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Du 10 au 28 septembre 2013, 20h, 13 et 19 septembre 19h
DominionDominion
Texte et mise en scène Sébastien Dodge
Avec Félix Beaulieu-Duchesneau, Patrice Dubois, Myriam Fournier, Mathieu Gosselin et Miro Lacasse

C’est au théâtre Espace Libre, transformé en musée d’histoire naturelle, que vous rencontrerez John A. Macdonald, George-Étienne Cartier et Wilfrid Laurier dans un pastiche historique de Sébastien Dodge.

DOMINION nous transporte à l’époque des premiers bâtisseurs du pays jusqu’à l’avènement au pouvoir de Sir Wilfrid Laurier.

Ce western canadien étudie la nature humaine, ses vices, ses défauts et sa cruauté, toujours soucieux d’explorer plus loin les tares humaines de nos contemporains, mais aussi de les rattacher à celles de nos ancêtres pour éclairer notre monde d’aujourd’hui.

John A. Macdonald et George-Étienne Cartier se lancent à la conquête de l'ouest qu'ils veulent sanglante, à bord du train du Canadian Pacific, massacrant tout ce qui se trouve sur leur chemin, se disputant à l'occasion sur les droits de conquête.

Si John A. Macdonald savoure sa victoire, George-Étienne Cartier est ébranlé devant le carnage et la destruction.

Pendant ce temps, le jeune Wilfrid Laurier grandit dans l'ombre, assoiffé de pouvoir et gardien maléfique de notre folklore. Il se lance bientôt dans la mêlée.

Sébastien Dodge,  codirecteur artistique du théâtre de La Pacotille, connu également comme comédien et metteur en scène, témoigne d’un grand sens de la théâtralité et d’un imaginaire singulier.
 
Avec DOMINION on retrouve tout autant la puissante force poétique de la prose qu’on avait découverte dans La genèse de la rage que les ressorts comiques dont l’auteur avait prouvé sa maîtrise dans sa dernière production, La Guerre. La pièce DOMINION jette les bases d’un cycle plus historique - au sens large - dans l’écriture de l’auteur. Elle revisite les fondations du Canada, y présente les séquelles des rivalités entre anglophones et francophones, entre nature et ville, entre les philosophies autochtones et la colonisation.


Assistance à la mise en scène et régie Marie-Christine Martel
Scénographie Julie-Ange Breton
Costumes Julie Breton
Éclairages Anne-Marie Rodrigue Lecours
Conception sonore Pierre-Marc Beaudoin
Effets spéciaux Olivier Proulx
Direction technique Caroline Turcot

Carte Prem1ères
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 10 au 14 septembre
Régulier : 32$
Carte premières : 16$

Billet 30 ans et moins 25$
Billet du Studio Espace Libre 24$
Forfait PréVoir 24$

ENTRETIEN THÉMATIQUE
Vendredi 13 septembre, après la représentation de 19 h
Invités : Vincent Marissal, chroniqueur politique à La Presse, et Gilles Gagné, sociologue de renom, pour un entretien autour de Dominion.

JEUDI-DISCUSSION
Jeudi 19 septembre, après la représentation de 19 h

Production du Théâtre de la Pacotille


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : Marie-Claude Hamel

Sébastien Dodge ne fait certainement pas dans la dentelle. Ce comédien, auteur et metteur en scène, à qui l’on doit la « trilogie analogique » (Suprême Deluxe, La genèse de la rage et Guerre), plonge, en ce début de saison théâtrale, au cœur de l’histoire de notre beau et grand pays, et ce, avec rage et indignation.

Deuxième moitié du 19e siècle. Le train se rend maintenant jusqu’aux Rocheuses, et John A. Macdonald, fondateur du parti conservateur du Canada, est bien décidé à conquérir tout l’ouest du pays, Colts aux flancs, en tuant un maximum d’Indiens. George-Étienne Cartier qui l’accompagne, persuadé que le futur premier premier ministre veut unir l’est et l’ouest, se fait berner, et lui explique que son peuple, les gens du Bas-Canada, habite déjà ces terres, en harmonie avec les sauvages. Macdonald, en bon Anglais capitaliste, veut pourtant assouvir sa soif de sang et d’argent, et convaincra Cartier de le suivre. Ailleurs, monte doucement Wilfrid Laurier, visage du parti libéral fédéral, au son des ritournelles bien de chez nous, enclin à prendre sa place sur ce train du pouvoir, quitte à le braquer.

Devant une immense fresque de l’Ouest canadien se jouent ainsi les échanges, dans un wagon du Canadien Pacific, des deux hommes politiques, ainsi que les réflexions d’une femme du pays désabusée et celles d’un homme des bois, en communion avec la nature. Dès la diffusion de l’air des documentaires ancestraux de Canards Illimités Canada, le ton est donné : Dominion sera une relecture très personnelle et revendicatrice des nombreuses injustices, de la corruption entourant le gouvernement de l’époque et le chemin de fer, du pillage de la nature, de la montée insatiable du capitalisme inhumain et du début de la disparition du Canadien français. Avec moult clins d’œil à la culture populaire et traditionnelle, dont une immense Mémère Bouchard du Temps d’une paix en plein milieu de la scène, de dos, sur sa chaise berçante, Dodge ne fait aucun compromis et nous balance au visage tout ce qu’il pense de ces aberrations. Il dénonce, sans aucune nuance, de façon presque manichéenne, ces impérialistes, ces banquiers lâches et capitalistes qui sucent le sang des colons, par la voix de Myriam Fournier, au ton se balançant entre le publicitaire et le « bon enfant » ; des monologues cinglants et sans équivoque.

Si les échanges entre Macdonald (fou furieux et excellent Félix Beaulieu-Duchesneau) et Cartier (Mathieu Gosselin), juchés sur une estrade de type électorale du siècle dernier, sont les plus riches, d’autres tableaux viennent tout de même ajouter des couleurs particulières à l’ensemble, dont les chants poétiques de Myriam Fournier, à la voix d’or, et ceux, plus folklorique, mais fort comiques, de Miro Lacasse – avec un clin d’œil à la légende de la gigue du diable -, ou encore l’appel à la liberté de l’homme des bois, joyeusement interprété par Patrice Dubois.

Dominion est, certes, extrêmement divertissant, à la mise en scène parfois criarde, parfois pseudo-disneyenne, parfois encore « wild west » ; malheureusement, les pistes de réflexion sont rares, laissant plutôt la place à un récit qui revisite l’histoire à sa façon, rappelant vaguement Inglorious bastards de Tarantino, détournant ainsi l’Histoire à sa guise et n’octroyant que très peu d’espace à la subtilité et aux nuances qui auraient pu élever le spectacle à un niveau supérieur. Dominion amuse, libère même quelques frustrations lors de scènes cathartiques, mais ne laisse pas de traces indélébiles dans l’imaginaire des spectateurs.

11-09-2013