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Du 4 au 29 avril 2017 - supplémentaire 22 avril 20h
Extramoyen - splendeur et misère de la classe moyenne
Texte Alexis Martin et Pierre Lefebvre
Mise en scène Daniel Brière
Avec Marie-Thérèse Fortin, Jacques L’Heureux, Christophe Payeur, Mounia Zahzam et Alexis Martin

Tout au long de sa campagne électorale, Justin Trudeau proclamait qu’il avait un plan pour la classe moyenne. Mais sait-on, au juste, ce qu’est la classe moyenne aujourd’hui? Est-elle, comme plusieurs l’affirment, une espèce en voie d’extinction? Un concept moribond? Et s’il s’avère encore possible de circonscrire cette classe sociale chez nous, au Québec, que nous dit-elle en tant que société, qu’elle soit distincte ou non? Quelles sont les particularités de ce groupe servant de zone tampon entre les nantis et les démunis?

Submergés que nous sommes par le crédit et la dette, essoufflés par la logique de production-consommation et cette exhortation à la performance qui s’insinue dans nos vies publiques et privées, pouvons-nous encore trouver refuge dans un espace-temps permettant de réfléchir au(x) sens de nos existences, à la communauté de nos destins ? Ce sont tous ces enjeux – et bien d’autres encore – que la pièce EXTRAMOYEN, splendeur et misère de la classe moyenne abordera avec vigueur, ludisme et entrain! Par le biais d’une enquête, aussi divertissante qu’instructive, les artisans du NTE vous convient à la rencontre d’une famille « ordinaire » censée appartenir à la classe moyenne. Autour de ce noyau, gravitera une étonnante galerie de personnages de petite, moyenne et grande envergure; tous porteurs de révélations singulières, le plus souvent éclairantes.

Cette nouvelle création est l’occasion, pour le NTE, de renouer avec un collaborateur de longue date, Pierre Lefebvre, dramaturge et rédacteur en chef de la revue Liberté, qui signe le texte de la pièce, conjointement avec Alexis Martin.


Section vidéo


Scénographie : David Gaucher
Éclairages : Anne-Marie Rodrigue Lecours
Costumes : Elen Ewing
Musique et conception sonore : Alexander MacSween
Vidéo: Pierre Laniel
Accessoires: Angela Rassenti
Régie : Colette Drouin

Salle principale
Billet régulier 33$
Billet 25 ans et moins | Étudiant 26$

Studio
Billet du Studio Espace Libre 26$
Billet 25 ans et moins | Étudiant du Studio Espace Libre 22$

Forfait PréVente* 25$

*Soyez les premiers! Achetez vos billets avant le jour de la première et profitez du tarif PréVente valable pour les premières représentations. Quantité limitée.

Étudiants en théâtre 19$

Une production du Nouveau Théâtre Expérimental


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191 - billets.espacelibre.qc.ca

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Critique

Dans la bouche des sociologues, des économistes, des politiques, qui plus est en période électorale,  la « classe moyenne » est partout. Mais qui est-elle vraiment ? La compagnie du Nouveau Théâtre Expérimental tente de répondre à cette question dans une succession de tableaux souvent très drôles, qui traversent les époques et touchent toutes les générations.




Crédit photos : Marlène Gélineau-Payette

Dans l’espace chaleureux d’une cuisine, une famille bien sous tous rapports s’apprête à se mettre à table, sitôt le père rentré après une longue journée de travail. Les femmes portent serre-têtes et jupes corolles acidulées, les hommes sont coordonnés en chemise et pantalon moutarde. Mais en quelle année sommes-nous ? « Voyons, tu es plus diplômée que papa, mais tu restes à la maison pour t’occuper du ménage, de la cuisine, de la vaisselle et de l’éducation des enfants… Nous sommes donc en 1954 ! », lance la fille à sa mère, sous les éclats de rire du public. La précision n’est pas qu’un simple ressort comique. Tout au long d’Extramoyen, splendeur et misère de la classe moyenne vont s’enchaîner de courtes scènes s’étalant de l’aube des Trente glorieuses à la crise des subprimes. Et toutes ont pour point commun de participer à dresser le portrait de la « classe moyenne », cette catégorie de population bâtarde, ni riche, ni pauvre, dont les médias ne font souvent mention que pour évoquer la baisse du pouvoir d’achat.

À un rythme soutenu et dans un décor polymorphe – une structure métallique bardée de néons dessinant la silhouette d’une maison – les personnages défilent et les situations ne se ressemblent pas. Il y a le jeu télévisé dans lequel une hilarante spécialiste des produits du quotidien échoue à évaluer le prix d’un objet non identifié, et donc inestimable. La leçon un peu trop violente d’une mère, ancienne vendeuse, à sa fille toute novice sur le marché du travail, ou encore la création en direct d’un film retraçant le parcours d’une lampe de table, depuis l’extraction des minerais jusqu’aux rayons des grands magasins. La classe moyenne ne se limiterait-elle qu’à une course à la consommation ? Non, répondent les coauteurs de la pièce Alexis Martin (qui est aussi codirecteur du Nouveau Théâtre Expérimental) et Pierre Lefebvre, qui posent aussi la question de ses aspirations à travers un couple coincé entre ses désirs de propriété et la volonté d’offrir à ses enfants les « meilleures chances dans la vie ». Réussi aussi, l'apparition éclair du philosophe Alain Deneault, invité à s’exprimer sur l’impact de la télévision sur la vie des ménages. Les micros-trottoirs (vox-pop) de Québécois interrogés sur la classe moyenne, qui s’intercalent entre les tableaux, parviennent eux à humaniser le tout.

On rit beaucoup dans Extramoyen. Mais si les extraits de textes célèbres (parmi lesquels Les choses de Georges Perec, auquel on pense toute la pièce), lus par les comédiens et projetés sur un écran, apportent une vraie profondeur à l’ensemble, les saynètes les plus « intellos » font parfois retomber le rythme. D’autres, parties d’une idée brillante, comme celle où un premier ministre insensible reçoit « la classe moyenne » en entretien, finissent par décevoir, à cause d’une finale un peu trop cynique ou d’une écriture que l’on aurait aimé plus percutante. Reste que l’interprétation impeccable des cinq acteurs, en particulier celle de Marie-Thérèse Fortin, et la mise en scène de Daniel Brière, ne lésinant pas sur les moyens, garantissent un bon moment de divertissement qui pousse aussi à la réflexion.

07-04-2017