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Du 1er au 19 mai 2012
PlayTime!
Mise en scène Céline Bonnier
Collaboration à la création Céline Bonnier, Paul-Patrick Charbonneau, Stéphane Crête, Clara Furey, Lino, Gaétan Nadeau, Nancy Tobin
Avec Paul-Patrick Charbonneau, Stéphane Crête, Clara Furey, Gaétan Nadeau, Nancy Tobin

Après avoir visité le thème de la mort et du deuil dans La fête des morts (2003) et dans Le chant des Gaston (2007, Espace Libre), Céline Bonnier se tourne cette fois-ci vers la vie, la vitalité, vers ce puissant ressort que nous avons tous en nous : l’éros ! Celui qui nous propulse toujours vers le vivant, malgré ce champ de deuils que sans cesse nous traversons. Cette énergie, fascinante, nous rapproche autant du nirvana que des macabres et glauques corridors des profondeurs de l’être humain. Comment alors choisir, savoir s’arrêter à temps, comment se servir de l’éros à bon escient ou comment s’en servir puissamment sans mourir... de peine, d’amour, de notre soif d’en vouloir plus, toujours plus ?

Les cinq artistes sur scène, issus de disciplines différentes, aux prises avec ce mouvement intérieur, oscillent de l’extase à l’autodestruction. Ils racontent et vivent, tanguant sans cesse entre la lumière et la noirceur la plus dangereuse de cette pulsion incontournable. L’environnement sonore, essentiel au spectacle, sert de pilier et d’inspiration. Les cinq créateurs creusent leur propre labyrinthe « érossien ». Ceux-ci s’enchevêtrent, composent des partitions sonores et laissent voir un chœur chorégraphique.

Momentum est une compagnie qui réunit neuf artistes aux visions distinctes, rassemblés par un même désir de créer du théâtre contemporain et de transcender les frontières de la discipline : Céline Bonnier, Nathalie Claude, Stéphane Crête, Stéphane Demers, Dominique Leduc, Jean-Frédéric Messier, Sylvie Moreau, François Papineau, Marcel Pomerlo. Le travail de Momentum se caractérise par des spectacles où la pratique théâtrale est rarement le seul ingrédient de la représentation, et la compagnie s’est donné le mandat d’en redéfinir les codes à chaque nouvelle production. L’approche a été inspirée par la Zone d’autonomie temporaire (The Temporary Autonomous Zone, Ontological Anarchy, Poetic Terrorism, Hakim Bey, 1991, Autonomedia), qui propose la création d’un territoire délimité dans le temps et dans l’espace, où un groupe d’individus décident eux-mêmes des règles à suivre. La Zone d’autonomie temporaire préconise donc le refus de tout dogme permanent et, par conséquent, constitue une position idéologique qui va à l’encontre de la notion de « produit artistique ».


Assistance à la mise en scène Colette Drouin
Scénographie : Lino
Création sonore Nancy Tobin
Éclairages Alexandre Pilon-Guay
Photo : Éric Smith

Du mardi au samedi à 20h

Vendredi 4 mai à 18h30, suivi d’une table ronde -
Qu’est-ce-que l’éros? Comment se manifeste-t-il et comment agit-il sur l’intimité de chacun?

Avec Pierre Bertrand, philosophe et écrivain et Maxime-Olivier Moutier, psychanalyste et écrivain.
Animée par Paul Lefebvre, conseiller dramaturgique au CEAD

Jeudi 10 mai à 19h, suivi d’une discussion avec l’équipe de création

Régulier : 33$
Étudiant : 26$
Prévente : 24$  Offre valable jusqu’au 1er mai pour les représentations du 2 au 5 mai .

Production Momentum


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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 Critique
Critique

par Sara Fauteux

Mouvement, son et lumière sont au centre de Playtime, la plus récente création de Momentum, dirigée par Céline Bonnier. Les mots sont accessoires dans ce spectacle qui se décline en une série de tableaux sur le thème de l’éros, cette pulsion insaisissable qui vibre en chacun de nous et qui nous propulse dans le monde. Il n’est pas question de sexe ici, mais plutôt de cette force intime et personnelle qui nous renvoie à nous-mêmes de manière puissante à travers les autres. Dans Playtime, chacun des cinq interprètes trace en quelque sorte le chemin intérieur qui les relie à cette pulsion.
 
Bonnier agit ici en orchestratrice en créant une partition pour les labyrinthes intérieurs de ses interprètes. Elle dit chercher à déconstruire la dramaturgie traditionnelle du théâtre. On trouve en effet dans son travail une réelle volonté d’explorer les modes d’écriture de la scène en délaissant les mots et la trame narrative au profit du corps et de la performance : le personnage y est absent, ou flou. La conception sonore de Nancy Tobin et les éclairages d’Alexandre Pilon-Guay occupent également une place prédominante dans le spectacle.

Les acteurs apparaissent sur scène comme des électrons libres qui se heurtent les uns aux autres plutôt qu’ils n’entrent réellement en contact dans cette succession de moments. De la même manière, le public va difficilement à la rencontre de cet univers déjanté. Gaétan Nadeau ouvre pourtant le spectacle avec un mot d’accueil hilarant qui donne envie d’y entrer simplement, sans se prendre la tête. C’est définitivement sur le mode de l’humour que Playtime opère le mieux, ouvrant alors une porte vers le public. Sinon, la charge qui porte le spectacle trouve difficilement son chemin jusqu’aux spectateurs.

Il y a quelque chose de forcé dans la proposition de Bonnier qui rebute et n’invite pas à la découverte. L’utilisation de l’anglais et les phrases toutes faites qui ironisent la représentation agissent en créant une distance inutile. La charge reste informe, la poésie n’émerge jamais ; ce qui se déroule sur scène reste toujours froid, plaqué. Finalement, Playtime est un peu comme un amant qu’on sentirait fort et bouleversant, mais qui serait toujours dans la performance à tout prix sans jamais se dévoiler vraiment…

07-05-2012