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Du 3 au 20 mars 2016, jeudi à 10h, vendredi à 12h et les samedi et dimanche à 11h
Animaux
Bêtes ou pas bêtes du tout : entrevue avec Hubert Proulx pour la pièce Animaux
Texte et mise en scène Daniel Brière et Alexis Martin
Avec Sophie Cadieux, Hubert Proulx et des animaux

Fascination, crainte, affection, dégoût, protection, exhibition, anthropomorphisme… Depuis des siècles, voire des millénaires, notre relation à l’animal est toute pétrie d’ambiguïté. Mais un véritable dialogue est-il possible entre l’humain et l’animal ? Comment rendre compte de la nature exceptionnelle et banale de cette histoire commune sur un plateau de théâtre ? Peut-on, par exemple, mettre en scène un chien, un chat, un cochon ? Peut-on diriger un furet ?

Le NTE, toujours en quête de nouveaux défis, fait le pari qu’il est possible d’orchestrer l’aléatoire et l’indomptable en plaçant des animaux en situation de représentation. À l’heure du brunch – moment de la journée où la lumière est à son zénith et la faune, pleinement éveillée –, les spectateurs sont conviés à venir rencontrer plusieurs espèces animales, dont deux authentiques spécimens humains fichés U.D.A. Qui sait quelle poésie et quelle révélation peuvent surgir d’un geste, d’un contact, d’un silence, d’une parole ou d’un mugissement! Cette ménagerie théâtralisée donnera aussi l’occasion de vérifier si l’animal, libéré de la conscience de soi paralysante, ne constitue pas l’acteur idéal…

Le spectacle Animaux pose la question suivante  : «  Qu’est-ce qui fait de moi un être humain ?  » Question fondamentale s’il en est une, portée à un niveau inouï d’acuité par les grandes catastrophes du siècle dernier et réanimée douloureusement par les génocides et ethnocides en cours.


Section vidéo


Scénographie Jean Bard
Éclairages Lucie Bazzo
Musique et conception sonore Michel F. Côté
Vidéo Pierre Laniel

Tarif PréVoir*: 24$ le billet

*Achat avant le jour de la première, valable seulement pour les représentations du 3, 5 et 6 mars 2016.

Une production Nouveau Théâtre Expérimental


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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Critique

Crédit photo : Marlène Gélineau-Payette

À peine la porte entrouverte de l’Espace Libre, l’odeur de ferme se faufile. On se rend compte que l’odeur du foin a quelque chose de nostalgique et de puissant. Une fois dans la salle, on peut observer le sol, entièrement couvert de bran de scie, les panneaux de bois pressé qui servent de fond et les quelques bottes de foin. Côté cour, un enclos de poules est installé. Côté jardin, une grande table sur laquelle sont posés un aquarium empli de poissons et un vivarium contenant une colonie de grillons. Au fond, une table et des chaises sont les seuls éléments de décor. À nos pieds, les poules font les yeux doux dans l’espoir de recevoir quelques miettes de croustilles au maïs. Un chat gris rôde, et un chien n’a d’yeux que pour Sophie Cadieux et Hubert Proulx qui parcourent le sol à la recherche de déjections à nettoyer. 

Les panneaux de bois s’illuminent sous différentes projections tout au long de la pièce. On peut entendre les voix d’Anne Dorval et de Pierre Lebeau dans une narration rappelant le documentaire. Animaux est divisée en différents chapitres : l’espace, le temps, ou encore l’ennui, ce qui  permet de donner un certain rythme à la pièce ainsi qu’un fil conducteur, mais l’œuvre reste tout de même décousue.  Le rapport entre l’homme et l’animal demeure le sujet principal de la pièce, mais les scènes qui la constituent font difficilement un tout cohérent, ressemblant plutôt à un recueil de poésie qui saute d’une idée à l’autre pour se terminer sens réelle conclusion, semant ici et là quelques réflexions.

L’utilisation d’une caméra durant la pièce donne une perspective intéressante et particulièrement esthétique, par exemple lorsque Sophie Cadieux est filmée au travers de l’aquarium ou Hubert Proulx au travers du vivarium. Les deux comédiens offrent une performance particulièrement digne d'intérêt, surtout lors des scènes qui requièrent une interaction avec les animaux : ils y sont alors vrais et réalistes. Ils interagiront tout au long de la pièce avec leurs « collègues », parfois menant la danse, en tirant la vache et le mini-poney à l’aide d’une bride pour les amener sur scène, tantôt en les subissant, comme lorsque le chat a espéré lui aussi faire partie du dialogue, miaulant entre chaque réplique des comédiens.

Les animaux ne sont pas utilisés contre leur gré. Ils agissent plutôt comme point de référence ultime dans l’espace : ici, on est dans un pâturage, avec une (vraie) chèvre, là sur une ferme, avec les poules et la vache, ou encore au terminus, avec un chat errant. Leur présence apporte un élément d’hyperréalisme, mais aussi de surprise, car personne ne peut prévoir comment ils réagiront : un défi de taille, jour après jour, pour les deux comédiens.


Crédit photo : Marlène Gélineau-Payette

Une seule scène s’interroge sur la consommation d’animaux pour s’alimenter. Au tour d’une table mise pour un repas, Hubert et Sophie sont assis. Sur le sol, un cochon miniature mange des petits pois et des carottes coupées en dés. Une scène d’abattoir est projetée sur les panneaux de bois devant le cochonnet qui mange sans se soucier de quoi que ce soit. Le personnage de Sophie, lui, mange le visage directement dans l’assiette, devant une tête humaine reposant un plat au centre de la table. De ce fait, la pièce s’attarde au rapport « presque cannibale » des humains avec la nourriture.

Dans l’ensemble, les textes restent très lyriques et il faut porter toute sa concentration à la narration pour en saisir les subtilités. Malheureusement, porter attention au jeu des comédiens, aux animaux, à la projection ainsi qu’à la narration s'avère ardu. Beaucoup de gens du public avaient peine à absorber autre chose que la présence des animaux qui captait leur entière attention. 

On sent un désir de réflexion philosophique sur le rapport de l’homme avec les animaux, ce qui est tout à l’honneur du Nouveau Théâtre Expérimental, mais le réel désir de protection, ou même d’interrogation sur la façon dont ils sont traités, semble absent. Peut-être aurait-il gagné à être plus choquant, ancré dans le réel plutôt que le philosophique. Le public ne semble d’ailleurs pas avoir vécu d’illumination, ni se poser de questions sur ce qui pourrait contrarier les animaux, puisqu’il applaudit à pleine puissance sous le regard apeuré de la vache qui n’a peut-être qu’une envie, quitter la scène.

07-03-2016