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Du 27 janvier au 11 février 2017
Ai-je du sang de dictateur?
Texte, mise en scène et interprétation Didier Lucien

Un animateur réalise un documentaire sur son pays natal. Affecté par son ignorance, il est envahi par un sentiment d’incomplétude. Un concours de circonstances fortuites le conduit pour la première fois en Haïti où il entreprend de retracer son histoire et comprendre ce qui le relie à son pays d’origine. Sur place, il est confronté aux affres de deux puissants séismes : celui qui vient tout juste de secouer le pays et le sien.

D’où vient Didier Lucien ? Pour y répondre, il vous raconte l’histoire de la première république indépendante noire ; il personnifie le président à vie, François Duvalier, il chante, danse et se dédouble grâce à la vidéo. Sans pudeur, il vous propose une incursion dans le merveilleux  monde de la dictature.


Section vidéo


Conception Stéphane Miljevic, Guillaume Chouinard, Alain Lucien, Zébulon Perron, Jasmine Wannaz, Jacinthe Perault

Salle principale
Billet régulier 33$
Billet 25 ans et moins | Étudiant 26$

Studio
Billet du Studio Espace Libre 26$
Billet 25 ans et moins | Étudiant du Studio Espace Libre 22$

Forfait PréVente* 25$

*Soyez les premiers! Achetez vos billets avant le jour de la première et profitez du tarif PréVente valable pour les premières représentations. Quantité limitée.

Étudiants en théâtre 19$

Une production Didier Lucien avec la participation du Nouveau Théâtre Expérimental


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191 - billets.espacelibre.qc.ca

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Critique

L’éternelle quête identitaire

Depuis quelques années au théâtre québécois, notamment grâce à des cycles d’œuvres telles que Un, Deux, Trois et Huit de Mani Soleymanlou, la quête de l’identité pour les comédiens venus d’ailleurs, mais au Québec depuis des lustres, est au cœur de plusieurs pièces. Ai-je du sang de dictateur, de Didier Lucien, ne fait pas exception à ce thème largement exploité. Ce dernier est néanmoins amené de façon originale grâce à l'humour et au charisme du comédien. 




Crédit photo : Jacinthe Perrault

Être toujours perçu comme un étranger par son pays d’adoption, mais l’être aussi dans son pays de naissance : une réalité que bien des personnes des minorités visibles vivent, dont Didier Lucien. Arrivé au Québec d’Haïti il y a 49 ans, à l’âge d’un an, le comédien se pose des questions sur son pays d’origine, à travers un documentaire qu’il anime pour une chaîne télévisée. Certaines interprétations de l’histoire le dérangent, ce qui crée des tensions avec le réalisateur invisible à qui il s’adresse.

Peu à peu, l’animateur se substitue entièrement aux personnages qui ont marqué le parcours de la perle des Antilles, et notamment celui de Duvalier, dont on connaît la violence avec laquelle il a exercé le pouvoir en Haïti pendant presque 15 ans. À travers des multiplications de sa personne sur un écran vidéo et sur la scène, Lucien expose toute la misogynie et la folie de Duvalier, le tout basé sur des déclarations et des faits historiques réels, nous plongeant même dans l’ambiance d’une cellule de prison et à la merci d’un bourreau. Une expérience immersive qui glace le sang. Le segment sur Duvalier est néanmoins plutôt long, malgré l’importance du personnage dans l’histoire du pays et la référence au titre de la pièce.

Lucien a également tenu à intégrer les moments marquants de l’histoire d’Haïti, dont l’un des plus récents : le tremblement de terre de 2010. Ce dernier est toutefois très figuré, et arrive en fin de spectacle, plaçant Lucien lui-même au cœur du drame, pendant qu’il cherche sa famille originelle.

Bien qu’il s’agisse d’un parcours initiatique pour Lucien qui, de toute évidence, cherche à retracer ses racines, beaucoup de références directes à la culture haïtienne font partie de son spectacle, sans qu’elles ne soient nécessairement expliquées en long et en large aux spectateurs. Et c’est très bien ainsi. Notamment, Lucien chante (voix impressionnante) pendant un long moment un pot-pourri de plusieurs chansons qu’on imagine être des succès de grandes chanteuses haïtiennes, mais que le non-initié ne connaît pas. Un certain aspect mystique entoure également le spectacle, un aspect que l’on devine également important dans la culture haïtienne.

Ai-je du sang de dictateur présente une mise en scène sobre, principalement basée sur les projections, somme toute très bien faites, surtout en ce qui a trait à l’aspect documentaire du début du spectacle. Lucien occupe entièrement l’espace et nous amène facilement avec lui dans son aventure mi-réelle, mi-fiction et temporelle. Le fil narratif étant parfois un peu difficile à suivre, il s’agit tout de même d’un tour de force pour Lucien, seul en scène, qui multiplie les personnages, et qui use à la fois de ses talents d’humoriste, de chanteur, d’auteur, de comédien et d’improvisateur. Un objet intéressant pour en apprendre plus sur Didier Lucien et surtout, sur Haïti.

05-02-2017