Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 13 au 24 octobre 2015 - Espace Libre
Du 13 au 28 février 2016 - en tournée (voir encadré)
BibishBibish de Kinshasa
Texte Marie-Louise Bibish Mumbu
Mise en scène Philippe Ducros
Avec Marie-Louise Bibish Mumbu, Philippe Ducros, Gisèle Kayembe

Une journaliste quitte son pays natal, le lieu de ses amours et de ses deuils, en quête d’un avenir meilleur. En plein Airbus, le vertige la surprend. A-t-elle bien fait  ? Elle plonge alors dans ses souvenirs et se remémore ce qu’elle quitte. Au fur et à mesure que se déroule cette soirée festive où se côtoient les odeurs, les vapeurs et la cacophonie du Congo, la nouvelle immigrante nous guide à travers les rues et les différents quartiers de cette mégapole qu’est Kinshasa, la quatrième ville la plus peuplée d’Afrique. Peu à peu, on y rencontre la faune de cette capitale si puissante, ses jeunes en pleine guerre vestimentaire, ses enfants des rues et ses enfants-soldats, ses chauffeurs de Kombi où s’entasse la population en quête de la pitance de la journée.

À mi-chemin entre une bouffe entre amis et une discussion géopolitique, cette visite guidée des souvenirs de l’héroïne sera entrecoupée d’échanges décontractés entre l’auteure, Bibish, et le metteur en scène, Philippe Ducros. Avec acuité et humour, ils évoqueront les frictions culturelles politiques et philosophiques qui tissent les relations entre l’Occident en général, le Canada en particulier, et un pays comme la République démocratique du Congo.

Bibish de Kinshasa est l’adaptation pour la scène du roman Samantha à Kinshasa, de Marie-Louise Bibish Mumbu. Sachez que ce spectacle est issu d'une lecture publique présentée en 2014 par le Centre des auteurs dramatiques (CEAD) dans le cadre du festival Dramaturgies en dialogue.


Adjointe à l'éclairage, à la scénographie et aux costumes Zazie Brosse
Assistance à la mise en scène et à la régie Manon Claveau
Lumières Thomas Godefroid
Direction technique et de production Caroline Turcot
Scénographie Julie Vallée-Léger

EN TOURNÉE

13 février 2016, 14 h 00
Maison de la culture Mercier
8105, rue Hochelaga
514 872-8755

17 février 2016, 19 h 30
Maison de la culture Maisonneuve
4200, rue Ontario Est
514 872-2200

19 février 2016, 20 h 00
Centre culturel et communautaire Henri-Lemieux
7644, rue Édouard
514-367-5000

24 février 2016, 20 h 00
Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal
465, avenue du Mont-Royal Est
514-872-2266

26 février 2016, 20 h 00
Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville
10 300, rue Lajeunesse
514-872-8749

27 février 2016, 16 h 00
Entrée Libre
Maison de la culture de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension - Salle de diffusion de Parc-Extension
421, rue Saint-Roch

28 février , 14 h 00
Maison de la culture Marie-Uguay
6052 Boulevard Monk
514 872-2044

Une production Hôtel-Motel


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

Facebook Twitter
 
______________________________________
            
Critique

L'Afrique sur la scène


Crédit photo : David Ospina

On attendait avec curiosité Bibish de Kinshasa, qui présente le parcours de son auteure, Marie-Louise Bibish Mumbu, journaliste quittant son Kinshasa natal (Congo) pour refaire sa vie à Montréal. La pièce nous fait davantage découvrir son pays d’origine que son parcours, pour notre plus grand plaisir et pour un apprentissage hors du commun au théâtre.

À mi-chemin entre le théâtre, la conférence et la dégustation culinaire, Bibish, en plus de nous emmener en voyage au Congo, propose un objet scénique indéfinissable, mais ô combien original et savoureux, dans tous les sens du terme.

Présenté sous forme de cabaret, avec un bar installé sur la scène accessible au public pour y prendre diverses consommations pendant la pièce, Bibish se veut dès le départ convivial et immersif. La comédienne Gisèle Kayembe brise la glace en interprétant des passages du livre qui a inspiré la pièce, Samantha à Kinshasa. Elle est dans l'avion, elle laisse sa vie congolaise derrière elle pour l'Europe. On ne comprend pas tout de suite toutes les références culturelles qu'elle fait, propre au pays africain.

C'est là qu'opèrent le génie et l'originalité de la mise en scène de Philippe Ducros. Ce dernier, installé en retrait devant une cuisine improvisée, intervient tout au long des extraits théâtraux en discutant avec l'auteure, Marie-Louise Bibish Mumbu, elle aussi sur scène aux côtés de Ducros. On en apprend ainsi énormément sur le contexte socioculturel et politique du pays, ce qui aide à la compréhension de la pièce, et aussi à notre culture générale, nous qui sommes plutôt ignorants de l'Afrique, du moins en général. Tout en discutant, et tout au long de la pièce, Bibish et Ducros cuisinent un plat congolais à base de poisson salé et de manioc, qui sera offert en dégustation au public à la fin de la pièce. Comment ne pas être totalement charmés?

Gisèle Kayembe, campée dans un décor très minimaliste, habite totalement la scène quand vient son tour. Elle possède un charisme qui prend toute la place et explique, en dramatisant un Congo où moeurs, anecdotes et problèmes se côtoient. Elle est d'un naturel impressionnant, autant pour raconter l'histoire de celle qu'elle interprète que pour interpréter les différents personnages qui habitent les petites chroniques qu'elle joue.


Crédit photo : David Ospina

Philippe Ducros mène d'une main de maître les échanges ; on croirait presque à de l'improvisation. Le quatrième mur s'effondre : nous avons l'impression d'être en train de discuter avec eux dans leur salon. D’ailleurs, à un moment, grâce à une ampoule rouge qui clignote ponctuellement, installée sur la table de cuisine d'occasion, Bibish quitte la scène, car c'est le temps de nourrir son nouveau-né, en coulisses - comment ne pas fondre?. Ducros se dirige alors vers le bar pour entamer un segment de discussion avec le barman, un certain Papy Maurice Mbwiti. On apprend qu'il est un auteur et un metteur en scène très important sur la scène francophone, qu'il est au pays depuis à peine un an, que sa famille est restée à Kinshasa, où il dirige encore par Skype la troupe qu'il a montée et qu’il s'intéresse à de nombreux enjeux sociaux et politiques... Bref, tout un parcours.

Seul bémol : on aurait aimé en savoir plus sur l’auteure, l’ayant presque à notre portée, sur scène. En connaître davantage sur son parcours personnel. Son personnage parle de son départ du Congo, de son arrivée à Paris, mais rien sur ce qui l'a emmenée ici, bien que l'on comprenne qu'elle a d’abord suivi un homme. Avoir des détails sur sa vie maintenant, sur son parcours de journaliste (pourtant publicisé dans l'annonce de la pièce). Elle prend tout de même, en fin de spectacle, le micro pour nous déclamer, de façon très poétique et touchante, son amour de la neige, ses difficultés vécues à son arrivée ici, mais on voudrait tant en savoir davantage sur son présent.

On sort de Bibish ravi et enchanté, éduqués, même rassasiés (au sens propre du terme), avec une envie folle de voyager. Nous sommes charmés par l'esprit qu'on imagine africain, parfaitement transposé sur la scène d'Espace Libre grâce à ce mélange atypique, mais extrêmement rafraîchissant, de la forme et du contenu. On ne peut que souligner le fait, rarissime, d'entendre et de voir des personnes d'une autre culture et des minorités visibles sur une scène québécoise, ce qu'on apprécie et applaudit. À quand plus d'échanges interculturels sur nos scènes? Bibish ; à voir, pour changer, pour s'ouvrir, pour se cultiver, pour découvrir, rire, goûter et réfléchir.

18-10-2015