Afin de combattre la sensation d’absurdité révélée par leur obsolescence programmée, six jeunes femmes confrontées par le pacte d’amitié qu’elles doivent signer cette nuit-là, veulent se créer « autres » parce qu’elles aspirent à plus grand. Défiées par la soirée qui s’accélère, chacune devra trouver son point de départ, car plus rien de ce qu’elles sont ne sera pareil au levé du jour. Table rase est une œuvre baroque et festive qui place le public dans la position du voyeur.
Une lecture de Table rase a été présentée en 2014 dans le cadre de Zone Homa, puis la pièce fut présentée à l’automne 2015 à Espace Libre. Le spectacle met en lumière le projet d’une nouvelle génération d’actrices qui se sont associées à la metteure en scène Brigitte Poupart afin de créer une œuvre qui donnerait une voix à six femmes issues d’une génération lucide qui confronte les enjeux de son époque. Cette reprise s’imposait !
Section vidéo
Assistance à la mise en scène Sonia Montagne
Direction de production Ève Marchand
Une coproduction TransThéâtre et Collectif Chiennes
Dates antérieures (entre autres)
Du 18 novembre au 5 décembre 2015, Espace Libre
critique publiée en 2015
Faire table rase, c’est tout effacer pour repartir à zéro.
Dans la salle de l’Espace Libre, six amies de longue date se retrouvent. L’une d’entre elles est en phase terminale et veut avoir recours au suicide assisté. Ces six amies se réunissent pour une dernière soirée. Le lendemain, l’une d’entre elles ne sera plus, les cinq autres recommenceront leur vie à zéro.
Sujet lourd s’il en est un. Pourtant, pour la plus grande partie de la pièce, l’humour prend toute la place. Lors ce dernier souper de filles, on parle de tous les sujets, dont de nourriture, de sexe, d’amour, ainsi que de sujets plus profonds portés par la situation particulière : la vie, la mort, l’avenir, l’alcoolisme, l’anorexie, les relations malsaines que l’on maintient. Les dialogues sont délicieux et sont d’un naturel frappant, tantôt drôles à rire aux éclats, tantôt bouleversants à arracher des larmes.
La scénographie et la mise en scène (Brigitte Poupart) sont épurées. Une longue table en bois, six chaises, deux plafonniers, un divan et une tête de chevreuil au mur sont les seuls éléments de décor ; rien ne manque, c’est tout ce qu’il fallait pour faire croire aux spectateurs qu’ils sont dans un chalet chaleureux et accueillant. La mise en scène se laisse oublier tellement elle est naturelle ; le jeu des actrices y est pour beaucoup. C’est à se demander quel pourcentage de leur personnalité propre est incorporé à la fiction.
À la sortie d’Espace Libre, on se sent submergé par la panoplie d’émotions vécues lors de la présentation. Mais le lendemain, lorsque les sentiments se sont calmés, on est laissé à nous-mêmes avec le message ô combien poignant de la pièce : si nous devions mourir demain, si la vie s’arrêtait, pourrions-nous dire que nous sommes satisfaits de l’existence que nous avons menée ? S’il était possible de tout recommencer, de repartir à zéro, que ferions-nous différemment ?