’un bouc émissaire consacré roi et sacrifié, qui porte en lui tous les problèmes des individus de la cité. L’histoire de Pharmak(ha)os, se déroule dans un asile où un psychiatre (interprété par Contamine) tente de recoller les morceaux du passé d’une femme amnésique. Un patient qui la reconnaît décide de monter une pièce de théâtre avec les autres personnes internées. Dans cette mise en abîme, les spectateurs assistent en direct à une représentation qui cherche à faire éclater au grand jour la vérité et exprimer un sentiment d’aliénation par rapport à une société qui condamne toute dissidence. Pour accompagner cette tension dramatique, nous retrouvons sur le plateau des colonnes de télévision, des caméras de surveillance et un musicien qui, avec des instruments rudimentaires, ponctue à l’occasion l’action qui se déploie pendant près de trois heures.
Il demeure difficile de bien saisir toutes les ramifications de l’intrigue qui rappelle Crises, de Lars Norén, par sa description dure d’un univers psychiatrique aux allures concentrationnaires. Car, à trop vouloir embrasser les enjeux et idéologies d’une époque déconcertée par la perte de ses repères, le récit perd par moment de sa clarté et de son désir de transmettre la profonde humanité d’individus fragilisés par les circonstances de la vie. Par ailleurs, pour bien mener à terme cette entreprise, Pascal Contamine et son assistante à la mise en scène Mariflore Véronneau (également comédienne dans la pièce) prennent beaucoup de temps à installer le climat propice à dévoiler avec fracas la rage des personnages. La première heure décolle ainsi lentement. Pourtant, dès que tous les morceaux sont en place, la ferveur des généreux comédiens et l’ingéniosité de la mise en scène gagnent peu à peu l’assistance. Comme dans Dossier Prométhée, sa précédente production, Pascal Contamine réussit à créer une atmosphère palpable, lourde de tension psychologique avec seulement quelques accessoires, comme des chaises et des tables. Dans cette distribution éclectique, chacun des interprètes parvient autant à tirer son épingle du jeu individuellement qu’à créer un chœur uni dans leurs différences et marginalités.
Par contre, un doute s’installe sur la présence des téléviseurs qui diffusent l’action présentée au même moment sur la scène. Apportent-ils réellement une dimension supplémentaire à l’œuvre? Les artistes en chaire et en os suffisent à transmettre l’esprit et la portée du propos engagé. L’aspect multidisciplinaire paraît donc ici plutôt redondant et mal exploité par rapport aux intentions de puiser dans les sources premières du théâtre, pour exprimer les réalités complexes du 21e siècle.
Au moment de quitter la salle, aux alentours de 23 heures, se dégagedevant Pharmak(ha)os un sentiment d’avoir assisté à davantage qu’une simple représentation théâtrale. On peut sans hésiter parler d’une mission accomplie pour cette épreuve d’endurance qui aime jouer avec nos nerfs et nos certitudes.