On dit que la poésie n’est plus à la mode? Le NTE, avec la complicité de Christian Vézina, vous prouve le contraire...Collection printemps-été, là où les mots des poétesses d’ici et d’ailleurs se déploient dans l’espace scénique sous des allures de défilé de mode. Si un poème peut contenir le monde en quelques phrases, peut-on changer le monde en quelques poèmes?
Musicienne à la gimbarde Marie Sophie Picard
Scénographie Jean Bard
Conception sonore Michel F. Côté
Lumières Francis Hamel
Costumes Judy Jonker
10 avril
Vendredi-entretien
Entretien thématique - Le pain et le vin
9 avril
Jeudi-discussion
Discussion avec les artistes - Le pain et le vin
Billet régulier 32$
Billet (30 ans et moins) 25$
Billet du Studio Espace Libre 24$
Forfait PréVoir 24$
Une production Nouveau Théâtre Expérimental
Section vidéo
par Sara Thibault
Pour l’amour des mots
Depuis bientôt vingt ans, Christian Vézina s’applique à démocratiser la poésie en la présentant sur scène. Après s’être attaqué à Miron, Prévert, Godin, Michaux et Ferron, il plonge maintenant dans les univers poétiques de Joyce Mansour, Hélène Monette, Suzanne Jacob, Marie Étienne, Ananda Devi et Brigitte Fontaine le temps du spectacle Collection printemps-été.
Reprenant l’esthétique du défilé de mode, les actrices Salomé Corbo, Elkahna Talbi et Danielle Proulx paradent sur scène pour montrer la « collection » de poèmes de chacune des écrivaines. Les costumes conçus par Judy Jonker sont originaux, à l’image de l’éclectisme des textes. Soulignons l’ingéniosité des habits de ménage réversibles, qui se transforment en tenues de fête au cours du poème Églantines de Brigitte Fontaine, ou encore la magnifique robe de mariée qui sert de décor à la dernière scène de la pièce.
Les trois comédiennes démontrent une parfaite compréhension des textes qu’ils récitent sur scène et une virtuosité technique impressionnante. Elles possèdent des énergies complémentaires qui répondent bien à l’éclectisme des esthétiques poétiques convoquées. Mention spéciale à Elkahna Talbi, que l’on connaît surtout pour ses talents de slameuse (Queen KA), qui montre la versatilité dont elle est capable. Elle se démarque particulièrement dans son interprétation du poème Les écrits de l’eau, de Suzanne Jacob.
La présence étrange de Marie-Sophie Picard, à la fois accessoiriste, figurante et présentatrice de collections, se justifie à la fin du spectacle, alors qu’elle s’installe seule à l’avant de la scène pour jouer un solo de guimbarde envoûtant. C’est d’ailleurs sa musique qui accompagne le dernier poème, Mina, d’Ananda Devi.
Les poésies québécoise, française, égyptienne et mauricienne se juxtaposent et abordent des thèmes très actuels et universels : l’amour, la filiation, la sexualité, la domesticité, le corps, la vision de l'autre, le rythme effréné de la vie quotidienne, la rupture amoureuse, la maternité, les hommes. Le spectateur n’a d’autre choix que de se reconnaître dans les histoires racontées.
En choisissant des poèmes assez narratifs et en les incarnant avec des personnages colorés, Christian Vézina permet au public d’apprivoiser la poésie en lui donnant des clés pour l’appréhender. Collection printemps-été consiste en un éloge de la beauté de la langue française, qui donne envie de renouer avec un genre encore trop mal aimé.