Après deux éditions consacrées à la relève et aux regards marginaux, en 2012, Dinde et farces, le cabaret de Noël, prendra un virage commercial !
Suivant la tendance mondiale, le théâtre doit se diriger vers la « droite ». Au revoir questionnements artistiques profonds et recherches expérimentales, bienvenue aux placements de produits, aux vedettes de la télévision, aux réflexions confortables et à la sensibilité exacerbée. Bref, cette année, le Théâtre du Party Chinois va vous donner ce que VOUS voulez. On va se concentrer sur l'essentiel : vendre des billets, faire de vous des clients heureux; on va vous flatter dans le sens du poil, on va rentabiliser. Tout ça, sans cynisme. On va le faire parce qu'on croit vraiment que c'est mieux. Et, qui sait? Plutôt que d'avoir lieu à Espace Libre, la quatrième édition se tiendra peut-être à l'Étoile du Quartier Dix30, ou mieux : à la télévision.
Section vidéo
deux vidéos disponibles
Équipe de création : François Bernier, Vincent De Repentigny, Guillaume Girard, Julie Vallée-Léger et Anick Viau
Régulier: 34$
Moins de 30 ans: 29$
Production Théâtre du Party Chinois
par Ariane Cloutier
Pour une troisième année consécutive, la compagnie le Party chinois nous présente son cabaret de Noël, Dinde et farces, dans l’atmosphère conviviale exploratoire de l’Espace Libre. Après avoir exploré l’an dernier la thématique du dernier Noël, maltraitant les traditions du Noël des consommateurs, les concepteurs du spectacle nous proposent cette année (pour se repentir) un Noël libéral de droite, en toute ironie, bien sûr!
François Bernier et Guillaume Girard animent cette soirée avec brio, un humour parfois vulgaire, souvent cynique, et une familiarité toujours sympathique. Le public déjà partisan se sent, il faut l’avouer, un peu comme en famille, ou dans une soirée bien arrosée entre copains. La représentation est tardive; tel un réveillon d’antan, le spectacle commence à 21 h et se termine par un succulent buffet de Noël passé minuit. Ce repas offert par des commanditaires et cuisiné sur place, pendant le spectacle, est un moment privilégié d’échange entre les artistes du cabaret et les spectateurs qui ajoute à la chaleur de la soirée.
Orchestrée tel un spectacle de variétés, la soirée se compose de numéros présentés par des artistes invités provenant, pour la plupart, des domaines théâtral ou musical. On y retrouve par ailleurs quelques artistes exerçant d’autres disciplines, comme Andrew Turner, qui nous transporte dans une interprétation de danse popping surréaliste nommée l’éveil du hipster. Les numéros sont liés par la généreuse présence d’un house band plein de ressources dirigé par Catherine Coutu, dont les diverses références culturelles évoquent la génération Passe-Partout. L’univers musical est présent tout au long du spectacle, plusieurs numéros impliquant des chansons (de Noël et, heureusement, d’autres genres aussi). Pour la deuxième année consécutive sur la scène du cabaret, Guillaume Beauregard (Vulgaires Machins) nous offre un numéro d’une absurdité désopilante. Un aspect social rassembleur est très senti dans la programmation, grâce à l’implication de divers organismes, dont l’école Les Muses (centre de formation artistique pour personne vivant une situation de handicap), le Cercle des fermières du Québec et la Fondation du Docteur Julien (à laquelle iront les dons amassés lors du buffet). Le monde de la politique québécoise y est illustré à travers des sketches parodiques, par exemple, l’excellente performance d’Emmanuel Bilodeau en politicien véreux, qui n’a rien à envier aux Zapartistes. Il est également représenté par l’intervention de réels politiciens : la participation de la lumineuse Catherine Dorion (candidate d’Option nationale et comédienne) et le discours final sur l’importance de la cohésion sociale, d’une touchante justesse, de Jean-Martin Aussant (chef d’Option nationale).
Cette soirée très agréable gagnerait à être épurée pour les années futures, de quelques numéros un peu longs pour le résultat obtenu, ou d’autres, moins travaillés. Plusieurs participants étant des improvisateurs émérites (François Bernier, Delphine Bienvenu, Nicolas Pinson…) il semble que la mise en scène compte sur cette spontanéité comique qui, à plusieurs moments, frôle le cabotinage. À mentionner également l’aspect interactif de l’événement, par un concours « à la Star Académie » du père Noël de la soirée pendant laquelle le public peut choisir entre cinq personnages loufoques et attachants. Si le ton du spectacle se veut une parodie des partys de Noël quétaines, avec DJ mononcle et danse en ligne, la convivialité finit par prendre le dessus sur l’ironie et on se retrouve heureux autour d’une bonne dinde.