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Du 19 novembre au 7 décembre 2013, 20h, 22 et 28 novembre à 19 h
Viande à chienViande à chien
Auteurs Alexis Martin, Frédéric Dubois, Jonathan Gagnon
Librement inspiré du roman de Claude Henri-Grignon, Un homme et son péché
Idée originale Alexis Martin, Pascal Robitaille, Daniel Brière et Frédéric Dubois
Mise en scène Frédéric Dubois
Avec Guillaume Baillargeon, Louise Cardinal, Sébastien Dodge, Jonathan Gagnon, Noémie O'Farrell

Claude-Henri Grignon, père de Séraphin Poudrier, se questionnait déjà en 1933… Y a-t-il une vie après le capitalisme ? Comment y survivre ? Est-ce un système acquis ou inné ? L’homme vient-il avec son péché ? Viande à chien, du Nouveau Théâtre Expérimental et du Théâtre des Fonds de Tiroirs, réactualise le mythe de l’avare aux prises avec cette « maudite soif de l’or » !

Avarice — Cupidité — Asservissement — Égoïsme — Consommation


Section vidéo


Scénographie et costumes Romain Fabre
Conception sonore Pascal Robitaille
Direction technique François Leclerc
Direction de production Judith Saint-Pierre
Éclairages Renau Pettigrew

Billet régulier 32$
Billet 30 ans et moins 25$
Billet du Studio Espace Libre 24$
Forfait PréVoir 24$

ENTRETIEN THÉMATIQUE
Vendredi 22 novembre, après la représentation de 19h

Si vous ne connaissez pas Simon Tremblay-Pepin, c’est le moment de le découvrir! Ce chercheur l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) est un brillant vulgarisateur des questions d’économie, de démocratie, des communications, de la philosophie politique critique… En entretien avec Paul Lefebvre du CEAD, il réfléchira une question hautement pertinente dans notre monde: A-t-on le vocabulaire nécessaire pour réfléchir une société postcapitaliste?

JEUDI-DISCUSSION
Jeudi 28 novembre, après la représentation de 19h

La pièce sera aussi présentée au Périscope (Québec) du 14 janvier au 1er février 2014

Production Théâtre des Fonds de Tiroirs (Québec) et Nouveau Théâtre Expérimental (Montréal)


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : Gilbert Duclos

Il suffit d’évoquer le nom de Séraphin Poudrier pour que l’imaginaire collectif fasse ressurgir d’une autre époque la silhouette voûtée de cet avare grognon marié à la belle Donalda, dans la série Les belles histoires des pays d’en haut, adaptée du roman de Claude-Henri Grignon. S’attaquer à la figure culturelle de ce personnage, quasiment élevé au rang de monument historique, pour en faire une relecture moderne représente donc un défi de taille.

Le nouveau projet du NTE et du Théâtre des fonds de tiroir était en effet ambitieux, et la proposition que ces compagnies livrent à Espace libre jusqu’au 7 décembre l’est tout autant. Malheureusement, l’ambition ne fait pas tout et cette production pèche par excès de grandeur. Foisonnante de pistes de réflexion et de moments poétiques, Viande à chien se perd dans l’accumulation de bons et de moins bons flashs. Les idées qu’elle soulève sont porteuses, mais insuffisamment développées pour soutenir l’attaque en règle que mènent les auteurs, Frédéric Dubois, Jonathan Gagnon et Alexis Martin, contre le capitalisme, cette « maudite soif de l’or » qui taraude l’homme.

Selon le personnage de Séraphin, tout s’achète et se vend, même le temps. L’argent est un dieu exigeant auquel il faut tout sacrifier, mais qui enseigne de belles valeurs comme le respect, le sang froid, l’humilité et la maîtrise. Le Séraphin moderne de Viande à chien est apparemment sans peur et sans faille. Il contrôle son environnement, tout aussi beige que lui, depuis la température de la maison jusqu’au moindre détail de la vie de sa femme. Mais ce contrôle lui échappe peu à peu : la température monte, l’esprit de sa femme lui échappe, son argent le fuit... Sébastien Dodge incarne un Séraphin magnétique et saisissant, utilisant bien les effets de son micro pour moduler une voix grave et presque atone. Le reste de la distribution s’avère inégale, la Donalda de Noémie O’Farrell est par moments touchante, mais à d’autres moments son discours est si exalté qu’on ne sait plus à quoi se raccrocher. À ses côtés, le cousin de Séraphin, Alexis (efficace Guillaume Baillargeon), se transforme en photographe voyageur et bohème dont les élans amoureux pour Donalda ne sont jamais payés de retour.

Librement adaptée de l’œuvre de Grignon, Viande à chien est une pièce intelligente et astucieuse, qui glisse même quelques clins d’œil discrets à l’œuvre originale. Reste que le texte lui-même souffre d’un manque de direction, un problème que la mise en scène chargée de Frédéric Dubois accentue en multipliant les images. Tempête solaire aux conséquences magnétiques désastreuses, ferme Fisher-Price aux allures de monstre mécanique avaleur d’âmes trop fragiles, fièvre mystique et festin de homards, hallucinations, expériences humaines et drame économique... Sur scène, la chimie n’opère pas entre ces différentes idées,  et l’attention du public s’éparpille dès la première moitié du spectacle.

Des séquences vidéo, sorte de faux reportages donnant la parole à des spécialistes (incarnés par Violette Chauveau, Alexis Martin et Jacques L’Heureux, entre autres), entrecoupent certaines scènes, tout en n’apportant pas grand-chose au propos. Plombée par un manque de cohésion et par de nombreux changements de tableau — chaque fois marqués par de longs temps morts où la salle est plongée dans le noir —, Viande à chien peine malheureusement à trouver sa parole.

22-11-2013